Par Brandon Smith – Le 4 mai 2017 – Source alt-market.com
En décembre 2016, j’ai écrit un article intitulé Trump est exactement là où les élites le veulent, ce qui a été très difficile à entendre pour une grande partie du mouvement de la liberté. Dans cet article, j’ai décrit l’avenir de la présidence Trump; un avenir dominé par les initiés de Washington, les internationalistes de Goldman Sachs et les bellicistes néoconservateurs. Trump, au début même de son administration, a brisé l’une de ses plus importantes promesses de campagne, celle de « drainer le marais ». Au lieu de cela, il a rempli son cabinet avec toutes ces mêmes créatures du marais qu’il avait attaquées à l’origine; ces mêmes créatures qu’Hillary Clinton servait, de notoriété publique.
J’ai également prévenu dans de nombreux articles qu’en raison de cette promesse initiale brisée, les conservateurs ne devraient pas s’attendre à ce que Trump remplisse un seul objectif de ses plans originaux. Dans le MEILLEUR SCÉNARIO, Trump est entouré d’ennemis qui dictent la politique, dans chaque coin et couloir de la Maison Blanche.
Cet article, bien sûr, a déclenché un peu de colère, de la part du noyau dur des supporters de Trump. Et, bien sûr, jusqu’à présent, le temps a prouvé que j’avais encore raison.
Le seul argument pour la défense de Trump, à ce stade, est qu’on est encore très tôt dans cette première année et qu’aucun président ne devrait s’attendre à accomplir beaucoup en quelques mois seulement. D’accord, je vais accepter cette gageure, mais soyons réalistes ici et regardons les circonstances actuelles.
Comme j’écris cet article, le Congrès est sur le point de forger un projet de loi sur les dépenses, qui supprime globalement TOUS les fonds pour les projets originaux de Trump, y compris le mur de la frontière sud. Maintenant, le projet de loi ne prévoit des fonds pour le gouvernement que jusqu’à la fin septembre, mais nous avons assisté à une très faible résistance de l’administration Trump jusqu’à présent. Est-ce que nous allons voir les Républicains faire rouler la dette à nouveau, pour éviter un arrêt du gouvernement? Je dirais oui, pour l’instant.
C’est un domaine où Trump pourrait allumer une tempête de feu. En forçant un arrêt du gouvernement, un véritable combat pour des projets nationaux conservateurs et des réductions de dépenses pourrait avoir lieu. Pourtant, nous luttons toujours avec la monstruosité de l’Obamacare. Nous devons encore attendre pour voir un plan destiné à retirer les fonds du « Planning familial ». Le mur à la frontière semble être un rêve qui s’éloigne et les dépenses militaires devraient augmenter de 54 milliards de dollars. À ce moment-là, les partisans de Trump se demandent où leur négociateur pit-bull pour limiter le gouvernement a disparu.
Alors que Trump a récemment indiqué qu’un arrêt en septembre pourrait être une bonne chose pour les États-Unis, je n’achète pas.
Sur le front étranger, Trump a renoncé à ses menaces contre l’ALENA. Dans une interview accordée à The Wall Street Journal, Trump a expliqué sa décision en disant qu’il était « nationaliste et globaliste ».
Trump a également refusé d’étiqueter la Chine comme un manipulateur de devises, ce qui était une ligne qu’au début, beaucoup pensaient qu’il poursuivrait. Cette décision, à mon avis, est susceptible de préparer une frappe sur la Corée du Nord; une guerre que personne ne demande et que l’Amérique ne peut pas se permettre, en ces temps financiers incertains. Le mouvement de la Chine pour reculer de sa position protectrice avec la Corée du Nord soutient mon vieil argument que les nations orientales sont totalement liées à la géopolitique globaliste, ce qui signifie qu’elles font ce qu’on leur dit. Si la Chine reste l’arme au pied, un conflit avec la Corée du Nord est presque une certitude.
Ce type de bruits de sabre serait contraire à la position de Trump sur l’Irak pendant sa campagne, qui était, pour résumer ses nombreuses remarques, un bourbier, le désordre d’une guerre qui avait peu de sens et n’amènerait rien à l’Amérique. Si l’Irak était un gâchis, alors que devrait être la Corée du Nord, avec ses soldats bien mieux armés et idéologiquement plus forts? Une guerre en Corée du Nord prendrait deux fois plus de temps et de capitaux pour être menée à bien, mais c’est peut-être l’idée…
Donc, la question est de savoir pourquoi Trump a changé si complètement et si rapidement de positions politiques, depuis novembre l’année dernière. Je crois qu’il y a au moins deux raisons identifiables.
Tout d’abord, il est important de noter que Trump a été placé au pouvoir pour servir de bouc émissaire pour les catastrophes qui suivront inévitablement, au nom de tous les conservateurs soutenant les principes de souveraineté et de limitation du gouvernement. Ce sont ces prémices qui m’ont permis de prévoir avec succès la victoire électorale de Trump, et ce sont les mêmes qui me permettent de prédire avec succès le comportement de Trump et les changements de politique jusqu’à ce point. Trump est en fonction pour une raison : détruire l’idée de conservatisme jusqu’à la fin des temps.
Cela dit, le soutien de Trump par de nombreux conservateurs n’a pas été aussi aveugle et fidèle que les globalistes auraient pu l’espérer. Nous restons plutôt critiques et, heureusement, toujours vigilants. Nous ne sommes pas une foule de zombies qui peut être facilement exploitée par un leader intrépide sur un cheval blanc. Contrairement à l’armée de sycophantes d’Obama, de partisans libéraux, nous conservons toujours nos principes.
Cela ne nous empêchera pas nécessairement d’être travaillés par la propagande internationaliste dans les années à venir. J’ai entendu dire que le changement brusque de Trump nie l’idée qu’il soit un bouc émissaire conservateur, car « il n’agit pas comme un conservateur ». Ces personnes sont inconscientes de la psychologie humaine.
Le fait est que Trump a concouru sur une plate-forme nationaliste conservatrice et que sa rhétorique continue à alimenter son image nationaliste, même si ses actions ne le font pas. Les globalistes vont le dépeindre comme conservateur et la majorité des gens dans le monde vont continuer à accepter ce récit parce que la rhétorique est souvent plus puissante dans l’esprit des gens que les résultats tangibles. Les libéraux, en particulier, ne laisseront jamais tomber l’idée que Trump est un conservateur, parce qu’ils l’ont désespérément désiré pour que les principes conservateurs soient associés au « diable ». Toute erreur que Trump commet, mais si elle n’est pas conservatrice par nature, sera frappée dans son ensemble du sceau du conservatisme et du nationalisme. D’après ce que j’ai vu jusqu’ici, les seules personnes qui critiquent rationnellement Trump en tant que conservateur sont des conservateurs réels dotés d’un esprit de liberté.
Oui, nous méprisons les marxistes culturels, ces fous du Culte de la Justice sociale, et nous sommes profondément préoccupés par le glissement de la population partageant des idées libérales vers un communisme à pleine puissance. De plus, nous n’aimons pas l’extrémisme islamique et nous ne le tolérons pas à l’intérieur de nos frontières. Mais nous ne sommes pas trop enthousiasmés par l’idée d’être les marionnettes d’un faux gouvernement conservateur non plus.
C’est l’une des raisons pour lesquelles Trump a brusquement changé. Le système globaliste visant à coopter le mouvement de la liberté et les conservateurs constitutionnels a échoué. C’est un plan que j’ai anticipé, quelques mois avant les élections, dans mon article Clinton contre Trump et la cooptation du mouvement Liberté. À l’heure actuelle, il est inutile que Trump continue de jouer son rôle de fervent souverainiste. Nous n’avons pas été gagnés à sa cause d’une manière qui nous permet d’être facilement manipulés, ce qui signifie que nous pourrions ne pas soutenir certaines initiatives globalistes comme la loi martiale à la suite d’une crise, une carte nationale d’identité fédéralisée au nom du contrôle de l’immigration, des changements de régime en Syrie ou en Corée du Nord, etc. Nous pouvons même nous organiser pour nous opposer à de telles mesures.
Cela conduit à la prochaine raison pour laquelle je crois que Trump a si rapidement retourné ses positions : peut-être que lui et ses agents de gestion n’ont plus besoin de maintenir la façade de souveraineté conservatrice, parce qu’une crise totale est sur le point d’éclater. Une crise qui secouera tellement, que le public sera totalement distrait, tandis que les élites feront avancer leur agenda et en même temps, en accuseront les conservateurs.
Le mouvement contre la Corée du Nord peut faire partie de cet événement. En soi, l’intervention en Corée du Nord serait une guerre régionale très lourde, qui pourrait mettre les États-Unis en faillite (officiellement en faillite plutôt que techniquement en faillite). Le niveau de détermination pour augmenter les tensions avec la Corée du Nord est vraiment étonnant. Je n’ai pas vu une rhétorique si insensée, de la part de la Maison Blanche, depuis la guerre en Irak. Obama était un fou de la guerre, mais avec Trump et la Corée du Nord, il ne semble même pas y avoir beaucoup de tentatives pour expliquer pourquoi une guerre est soudainement nécessaire. Il semble que cela soit juste planifié pour exister.
Cependant, je continue de croire qu’une crise plus importante se développe, qui est de nature économique et mondiale. Avec de nombreuses bulles financières gonflées artificiellement, pendant au moins huit ans de stimulus de la banque centrale, la question n’est pas SI, mais QUAND le système entrera dans les étapes finales de son effondrement.
Le comportement de l’administration Trump pourrait n’être qu’un mauvais calendrier ou une mauvaise planification, de la part de l’establishment globaliste. Peut-être n’ont-ils tout simplement pas joué cette partie du jeu d’une manière experte. Mais je m’adresse à la prudence plutôt qu’à un espoir naïf et aux licornes.
L’augmentation des revirements par Trump ne doit pas être prise à la légère ou simplement comme une schizophrénie sans but, de la part de la Maison Blanche. Alors que l’administration Obama a aussi changé de nombreuses promesses de campagne, elle l’a fait subtilement, tout en maintenant ses mensonges d’une manière stratégique pour parvenir à accomplir deux mandats complets. Ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui. Le changement dramatique avec Trump, à mon avis, devrait être considéré comme un signal qu’un jeu beaucoup plus vaste est en cours, avec des enjeux beaucoup plus élevés. Cela devrait également être traité comme un signe que, si une crise est sur le point d’être conçue, alors cela se passera assez tôt, peut-être avant fin 2017.
Il y aura des arguments sur la question de savoir si le Trump à la Maison Blanche a été piraté ou s’il était déjà un élément contrôlé depuis le début. Je m’appuie davantage sur la seconde position. J’ai vu peu de résistance à l’establishment de la part de Trump, voire aucune, seulement de la rhétorique. Et, comme je l’ai dit tant de fois, la rhétorique n’a pas de sens, seules les actions sont importantes.
C’est extrêmement positif que le retournement de Trump ait été si rapide et si complet. Cela montre que les conservateurs et les champions de la liberté n’ont pas été inclus dans le soi-disant « alt-right » (un terme inventé conçu pour piéger et diaboliser tous les vrais conservateurs); et que les élites ont misérablement échoué dans leurs plans pour nous coopter. Cela dit, pour chaque succès, il y a des conséquences. C’est peut-être notre refus d’« acheter » l’élan Trump et notre scepticisme qui a amené l’établissement à ajuster son calendrier. Et, lorsque les élites n’obtiennent pas ce qu’elles veulent, elles ont tendance à se replier sur leur trousse de secours bien connue et si souvent testée, violences et catastrophes.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone
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