Par James Howard Kunstler – Le 22 novembre 2019 – Source kunstler.com
Enfin, il vous reste l’image d’Adam Schiff assis sur la grande chaise, les lèvres pincées et les yeux écarquillés, comme dans une certaine folie que l’on ne voyait jusque-là que dans Canis latrans au pays des dessins animés quand, disons, il a dépassé le bord de la falaise en tenant une enclume sur sa poitrine. À quoi pensait-il lorsqu’il a écrit ce dernier chapitre chimérique de la croisade ignominieuse visant à renverser les élections de 2016 ?
Qu’il ne se ferait jamais prendre ? Mercredi, il s’est suicidé en direct à la télévision nationale, disant au témoin, l’héroïque colonel Vindman, de ne pas dire quelle agence de renseignements (sur 23 !) a employé la seule personne encore inconnue à qui il a parlé de l’épique appel téléphonique en Ukraine – car cela révélerait le nom du « lanceur d’alerte ». Comment est-ce possible ? M. Schiff et le colonel Vindman prétendaient tous deux ne pas connaître l’identité du « lanceur d’alerte » ? Si c’est le cas, il serait logiquement impossible de le révéler en nommant simplement une agence avec ses milliers de petites abeilles ouvrières. Bien sûr, il est tombé dans le piège tendu par un membre de la minorité Républicaine, M. Ratcliffe, du Texas. Qui ne comprend pas que le colonel Vindman sait exactement qui est le « lanceur d’alerte » parce qu’il était son complice ? Et M. Schiff le sait aussi.
Si la majorité sénatoriale était sage, elle accueillerait favorablement un procès fondé sur des demandes de destitution qui, bien entendu, ne comporteraient aucune limite artificielle sur la liste des témoins, ni sur les questions qui pourraient être posées. La liste pourrait commencer par le « lanceur d’alerte » de l’UkraineGate. Parmi les nombreuses contrevérités prononcées par Adam Schiff figurait l’inexistence d’une loi qui donnait à ce personnage fantomatique le droit à l’anonymat. De plus, dans tout procès fondé sur l’application régulière de la loi, l’accusé a le droit absolu de faire face à son accusateur.
Curieusement, il y a un mois, M. Schiff était avide de mettre son « lanceur d’alerte » sur la chaise du témoin, et peut-être pas avec une capuche noire sur la tête. Ensuite, on a découvert que le « lanceur d’alerte » s’était entendu au moins avec les membres du personnel de M. Schiff avant de dénoncer son légendaire « coup de sifflet », et qu’ils avaient probablement aidé au montage de sa plainte et à le mettre en relation avec les bons avocats dans les eaux sombres du marais Okefenokee que sont les quartiers de Washington DC et, naturellement, personne, d’une mer à l’autre, ayant prêté attention à ces bouffons ne peut croire qu’il était incapable de savoir qui était ce « lanceur d’alerte », de même que le brave colonel Vindman. M. Schiff, en particulier, est passible d’une sorte de peine pour avoir soumis le pays à ses trois années de manigances déshonorantes et séditieuses – en commençant par son expulsion de la Chambre et en allant peut-être jusqu’à un procès le concernant directement.
Ces audiences sur l’UkraineGate au cours des deux dernières semaines ont soulevé d’autres questions qui, par ailleurs, n’ont pas été beaucoup diffusées dans l’arène publique, notamment, dans quelle mesure le gouvernement américain cherche-t-il exactement à contrôler les affaires de l’Ukraine ? Et comment sommes-nous devenus le surintendant de cet État en faillite partielle ? Le défilé des diplomates du département d’État en charge de ce dossier suggère que l’Ukraine est pratiquement un territoire occupé. Sommes-nous réalistes en supposant que, dans le cours naturel des choses, nous pouvons à jamais protéger l’Ukraine de l’influence de son voisin (et ancien souverain), la Russie ?
Il est également stupéfiant de voir des journalistes comme Rachel Maddow continuer à parler de la Russie de façon hystérique. Elle a dû crier « Russie » vingt-sept fois dans les dix minutes de son numéro que j’ai pris en route jeudi soir. Elle a dépassé de loin les ravissements paranoïaques de la John Birch Society, il y a un demi-siècle, lorsqu’ils criaient sur les communistes dans tous les placards à balais de l’Amérique. Ce cri de guerre incessant ne peut pas être bon pour le pays.
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans cette saison enchantée qu’on appelle « les vacances » et un affrontement multidimensionnel après trois ans d’absurdités perfides sur les dindes, les cloches d’argent et l’apparat sacré comme un ouragan d’hiver sorti du sombre océan et qui se dirige vers les terres. Je me demande sincèrement comment le public va traiter la tempête d’inculpations qui s’abattra sur la cabale des employés du gouvernement qui ont conçu la persécution du RussiaGate au moment où le Sénat se prépare à engager un procès qui humiliera et peut-être annihilera le Parti Démocrate. Aucune faction politique de l’histoire n’a supplié avec autant de persuasion d’être mise à mort, ou ne le méritait davantage.
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Kira pour le Saker Francophone