Les « scientistes » politiques en furie


Par Andrei Martyanov − Le 21 novembre 2021 − Source Reminiscence of the Future

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Voici encore un autre article sur « la guerre arrive », maintenant par Glenn Diesen sur RT. Il est symptomatiquement intitulé : La guerre Russie-OTAN sur l’Ukraine devient de plus en plus inévitable. Dans cet article, Diesen fait ce que tous les « scientistes » politiques font – parler d’un sujet dont il a une compréhension très vague – la guerre. Ne vous méprenez pas, la taxonomie est fournie par Diesen.

La dissuasion repose sur les trois C : capacité, crédibilité et communication. La Russie a la capacité militaire d’agir si ses lignes rouges sont franchies, elle a démontré sa crédibilité en termes de préparation à agir sur les menaces, et elle sait que les détails doivent être communiqués clairement pour éviter que l’Occident ne fasse des faux pas qui nécessiteraient une réponse énergique. Cependant, la faiblesse de ses lignes rouges est le manque actuel de détails sur ce qui se passerait si une autre nation faisait un pas de trop.

Bien sûr, il y a un problème – c’est ce premier C que les « scientistes » politiques ont d’énormes difficultés à comprendre. Je commence par ceci :

L’OTAN et la Russie semblent maintenant se diriger vers une guerre en Ukraine. Chaque réunion, chaque coup de téléphone et chaque sommet aboutit à un engagement à déclarer qu’il n’y a « aucune alternative à l’accord de Minsk ». L’accord de Minsk identifie deux parties en conflit, Kiev et le Donbass, et la première action à entreprendre a été identifiée comme l’établissement immédiat d’un dialogue entre elles pour élaborer les changements constitutionnels qui accorderaient l’autonomie au Donbass. Pourtant, Kiev a déclaré sans ambiguïté qu’il ne parlerait pas au Donbass et n’appliquerait donc pas l’accord, et les puissances de l’OTAN ont montré qu’elles n’avaient pas l’intention de le pousser à le respecter. Si l’accord est rejeté et qu’aucune alternative n’est établie, la guerre devient alors la seule issue possible.

Diesen ne comprend pas que Moscou a créé l’accord de Minsk pour qu’il ne soit pas appliqué. Il a été créé pour geler précisément le conflit et permettre à la Russie d’achever relativement calmement le processus qui est le titre de mon premier livre : Perdre la suprémacie militaire. La myopie de la planification stratégique américaine. Dès le départ, la Russie savait qu’il n’y avait rien à discuter avec l’Ouest, et encore moins avec les 404 [États qui ne répondent plus, ici l’Ukraine, NdT]. La Russie avait besoin de se réarmer et de se mobiliser, ce qu’elle a fait dans une large mesure pour les raisons suivantes :

  1. Ne pas « libérer » le reste de 404 ;
  2. La capacité à contenir l’Occident, notamment grâce à la réintégration régulière (une variable totalement inattendue dans le cadre du retour de la Crimée en 2014) des forces et des économies de la LDNR avec celles de la Russie.

J’ai écrit à ce sujet il y a longtemps (plus de 3 ans) dans l’article intitulé : La Russie comme un chat. Et maintenant, la définition de la « guerre ». Diesen, de toute évidence, ne peut pas définir clairement quelle guerre l’OTAN et la Russie vont mener « pour l’Ukraine ». Je vais donc essayer de répondre.

  1. La guerre de l’OTAN contre la Russie EN Ukraine avec une mobilisation totale des forces au niveau des districts et des services militaires, la formation de fronts en 404, dans les pays baltes, etc. OK. Il y a deux jours, j’ai développé cette éventualité dans un article symptomatiquement intitulé « Never in the Ballpark« . Il n’y a rien de plus effrayant qu’un doctorat en économie politique ou en sciences qui devient militaro-stratégique. Pour éviter de broder une fois de plus sur cette question, je citerai (une fois de plus) un ancien officier supérieur de l’état-major général de la Russie, le colonel Vladimir Trukhan : « Nous ne transpirons même pas à propos de l’OTAN ». Je vais donner un indice à Diesen : cela a tout à voir avec le premier et le plus important des C. J’ai un deuxième livre entier qui décrit ce qu’est ce C. Je suis en train d’écrire un autre livre sur ce sujet également. Les grands patrons de l’OTAN ne sont pas encore complètement suicidaires. Ils peuvent le devenir, mais pour l’instant ce scénario est peu probable.
  2. L’OTAN pousse 404 à la guerre en attaquant la LDNR et en lui apportant une « aide militaire » (en lui fournissant de la vieille ferraille militaire et quelques munitions) dans une tentative désespérée de faire sortir l’Ours russe de son lit. Bien sûr ! Si Diesen parle de cette guerre, eh bien, même dans cette guerre, l’OTAN n’a aucune ressource et une domination par escalade négative, contrairement à la Russie qui pourrait rouvrir Voentorg et, une fois que le vent du nord aura commencé à souffler, qui peut dire qu’il ne s’arrêtera pas à Kiev ? Non pas que ce trou à rat soit d’une quelconque utilité pour la Russie. Mais si Diesen écrit sur cette guerre, alors oui. Mais ce ne sera pas la guerre entre l’OTAN et la Russie, ce sera la guerre entre la LDNR et 404 soutenue par l’OTAN par des moyens tels que l’envoi (ooh, effrayant) de 600 SAS ou la fourniture de ciblage et de reconnaissance pour 404. Absolument, tout cela va de soi.

L’OTAN sanctionnera la Russie malgré la guerre en LDNR et la scission entre la Russie et l’Occident combiné sera un fait accompli. Mais parce que Diesen ne comprend pas la nature de ce premier C, il continue à tromper complètement ses lecteurs et ne fournit pas une analyse mais un grossier pamphlet de propagande. Personne ne veut la guerre – une vraie – parce que si la guerre entre l’OTAN et la Russie commence, un certain nombre de nations occidentales cesseront d’exister en tant qu’États opérationnels, et Bruxelles et D.C., en particulier le Pentagone, en sont parfaitement conscients. Et oui, l’OTAN ne peut pas rassembler la force nécessaire pour combattre la Russie, même si elle tente désespérément de le faire, et c’est ce que je voulais expliquer dans mon prochain billet sur le modèle de salve et la taille de la force, mais j’ai dû répondre à cet article ridicule sur la guerre et la capacité – une chose qui est enseignée dans les académies militaires et qui exige un ensemble de compétences et de connaissances qui sont au-delà de la portée des « scientistes » politiques. En attendant, la probabilité d’une attaque de 404 contre la LDNR reste élevée, mais nous le savions dès le début.

Andrei Martyanov

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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