Les leçons de la libération du camp de concentration de Majdanek


Par Martin Sieff − Le 8 septembre 2019 − Source Strategic Culture

Résultat de recherche d'images pour "Martin Sieff"Le 22 juillet, le monde aurait dû se souvenir du 75e anniversaire de la libération de Majdanek, le premier des camps d’extermination tristement célèbres d’Hitler à être capturé et fermé. Mais bien sûr, les courageux soldats russes, ukrainiens, kazakhs et d’autres nationalités soviétiques, n’ont bénéficié d’aucune reconnaissance de l’Ouest pour cet événement.

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Prisonniers lors de l’enfournement dans le crématoire d’un cadavre au camp d’extermination de Majanek, 1944 – Crédit Wikipédia

Ce fut l’une des libérations les plus importantes de la seconde guerre mondiale. Ce jour-là, en 1944, des troupes de la Deuxième armée de chars soviétique libèrent le tristement célèbre camp d’extermination près de Lublin en Pologne.

Ce qui s’est passé à Majdanek a surpassé les futures découvertes de Bergen-Belsen, de Dachau et d’autres camps de concentration allemands très médiatisés découverts par les alliés occidentaux. Près de 250 000 personnes y ont probablement été tuées. Selon les premières estimations de l’époque, ce chiffre pourrait atteindre 1,5 million. Les estimations conventionnelles actuelles de 78 000 victimes sont ridiculement faibles, comme l’a souligné à juste titre l’historien polonais Czeslaw Rajca.

Les faits horribles de Majdanek ont ​​été rapportés presque immédiatement dans le monde entier. Alexander Werth de la British Broadcasting Corporation (BBC), l’un des plus grands correspondants de guerre occidentaux, a envoyé des reportages diffusés sur BBC News. Mais ils ont été pratiquement totalement ignorés en Occident car considérés comme de la propagande – supposément – communiste.

Presque aucun survivant de Majdanek ne reste pour témoigner de ses horreurs particulières. Cependant, jusqu’en 2014 encore, les chasseurs nazis de l’Allemagne démocratique moderne étaient toujours à la recherche d’au moins 17 anciens gardes du camp.

Cependant, il faut rappeler l’anniversaire de la libération et les faits réels qui l’entourent. Ils contiennent des leçons d’une importance cruciale pour la préservation de la paix mondiale au XXIe siècle.

Ces dernières années, les historiens occidentaux ont de plus en plus adopté une doctrine d’équivalence morale entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique. Au cours des derniers jours, le Premier ministre britannique Boris Johnson, un homme qui n’a jamais soulevé la moindre objection à aucune des campagnes de bombardement américaine, britannique, ou de l’OTAN ayant tué des dizaines de milliers de civils innocents, ou au déclenchement de soulèvements et de guerres civiles coûtant des millions de vies, a fait la même allégation [d’équivalence des deux régimes.]

Bien pire encore, Johnson compara honteusement la Russie, qui accueillait la Coupe du monde 2018 de football, un succès remarquable qui a réjoui profondément des centaines de milliers de spectateurs, à l’organisation par Hitler des célèbres Jeux olympiques de 1936 avec son odieux racisme.

Pourtant, les visiteurs de Moscou aujourd’hui peuvent – et devraient – visiter le musée des millions de victimes du communisme, financé par l’État. Et en juillet 1944, l’Armée rouge n’a pas occupé le camp de Majdanek pour le maintenir en activité. Comme ils l’ont fait six mois plus tard lors de la libération d’Auschwitz, les forces soviétiques l’ont immédiatement fermé et ses unités médicales ont travaillé jour et nuit dans des efforts désespérés, souvent miraculeux, pour sauver les survivants. C’est un mensonge répugnant des racistes russophobes de dire que ces politiques étaient moralement équivalentes à l’extermination nazie.

Lors de la libération de Majdanek, les témoins oculaires de l’Armée rouge, du soldat de base jusqu’aux généraux de haut rang, ont tous partagé cette horreur et ont réagi de la manière la plus décente et la plus admirable face au mal inimaginable auquel ils étaient confrontés.

Le grand historien militaire britannique Michael K. Jones, dans son ouvrage de 2011 intitulé “Total War: From Stalingrad to Berlin”, décrit cette histoire vitale et inédite à l’aide de témoignages saisissants. «Lorsque nous avons vu ce que [Majdanek] contenait, nous nous sommes sentis dangereusement près de devenir fous», se souvient Vasily Yeremenko de la Deuxième Armée de chars.

Le capitaine Andrey Mereshenko de la Huitième Armée de la Garde n’a jamais oublié qu’en arrivant à Majdanek, «les fours étaient encore chauds».

Le correspondant de guerre Konstantin Simonov a écrit dans le journal Red Star que son esprit refusait de reconnaître la réalité de ce qu’il avait vu de ses propres yeux.

Les soldats soviétiques et les officiers supérieurs qui ont libéré Majdanek ont ​​réagi avec horreur à ce qu’ils ont découvert : nombre d’entre eux craignaient de devenir fous. Mais ils ne l’étaient pas : ils conservaient leur humanité sous sa forme la plus précieuse.

«Lorsque les prisonniers du camp de la mort se rendent compte que nous voulons les aider, certains gémissent de joie», a écrit le colonel Georgi Elizavetsky à sa femme Nina. « Et quand ils voient du pain, les autres hurlent littéralement, nous embrassent les pieds et deviennent complètement délirants. … Il y a une caserne pour enfants dans le camp. Quand nous sommes entrés, je ne pouvais plus le supporter. »

Au cours des dernières décennies, alors que seule une poignée d’anciens combattants des trois grands pays alliés est encore en vie, cette vérité cruciale a été perdue : il n’y avait pas d’équivalence morale. Les soldats de l’Armée rouge ont subi beaucoup plus de pertes que les Alliés occidentaux. Ils ont détruit au combat 80% des forces armées nazies. Ils ont fait plus que quiconque pour gagner la guerre contre le fléau nazi.

Ils méritent également un crédit important pour la fin de l’Holocauste. Le 23 septembre 1944, les troupes du premier front soviétique de Biélorussie libèrent également les camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka. Le 27 janvier 1945, ils libèrent la plus grande et la plus diabolique usine de meurtres à Auschwitz-Birkenau.

Deux décennies après le début du XXIe siècle, ces actions honorables et cruciales, dont il y a lieu d’être fier, ont été entièrement refoulées oubliées en Occident.

La bravoure et la simple décence des millions de citoyens russes, ukrainiens et d’autres nationalités de l’Armée rouge qui ont gagné la guerre et libéré les pires camps de la mort nazis doivent être rappelées et honorées, et non pas oubliées à l’Ouest. Leur œuvre devrait constituer le fondement durable d’une nouvelle génération de compréhension et de respect mutuel entre les superpuissances thermonucléaires.

Il est honteux que, depuis l’hystérie de Boris Johnson à Londres, jusqu’à l’arrogance militariste et mondialiste des néocons à Washington, cette évidence élémentaire pour un esprit sain ne soit plus reconnue.

Martin Sieff

Au cours de ses 24 années en tant que correspondant étranger principal pour le Washington Times et United Press International, Martin Sieff a couvert plus de 70 nations et 12 guerres. Il s’est spécialisé dans les questions économiques américaines et mondiales.

Traduit par jj, relu par San pour le Saker Francophone

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