Les enfants apprennent ce qu’on leur enseigne


Par Robert Gore − Le 18 décembre 2017 – Source Straight Line Logic

Karl Marx

Beaucoup de Générations-Y embrassent le marxisme. Comme leurs parents et leurs grands-parents.

Des capacités des Générations-Y va, soi-disant, découler les moyens de financer les « besoins » : les pensions de leurs aînés, la dette et l’ectoplasme sans cesse croissant du gouvernement. Horreur des horreurs, des sondages et des études indiquent que de nombreux Générations-Y adoptent le « marxisme » : ils veulent que quelqu’un finance leurs « besoins » ! Où ont-ils appris cette absurdité ?

Il doit s’agir de ces collèges gauchisants, sanctuaires de cette Génération-snowflakes, paradis des guerriers de la justice sociale, s’inclinant devant la théorie du genre et leurs professeurs marxistes décrépits. Ici, c’est l’Amérique, où tout le monde se tient debout sur ses deux pieds. Ce n’est pas comme ça qu’ils ont été élevés !

Sauf que c’est comme ça qu’ils ont été élevés. Les bons parents savent que leurs enfants accordent plus d’attention à ce qu’ils font qu’à ce qu’ils disent. L’Amérique s’est laissée glisser vers le collectivisme depuis des décennies. Cette tendance bi-partisane n’a été différenciée que par les hypocrisies des équipes rouges et bleues [Républicains et Démocrates, NdT]. Indépendamment de ce qui est dit, ce pays fait du collectivisme étatiste. Que quelqu’un exprime sa surprise ou sa consternation que les jeunes embrassent le collectivisme révèle ses propres illusions qui ne font qu’alimenter son cynisme.

Croyez-le ou non, un bon nombre de Générations-Y sont raisonnablement bien informés. Ils ne reçoivent tout simplement pas l’information des colporteurs d’hypocrisie préférés de leurs parents et grands-parents. L’âge médian des Américains qui regardent CNN, MSNBC et Fox News est de plus de 60 ans, Fox étant le plus gériatrique à 68 ans.

Les jeunes regardent beaucoup de vidéos, certaines provenant de sources idéologiques cohérentes, mais beaucoup représentant des points de vue éclectiques qui ne peuvent pas être catalogués. Entre Internet et leurs propres expériences, les Générations-Y ont une bonne idée de ce que l’avenir leur réserve, même s’ils ne connaissent pas le vice-président actuel ou les alliés des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. L’avenir, après tout, est beaucoup plus pertinent pour eux que Mike Pence ou une guerre d’il y a 72 ans.

L’administration locale, l’État et le gouvernement fédéral dépensent plus de 35% du PIB. Les impôts payés sont très importants pour les plus productifs dans le cadre de nos régimes fiscaux progressistes. C’est là que l’argent est. Environ la moitié de la population reçoit une forme de largesse d’un ou de plusieurs gouvernements. De chacun selon sa capacité à chacun selon ses besoins. Cependant, les besoins ne comportent pas la même exigence de prélèvement que lors du passage à l’État-providence pendant le New Deal.

Les nécessiteux incluent toujours ces histoires vraies de malheur invariablement citées par les fans de l’État-providence. Mais ils comprennent également des bénéficiaires relativement bien nantis de la sécurité sociale [Système de pension américain, NdT] et de l’assurance-maladie qui reçoivent bien plus que ce qu’ils donnent. Des professeurs, des administrateurs et des entraîneurs sportifs financés par les impôts reçoivent de gros salaires dans les universités publiques. N’oublions pas les légions d’autres employés gouvernementaux, dont le salaire moyen, les pensions de retraite et les avantages médicaux dépassent ceux de leurs confrères du secteur privé qui les financent. Ensuite, viennent les hordes de sous-traitants, de lobbyistes et d’autres suceurs de trayons qui se regroupent autour de Washington D.C. et des capitales des États comme des mouches se massent autour de cadavres et de crottes particulièrement odorants.

Les commissaires communistes – la classe « nécessiteuse » de l’ancienne Union soviétique qui a reçu la plus grande partie du butin – n’ont jamais été aussi bien lotis. Malgré leurs pillages fiscaux, les commissaires américains dépensent encore et toujours plus que ce qu’ils prennent, ce qui fait qu’ils ont hypothéqué une énorme part de la production future : dette, retraites non capitalisées et promesses médicales. Même certains des Générations-Y les moins éclairés reconnaissent qu’il faudra payer ces obligations collectivisées. Cela sera à faire en plus de leur prêt étudiant non négligeable. Les plus astucieux se rendent compte que ce monticule d’obligations a quelque chose à voir avec une économie anémique et des perspectives d’emploi lamentables.

L’histoire démontre que les régimes collectivistes qui étouffent la liberté économique et politique se tournent souvent vers la guerre, le pillage et la construction d’un empire pour masquer leur répression et leurs échecs internes. Est-ce que cela ne décrit pas le gouvernement américain ? Il dispose de bases militaires et déploie des forces d’opérations spéciales dans le monde entier. Au nom de l’ordre mondial et de la lutte contre le terrorisme, il s’est engagé dans plus de guerres au cours de ce siècle que tout autre gouvernement. Pour inculquer l’ordre intérieur, l’État de sécurité nationale surveille tout le monde, y compris un président élu, et subvertit la presse.

Non seulement les guerres ajoutent beaucoup de jetons à la pile de dette, mais devinez quelle génération doit aller combattre ? Ce n’est pas que l’armée a du mal à remplir ses rangs. Elle offre des emplois stables avec de bons avantages – difficiles à trouver dans le secteur privé – pour ceux qui peuvent éviter de se faire tuer ou mutiler.

Il faut du temps à ces Générations-Y qui se retrouvent dans le secteur privé pour découvrir à quel point il est dominé par le secteur public. L’ingérence, l’étouffement et la main contre-productive du gouvernement pèsent sur toutes les activités économiques importantes. Dans certaines juridictions, les enfants ne peuvent même pas vendre de la limonade sans permis. Il faut du temps, de l’expérience et de l’investigation pour découvrir une autre vérité : la réglementation protège les retranchés (le statu quo) et étouffe le nouveau et l’innovant.

L’apothéose est la finance et la banque. La monétisation de la dette par les banques centrales et l’abaissement des taux d’intérêt favorisent la dette publique et ajoutent à la charge des Générations-Y. La Fed, qui est détenue par les banques, achète leurs titres, promeut leur cartel et agit comme leur agent à Washington. L’argent bon marché fait grimper le prix des actifs financiers, que les Générations-Y ne possèdent généralement pas. Des ramifications de la législation et de la réglementation non seulement rendent difficile voir impossible l’entrée de nouveaux venus compétitifs, mais sont explicitement conçues pour assurer que les membres de la vieille garde n’échouent pas. Et si ils échouent néanmoins, ils seront renfloués.

C’est le crime intellectuel du siècle d’appeler cet état des choses le capitalisme ou la liberté. Le capitalisme – l’investissement, la production et l’échange volontaire – est ce que les gens font lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes et sont libres de poursuivre leurs propres intérêts légitimes. Il a reçu un coup mortel en 1913 avec l’établissement de la banque centrale et de l’impôt sur le revenu, et a été enterré avec le New Deal. Il n’est pas surprenant que la gauche donne faussement à cette économie mixte grotesque et défaillante l’étiquette de capitalisme. C’est que chaque échec peut être attribué au capitalisme et utilisé comme une justification pour plus de gouvernement.

Ce qui révolte, c’est la rhétorique des soi-disant défenseurs du capitalisme. Les conservateurs louent rituellement un « système de marché libre » qui n’a pas existé depuis des décennies. C’est une couverture utile : invoquer le marché libre tout en soutenant et en profitant de l’écume et des escroqueries collectivistes. Avec diminution des rangs des vrais entrepreneurs et des hommes d’affaires honnêtes, la rhétorique attire certains des plus crédules. Cependant, même lorsque l’équipe rouge [Républicain/conservateur, NdT] a le contrôle total du gouvernement, elle continue de s’agrandir, d’être plus intrusive et plus puissante, rappelant le communisme.

À la racine, le problème des conservateurs avec le capitalisme est l’expression « libre de poursuivre leurs propres intérêts légitimes ». La deuxième loi du gouvernement est que vous pouvez faire presque n’importe quoi aux gens si vous leur dites que vous le faites pour eux. (La première loi du gouvernement est que rien ne réussit aussi bien qu’un échec). Les libéraux comme les conservateurs se présentent comme des bienfaiteurs. Un système basé sur la liberté et l’intérêt personnel – le capitalisme – évite cette posture. Les bienfaiteurs ostensibles ne peuvent pas utiliser l’argent du gouvernement et des autres pour accorder leur « munificence » [générosité, NdT], extraire leurs rentes et saisir leur pouvoir. En partie, cela explique l’hostilité au vitriol des deux côtés envers Ayn Rand, qui prônait la liberté et l’intérêt personnel rationnel et condamnait l’altruisme coercitif.

Les Générations-Y seraient mieux avisés de se battre pour leur droit et celui des autres à leur propre vie. Malheureusement, les Générations-Y apprennent ce qui leur est enseigné, perméables à toute cette hypocrisie. Le plan de la leçon est le collectivisme. Comme les générations qui les précèdent, les Générations-Y sont collectivistes. La seule différence est qu’ils veulent être ceux qui  organisent ce collectif.

Robert Gore

Traduit par Hocine, relu par Cat pour le Saker Francophone

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