Par The Saker – Le 23 février 2018 – Source thesaker
Alors que les élections présidentielles en Russie approchent, je suis étonné de voir l’intérêt généré par cet événement malgré le fait que ce sera, selon mon opinion, un événement incroyablement ennuyeux et, franchement, totalement inutile.
Mais d’abord, le fond de la question : je n’ai pas beaucoup de foi dans le soi-disant processus démocratique. Regardez l’Union européenne et dites-moi si vous croyez vraiment que les gens au pouvoir représentent la volonté et les intérêts de ceux qui, en principe, les ont élus ? Il y a des exceptions, bien sûr, la Suisse est probablement l’un des pays les plus démocratiques [mais elle n’est pas dans l’UE, NdT], mais ce que nous voyons, c’est que les démocraties occidentales sont dirigées par des groupes d’oligarques et de bureaucrates qui n’ont presque rien en commun avec les gens qu’ils sont censés représenter. Quant aux États-Unis, depuis des décennies, chaque fois que les gens votaient pour « A » ils obtenaient toujours un « non-A ». C’est presque comique. Voici donc ma conclusion personnelle : les démocraties sont des systèmes politiques dans lesquels les véritables élites dirigeantes se cachent derrière une fausse apparence de pouvoir populaire. Autrement dit, le processus démocratique est l’instrument par lequel les dirigeants réels et cachés du monde – ou « puissances internationales en coulisses » selon l’expression d’Ivan Il’in – légitiment leur pouvoir et empêchent leur renversement.
C’est la même technique que celle utilisée par les concessionnaires de voitures d’occasion lorsqu’ils placent des dizaines, parfois des centaines de drapeaux américains sur leurs boutiques avant une vente de voiture : c’est juste une astuce basique pour réveiller un état d’esprit correct, patriotique. C’est aussi la raison pour laquelle il y a des élections tous les quatre ans aux États-Unis : plus un régime prétendûment démocratique est illégitime et despotique, plus il organise fréquemment des élections pour, disons, « augmenter la dose » de fascination patriotique du peuple en lui donnant l’illusion que le régime est légitime, que leur opinion importe, et que tout va bien. Enfin, en cas de besoin, des slogans tels que « la démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de tous les autres » sont utilisés pour endormir ceux qui pourraient avoir des doutes. En termes de pouvoir réel, les démocraties sont probablement les régimes les moins véritablement démocratiques que l’on peut imaginer, simplement parce qu’ils sont de loin les plus capables de cacher qui dirige réellement le pays et où se trouvent les véritables centres de pouvoir. Ai-je vraiment besoin d’ajouter que la pire forme de démocratie est celle du capitalisme ? Vous n’êtes pas d’accord ? Alors pourquoi pensez-vous que Mayer Amschel Rothschild (XVIIIe-XIXe siècle) aurait déclaré : « Permettez-moi de créer et de contrôler l’argent d’une nation, et je ne me soucie pas de savoir qui fait ses lois » ? Nulle part la concentration du capital n’est plus facile à réaliser que dans une société qui permet à la classe dirigeante réelle de cacher son pouvoir derrière l’écran des farces électorales.
Note du Saker Francophone On peut aussi ajouter à cette charge du Saker contre la pseudo-démocratie, le fait que celle-ci est représentative et que dans un système où l'argent est roi et la corruption endémique, il est plus facile, efficace, et infiniment moins cher pour les oligarchies, grâce à la discipline de vote, de corrompre quelques dizaines de têtes d'affiche du parti dominant au Parlement, au Sénat, et dans les bureaucraties en charge, pour écrire et décider des lois qui obligeront 66 millions de Français impossibles à corrompre individuellement. De plus, les mandats électoraux non impératifs rendent les élus irresponsables, la voie est libre.
La démocratie moderne en Russie s’inscrit très bien dans ce moule et les prochaines élections en sont un parfait exemple. Mais ici, je dois faire une autre mise en garde : si elle est jugée superficiellement, selon les critères légaux, externes, la Russie est une vraie démocratie. Il y a la liberté de parole en Russie, beaucoup d’élections, on peut critiquer de bon cœur Poutine ou d’autres politiciens, et quand des journalistes sont assassinés (ce qui arrive), ce n’est jamais sur les ordres du Kremlin, tout simplement parce qu’ils sont plus gênants pour lui morts que vivants. Les médias russes sont infiniment plus diversifiés (et intéressants !) que la terne machine de propagande appelée « les médias » en Occident. Et même de sévères critiques envers le gouvernement (comme, par exemple, Maxime Shevtchenko) obtiennent des postes dans divers organes officiels de surveillance des Droits de l’homme, etc. En réalité, la Russie est beaucoup plus démocratique que la plupart des pays occidentaux.
Alors, quel est le problème avec cette image à l’eau de rose ?
Ce qui ne va pas, c’est que c’est une farce, une façade, aussi fausse que dans les démocraties occidentales. Mais d’une manière très différente, uniquement russe.
D’une part, il n’y a pas de véritable opposition en Russie. Oh, bien sûr, Jirinovski a été en politique pendant des années et a livré son mélange unique d’idées très saines et véridiques et de non-sens idiot. « Jirik » (comme on l’appelle en Russie) est vraiment un bouffon de Cour, dont le rôle est d’amuser mais aussi de dire souvent des choses que d’autres n’ont pas le courage de dire. En passant, peu importe la folie du non-sens qu’il éructe régulièrement, l’homme est très intelligent et bien éduqué et quand il agit comme un clown, il en est pleinement conscient – on peut même voir ses yeux rieurs quand il balance des commentaires agressifs et outrageants. Jirik et son parti « libéral-démocrate » (je blague pas !) est essentiellement une pseudo-opposition idéale approuvée par le Kremlin, qui pousse beaucoup de gens vraiment dégoûtés par la politique du Kremlin à se défouler en allant voter, et fondamentalement à soutenir Poutine, même s’ils ne le réalisent pas. Jirik et son parti LDRP sont aussi très utiles pour critiquer durement, ridiculiser et discréditer les libéraux (au sens russe du mot) pro-américains que, pour ma part, je nomme « intégrationnistes atlantiques ». Ensuite, il y a les communistes.
Les communistes russes sont vraiment pathétiques. J’aimerais que le public anglophone puisse écouter comment parle leur leader de longue date, Gennadi Ziouganov : il ressemble même à un vieux membre du Politburo soviétique. Les communistes russes ont été, pendant de nombreuses années, un parti complètement réactionnaire et fossilisé, la plupart du temps nostalgique de l’ère soviétique, sans le Goulag, bien sûr, et avec un respect nouveau et incroyablement hypocrite pour la religion. Si, au moins, Jirik est vraiment drôle, Ziouganov vous ennuiera à pleurer ! Donc pour ces élections, les communistes russes ont fait quelque chose de vraiment bizarre : ils ont choisi de soutenir un outsider, Pavel Grudinine, qui est un vrai communiste comme Barak Obama était un vrai démocrate. Je suppose que leur plan stupide était de montrer quelque chose qui s’apparente à une version, adaptée au XXIe siècle, du « communisme à visage humain » sauf que pour le moment le visage ressemble de façon frappante à Charlie Chaplin.
Mais ne rejetez pas complètement les communistes. D’une part, de nombreux Russes sont profondément opposés à la politique néo-libérale du gouvernement Medvedev et bien que Poutine tienne un discours très social, la triste réalité est qu’il est clairement partisan d’une économie de style occidental. Poutine s’en tire avec deux trucs simples, sa superbe politique étrangère et son détournement de la plupart des critiques sur Medvedev. Manœuvre habile, mais pas assez bonne pour une nation imprégnée d’une culture qui a toujours été fortement sociale et collectiviste, qui sent instinctivement que le capitalisme et l’individualisme sont moralement répugnants et pratiquement insoutenables, et qui considère l’accumulation du capital comme quelque chose de profondément immoral.
J’ai souvent fait valoir que, culturellement, la Russie n’est pas, et n’a jamais été, européenne, quelle que soit la signification donnée à ce terme. C’est particulièrement vrai dans le mélange typiquement russe du mépris de l’accumulation de la richesse et de l’individualisme, d’une part, et de l’attachement à la notion de justice morale, d’autre part. Les héros russes peuvent être des moines ou des soldats, mais jamais des marchands ou des banquiers. La culture traditionnelle russe, qui n’a jamais connu la Renaissance ou la Réforme occidentale, a conservé un ethos social beaucoup plus proche de l’islam moyen-oriental ou du confucianisme asiatique que des valeurs occidentales du « siècle des Lumières ». Et tandis que le marxisme-léninisme était clairement une importation idéologique, il trouva en Russie un terrain beaucoup plus fertile pour ses valeurs que les valeurs maçonniques éclairées imposées à la société russe par ses élites occidentalisées, souvent avec beaucoup de violence, pendant les XVIIIe et XXe siècles. Il y a une raison pour laquelle personne n’a suivi Kerensky et sa bande de franc-maçons alors que les bolcheviks ont reçu beaucoup de soutien du peuple, malgré leur haine enragée de la religion et leur russophobie. Ainsi, 750 ans après que Saint Alexandre Nevsky a prononcé ces mots célèbres « Dieu n’est pas dans la force, mais dans la vérité » nous avons vu Danila Bagrov, le héros du célèbre film Brother 2, dire cela dans son monologue désormais célèbre avec un capitaliste américain caricatural « Dis-moi, Américain, où est la force ? Est-elle dans l’argent ? Mon frère aussi dit qu’elle est dans l’argent. Et vous avez beaucoup d’argent, et alors ? Je pense que la vraie force est dans la vérité – celui qui a la vérité est le plus fort ! » Ce à quoi nous avons ici affaire est ce qu’Ivan Solonevitch appelait la « prépondérance nationale » – une composante essentielle de l’identité, de la vision du monde et de l’éthique d’une nation. Soixante-dix ans de bolchévisme, suivis d’une décennie de capitalisme démocratique, ont définitivement réussi à nuire et à diminuer cette prépondérance nationale, mais elle est toujours là et son potentiel politique et social est encore immense. C’est pourquoi les partis gauchistes ne devraient jamais être complètement ignorés en Russie. La Russie sera toujours un pays attiré par les valeurs et les idées sociales de gauche, collectivistes.
Retour à la réalité maintenant : Grudinine est aussi loin que possible de Saint Alexandre Nevsky ou de Danila Bagrov et la soi-disant « gauche » en Russie est aussi désespérante et stérile qu’elle l’est en Occident. Mais si 70 années d’odieuse gestion bolchevique n’ont pas réussi à discréditer les valeurs collectivistes et sociales inhérentes au peuple russe, un mauvais choix lors d’une élection présidentielle n’y réussira pas non plus.
Aujourd’hui, la triste réalité est que les Russes n’ont pas de candidat vraiment et sincèrement socialiste à qui donner leur vote. Si Jirik est un bouffon de droite, alors Grudinine est un faussaire de gauche. Et pourtant, aussi faussaire qu’il soit, Grudinine est assez irritant – dire menaçant serait exagérer le cas – pour que les médias d’État russes aient maintenant clairement engagé une campagne de dénigrement contre lui, ce qu’il mérite néanmoins abondamment. Nous ne devons jamais oublier ici que les communistes avaient gagné les élections de 1996, volées par Eltsine avec le plein soutien de l’Occident, le même Occident qui avait également soutenu Eltsine qui utilisait des chars en 1993 pour tuer des milliers de personnes dans un Parlement démocratiquement élu. C’était il y a longtemps, mais ce que je pense, c’est que cela montre encore qu’il y a toujours un large potentiel de vote pour les communistes en Russie, mais seulement si les communistes présentaient un candidat crédible. En parlant de cela, alors que Ziouganov lui-même ressemble à une vieille relique boursouflée du Politburo, il y a beaucoup de jeunes communistes plus intelligents en Russie, tout comme certains membres plus jeunes du LDPR ont aussi l’air assez pointus. Mais là réside le nœud du problème : le Kremlin a clairement assez de pouvoir pour s’assurer absolument que les Russes n’aient que le choix entre des bouffons ou des faussaires. Alors que la forme démocratique est respectée, la substance est totalement absente.
Ensuite, il y a ce que nous pourrions appeler « tous les autres» (Sobchack, Iavlinsky, Baburine, Suraikine, Titov). Oubliez-les, c’est tout. Ils n’existent pratiquement pas. Certains (Baburine) sont meilleurs que d’autres (Iavlinksy), mais la réalité est qu’ils sont tous hors de propos.
Et puis il y a Superman, Le Boss, l’Ultra-candidat qui écrase tout le monde juste par sa présence et qui gagnera facilement un autre mandat : Vladimir Vladimirovirch Poutine. Comparés à Poutine, tous les autres ressemblent à des enfants de maternelle confus jouant une politique imaginaire dans le bac à sable électoral qui leur est attribué. Maintenant, je suis un fan de Poutine et je suis très heureux qu’il soit au pouvoir. Mais cela ne veut pas dire que je devrais me leurrer moi-même, ou quelqu’un d’autre, au sujet de tous les problèmes dans la situation actuelle. Permettez-moi d’en énumérer quelques-uns.
Premièrement, et c’est crucial, la Russie est en guerre. Permettez-moi de le répéter : la Russie est en guerre avec l’Empire anglo-sioniste. Le fait que cette guerre soit environ à 80% de propagande, à 15% économique et à 5% militaire ne la rend pas moins réelle ou moins dangereuse, ne serait-ce que parce que ces ratios peuvent très rapidement changer. En outre, Poutine est un homme brillant placé au sommet d’un système extrêmement mauvais qui a presque coûté à la Russie son existence même. En conséquence, Poutine a déployé ses efforts principalement dans deux directions : protéger la Russie contre l’agression occidentale et lutter contre la 5e colonne des pro-occidentaux en Russie (oligarques, sionistes, libéraux, russophobes, etc.) y compris au Kremlin (les intégrationnistes atlantiques à la Medvedev ou les promoteurs du consensus de Washington, du FMI et de l’OMC, à la Nabiullina, Koudrine et Tchoubaïs, etc.). Bien sûr, Poutine a essayé de combattre la corruption, la mauvaise gestion, la fraude, etc., mais les deux sphères qu’il a frappées le plus fort étaient la défense et l’aérospatiale. Il a également créé l’ONF (Front populaire panrusse) pour essayer de pénétrer plus profondément dans la société et l’économie russes, et cela a également fonctionné. Mais le fait demeure que la plus grande partie de l’énergie de Poutine visait à combattre la guerre contre l’Empire et la 5e colonne en Russie. L’essentiel du pays a encore un terrible besoin de réforme.
Deuxièmement, et à mon grand regret personnel, Poutine est un néolibéral. Un véritable anti-libéral n’aurait jamais gardé des gens comme Koudrine (qui, d’ailleurs, a été renvoyé par Medvedev, pas par Poutine), ou Nabiullina [dirigeante de la Banque Centrale russe] et tous les autres. Hélas, Poutine n’a pas réussi à envoyer tout ce gang où il devrait être : en prison. Il y en a eu quelques-uns (Serdioukov, Ulioukaev) mais la plupart d’entre eux sont toujours là – remarquez que ni Nabuillina, ni Tchoubaïs n’ont jamais appartenu à la liste des sanctionnés par l’Amérique. Je ne lis pas dans les têtes, mais ma meilleure idée est que Poutine croit sincèrement en ce que nous pourrions appeler un capitalisme régulé ou la social-démocratie et que le genre de réformes présentées par Sergueï Glaziev, par exemple, l’effraie vraiment à cause d’un retour possible au type d’économie catastrophique que l’Union soviétique connaissait dans les années 1980. Je pense qu’il a tort, mais cela n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que la plupart des Russes veulent clairement un certain nombre de choses que Poutine ne veut pas ou ne peut pas délivrer, y compris une répression beaucoup plus sévère de la corruption et des politiques sociales beaucoup plus vigoureuses – sociales ou socialistes au sens russe du mot, c’est à dire orientées dans le sens social et non conduites par l’idéologie capitaliste – et une distribution beaucoup plus équitable de la richesse. De toute évidence, et de façon diamétralement opposée à la bêtise de la propagande anglo-sioniste, Poutine n’est nullement nostalgique de l’ère soviétique. En fait, il semble avoir une certaine phobie de tout ce qui pourrait rappeler à quelqu’un les politiques de l’ère soviétique même quand ces politiques étaient clairement supérieures à ce que nous voyons aujourd’hui en Russie (éducation, santé, science fondamentale, programmes sociaux, etc. .). Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que quiconque niera que la plupart des Russes seraient heureux si l’ensemble du bloc économique du régime de Medvedev était renvoyé (ou emprisonné ou, mieux encore, sommairement exécuté par un peloton d’exécution) et remplacé par beaucoup plus d’économistes aux penchants de gauche, gauchistes ou socialistes. Le fait que les communistes russes ne fournissent absolument pas une telle alternative est bon pour la réélection de Poutine, mais très mauvais pour la Russie.
Troisièmement, la Russie est aujourd’hui gouvernée par un seul homme : Poutine. Super mec, je le soutiens totalement ! Mais un homme qui dirige un pays est une très mauvaise chose, non seulement parce que tôt ou tard cet homme quittera la scène et ne laissera aucun successeur crédible, mais aussi parce qu’un président ne devrait pas s’occuper de l’état des pavés sur les routes des petites villes de l’Oural ou s’impliquer dans la répartition géographique des maternités en Sibérie. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe. Les Russes ont même une expression pour cela « Poutine règne dans un régime manuel » ce qui signifie qu’il doit tout faire par lui-même. C’est de la pure folie et c’est évidemment insoutenable. Oh, bien sûr, il y a des gens très forts autour de Poutine, mais aucun ne peut égaler sa combinaison unique de charme, de charisme, d’intelligence, de courage, de patience et de détermination : dès que Poutine partira, pour quelque raison que ce soit, le système entier va dégringoler, justement parce que ce n’est pas un vrai système mais un one man show. Et c’est exactement ce que les intégrationnistes atlantiques attendent manifestement pour frapper à nouveau.
Donc, si Poutine est si mauvais, pourquoi est-ce que je le soutiens ? Simplement parce qu’à ce moment il n’y a pas d’alternative. Et ce n’est pas vraiment que Poutine est mauvais – mais plutôt qu’il est un être humain, pas un thaumaturge avec une baguette magique qui peut réformer la Russie simplement en l’agitant et en disant « abracadabra ». Surtout pas pendant que la Russie est en guerre contre un Empire qui menace sa propre existence !
En Occident, les Anglo-sionistes soutiennent clairement Grudinine (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, et même Wikipédia toujours hyper-politiquement correct l’aime !). Les raisons en sont vraiment simples : non seulement les Anglo-sionistes préfèreraient n’importe qui, y compris le Comte Dracula, à Poutine, mais si même un pseudo-communiste purement nominal comme Grudinine arrivait au pouvoir, les élites occidentales pourraient finalement proclamer : « Aha ! Voici la preuve ; voici une vague de communisme revancharde en Russie, c’est comme l’URSS 2.0 – bienvenue dans la prochaine guerre froide !! ». En réalité, le Parti communiste russe, plein à craquer de vrais capitalistes (voir la traduction automatique de l’article ici) est communiste seulement de nom, mais ses membres aiment encore les drapeaux rouges et les images de Lénine et c’est assez pour effrayer ceux qui ont déjà envie d’avoir peur – les Occidentaux. En attendant, alors que les médias d’État russes dénigrent Grudinine, quelqu’un le promeut clairement dans les médias sociaux russes. Une idée de qui ce quelqu’un peut être ?
Comme toujours, les partenaires géostratégiques occidentaux de la Russie trompent la Russie et gaspillent leur énergie – et leur argent ! Voici les derniers sondages : Poutine 71,5%, Jirinovsky 5,5%, Grudinine 7,3% et le reste n’a pas d’importance. Vous ne voulez pas les croire ? Bien. Mais quand la différence est d’un tel ordre de grandeur, vos doutes ne feront pas beaucoup de différence. D’ailleurs, vous ne voulez pas vraiment que les chiffres soient différents, croyez-moi, car si le bouffon ou le faussaire arrive au pouvoir, alors la crise qui frappera la Russie et le reste de notre planète sera vraiment immense et très dangereuse : nous avons déjà un clown en charge d’une superpuissance nucléaire, nous ne pouvons certainement pas nous en offrir un second.
La triste réalité est que ces élections ne changeront rien et qu’elles sont non seulement ennuyeuses (pas d’opposition réelle crédible) mais aussi inutiles. Une grande perte de temps et d’argent. Et pourtant, elles sont aussi nécessaires. Elles sont nécessaires parce que dans « l’Empire des Illusions » pour emprunter l’excellente expression de Chris Hedges, tout le monde doit simplement jouer selon les règles anglo-sionistes : les élections sont un must absolu – même s’il s’agit à l’évidence d’une farce absolue. Ainsi, les Russes auront-ils leur liturgie laïque (ce que sont vraiment les élections), le bon gars restera au pouvoir, ce qui est bien, même si son maintien au pouvoir n’a rien à voir avec la démocratie officielle piégée. Oui, Poutine a l’appui de l’écrasante majorité du peuple russe, même de ceux qui ne font pas confiance aux sondages ou aux résultats des élections, et ce soutien populaire est de loin son principal pouvoir (et la raison principale pour laquelle les contempteurs de Poutine restent tranquilles ou deviennent politiquement impuissants). Mais la réalité de ce soutien n’est ni exprimée, ni transmise à travers les élections présidentielles. Poutine a la nation derrière lui, mais pas parce que certaines farces électorales le disent. Si par un tour de magie, par exemple, un tribunal privait Poutine de tous ses pouvoirs légaux, il aurait encore une autorité morale et, par conséquent, pratique, beaucoup plus élevée que n’importe quelle autre personne en Russie. Alexandre Soljenitsyne a dit un jour que tous les régimes peuvent être positionnés sur un continuum allant des régimes dont l’autorité est basée sur leur pouvoir à ceux dont le pouvoir est basé sur leur autorité. Le vrai pouvoir de Poutine n’est basé sur aucune élection présidentielle, ni sur la base de la Constitution russe, il repose sur l’autorité morale qu’il exerce sur le peuple russe. Ce n’est pas quelque chose qui peut être exprimé en pourcentages ou en nombre de bulletins, mais ce n’est pas moins réel.
L’objectif de l’Empire est simple : ne pas remplacer Poutine, en tous cas pas maintenant, mais l’empêcher d’obtenir une majorité claire au premier tour. Le plan aussi est simple : si Poutine obtient la majorité, la Russie sera dénoncée en tant qu’État autoritaire non démocratique. Si Poutine, par miracle, ne parvient pas à obtenir cette majorité, cela prouvera au monde qu’il n’est pas du tout aussi populaire que la plupart des gens le disent, et fera espérer que toutes les forces anti-Poutine se tourneront vers Grudinine ou Jirinovski (n’importe lequel fera l’affaire). Si Grudinine va vers un deuxième tour, cela prouvera que la Russie est un pays avec une forte nostalgie pour l’ère soviétique (attendez-vous à une myriade de références à Staline dans les médias sionistes), si c’est Jirinovski, cela annoncera au monde que les nationalistes russes enragés sont sur le point d’envahir les pays baltes ou d’atomiser la Turquie. Quand Poutine finira par gagner, on déclarera que l’élection a été volée et on expliquera au public zombifié que Vlad le méchant n’est rien d’autre que la somme idéologique des cocos et des nationalistes, unis dans une grande menace russe.
Ça a l’air idiot ? Oui bien sûr. Parce que ça l’est. Mais c’est le plan de toute façon.
The Saker
Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone
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