Les choses stupides que les gens font quand leur société s’effondre


Par Brandon Smith – Le 2 mars 2016 – Source alt-market

La vie des noirs compte

Une erreur fréquente que beaucoup de gens font en examinant le concept d’effondrement social ou économique est d’imaginer que les gens et les groupes vont se comporter demain sur la base de la façon dont ils se comportent aujourd’hui. Il est, cependant, extrêmement difficile de prédire le comportement humain lors du chaos terminal. A quoi pourrions-nous nous attendre, ou quel scénario hollywoodien pourrait bien nous être présenté à des fins de divertissement ? Cela ne va peut-être pas correspondre à ce qui se passe réellement quand une société se décompose.


Il est également important de noter que la déstabilisation sociale et économique est généralement un processus, pas un événement immédiat. Cela fonctionne effectivement en faveur des militants de la liberté et de la préparation des esprits. Lorsqu’un un système progresse, par étapes, vers la rupture, certains signaux peuvent être observés dans la psychologie de la population, ce qui nous donne une indication de la profondeur à laquelle nous sommes vraiment engagés dans le trou du lapin [Alice au pays des merveilles, NdT].

Sauf dans le cas d’un événement nucléaire ou de type EMP (impulsion électromagnétique), qui fait malheureusement partie des préoccupations actuelles en raison de la situation de poudrière en Syrie, les vigilants partisans de la Liberté pourraient avoir beaucoup plus de temps que la moyenne pour se prépositionner en toute sécurité. Cela dit, il y aura une foule de nouveaux problèmes d’ordre psychologique que nous devrons traiter avant, pendant et après avoir mis le pied dans le désordre en cours auquel les internationalistes font souvent référence, la remise à zéro globale.

La liste suivante est basée sur les comportements sociaux couramment observés lors des accidents systémiques à travers l’histoire moderne (les cent dernières années). Ce sont quelques-unes des choses stupides que les gens font quand ils commencent à se rendre compte, au moins inconsciemment, qu’un scénario de type SHTF [Shit Hits The Fan / Quand les choses s’enveniment, NdT] est en cours.

Ils ne font rien

C’est triste à dire, mais la majorité des gens, quel que soit le moment ou le lieu de l’histoire, ont pour mauvaise habitude d’ignorer l’évidence. Ils peuvent avoir un sentiment inconscient que le danger est présent, mais il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des hommes et des femmes à noyer leurs propres instincts dans un grand flot d’idiotie intellectuelle.

Il n’est pas rare de voir de grandes populations s’asseoir calmement et se croiser les bras, parfois pendant des semaines, au milieu d’une crise économique ou des infrastructures. C’est dû en partie au biais de normalité, bien sûr. Il y a une hypothèse immédiate au sein des populations du premier monde que les secours sont en route sous la forme d’aides gouvernementales. La foi en cette aide peut être si illusoire que ce n’est que lorsque les magasins d’alimentation et l’eau sont presque épuisés qu’ils commencent enfin à paniquer, ou à tenter de s’y mettre.

Cela donne aux gens qui se sont préparés une semaine ou plus d’avance sur les masses inconscientes, mais c’est encore un constat déprimant.

Ils se sabotent eux-mêmes par paranoïa

Même dans les premières étapes d’une rupture sociale alors que les infrastructures sont toujours opérationnelles, la paranoïa chez des individus et les groupes peut se propager comme un poison. Parfois, c’est encouragé par un gouvernement corrompu, mais peut aussi arriver naturellement.

La tendance est de commencer à voir toute autre personne comme un concurrent ou comme une menace potentielle, et non comme un allié possible. Ils font l’hypothèse que tout ce qu’ils doivent faire est d’éviter tout contact avec les autres et de durer plus longtemps que la plupart des gens au cours de la plus mauvaise phase de la panne. Cette hypothèse est stupide pour deux raisons.

Tout d’abord, une société a besoin de sécurité et de production afin de se reconstruire. Si les survivants de l’effondrement sont strictement isolés les uns des autres, la sécurité est absolument impossible en pratique, et donc, la production est peu probable. Finalement, ils vont mourir avec tout le monde.

Deuxièmement, rien ne garantit que notre processus particulier d’effondrement va se développer dans le vide. Autrement dit, vous pourriez penser qu’un jour vous pourrez vous promener sur les collines, après que le pire de la crise sera passé, avec une page blanche pour reconstruire, mais certaines organisations et systèmes peuvent encore être en place, ou même dominer. Rarement dans l’histoire, les gouvernements ont réellement disparu au cours d’un effondrement social. En fait, les gouvernements ont l’habitude de devenir encore plus puissants et despotiques pendant et après les implosions à grande échelle des systèmes sociaux. Survivre n’est tout simplement pas suffisant si vous redescendez seul de vos montagnes uniquement pour trouver un cadre totalitaire établi sur les cendres de l’ancien monde.

Une organisation avec des personnes de confiance avec un état d’esprit proche du vôtre est essentielle non seulement pour votre survie, mais pour la survie des générations futures et des principes qui vous sont chers. En outre, des associations de défense de la communauté environnante sont également nécessaires. Ce type d’organisation doit être mise en place AVANT que la rupture atteigne sa masse critique. Il est beaucoup plus facile de s’organiser avant une catastrophe qu’après une catastrophe.

Ils deviennent instables et non fiables lorsque les choses se corsent

C’est la raison pour laquelle une organisation précoce est si importante ; elle vous donne le temps d’apprendre les limites et les faiblesses des gens autour de vous avant que le bordel ne s’installe. Si vous avez une grande famille, si vous avez vécu dans le même quartier et fréquenté les mêmes clubs et églises une grande partie de votre vie, alors vous savez probablement qui est solide et qui vous laissera tomber quand les temps deviendront difficiles. Même alors, vous allez probablement découvrir que certaines personnes vont vous décevoir.

Vous faites ce que vous pouvez avec l’aide que vous avez sous la main, mais le stress des incertitudes économiques, les troubles sociaux, un gouvernement de plus en plus oppressant et le manque de confort peut conduire des gens apparemment solides et confiants à faire des choses stupides et lâches.

Ils peuvent être des amis proches ou de la famille ou des personnes dont vous vous occupez. Ou bien, ils peuvent être les associés les plus récents qui tentent de construire un groupe de préparation à partir de zéro. Si vous remarquez un penchant pour éviter l’adversité aujourd’hui, alors qu’il serait nécessaire de l’affronter même sous pression, alors il y a de bonnes chances que ces mêmes personnes vont s’effriter quand elles vont devoir affronter un cauchemar social demain. Vous devez toujours avoir les idées claires pour savoir sur quelles personnes vous pouvez compter avant d’avoir besoin d’elles.

Ils deviennent fêlés et tyranniques

Au revers de la médaille, il y a des personnes qui croient que si elles peuvent contrôler tout et tout le monde dans leur voisinage, alors cela va en quelque sorte atténuer le chaos du monde autour d’eux. Ce sont des gens qui nourrissent secrètement le fantasme d’être des rois pendant l’effondrement. Ces gens n’ont généralement pas très bien réussi ou été bien-aimés à l’époque de la stabilité, et ils aspirent à des conflits et à des destructions pour faire place à leur renaissance afin de recevoir tout le respect qu’ils pensent avoir toujours mérité.

Ces fêlés peuvent être largement irresponsables et foncer tête baissée dans des situations stratégiques folles et leurrer des gens dans un jeu à somme nulle. Leur argument est toujours «Si on ne le fait pas maintenant, alors on le fera quand ?» Comme si le maintenant et le quand lors d’un conflit n’étaient pas pertinents et que les combats étaient tout ce qui compte. Ces personnes sont l’inverse de lâches peu fiables. Ils veulent du sang. Ils veulent la gloire. Ils ont quelque chose à prouver, et ils vont vous sacrifier avec d’autres pour y arriver si l’envie leur en prend. Se refuser à rester fort quand la calamité est à l’horizon amène à l’échec, mais on peut aussi créer le malheur à cause d’un manque de planification intelligente. Trouver des gens qui comprennent le juste milieu entre ces deux extrêmes sera une tâche vitale pour ceux qui souhaitent survivre et prospérer au cours des bouleversements.

Ils deviennent des extrémistes politiques

An cours de la plupart des effondrements modernes, deux idéologies politiques extrêmes ont tendance à faire des bulles à la surface – le communisme et le fascisme. Les deux viennent de la même racine psychotique, la psychose du collectivisme. Cependant, ils s’expriment de manière quelque peu différente.

Pour résumer en termes socio-psychologiques très simples, le communisme est un collectivisme basé sur la diabolisation du mérite individuel et la diabolisation de la production basée sur le gain individuel. Le communisme voit les individualistes comme des anomalies qui menacent le bien supérieur du plus grand nombre. Ils cherchent généralement à supprimer ou à éliminer les individualistes et les philosophies individualistes de telle sorte que le collectif puisse réussir en tant qu’unité unique homogénéisée. Les communistes volent aux forts pour soutenir artificiellement les faibles jusqu’à ce que les forts n’existent plus.

Le fascisme est un collectivisme basé sur l’idée que les forts l’emportent sur les faibles et que les faibles ne survivent que par les bonnes grâces du fort. Alors que le communisme force la charité pour harmoniser l’insuccès avec le succès jusqu’à ce qu’ils soient indiscernables, le fascisme exige que l’échec soit effacé de sorte qu’il n’y ait pas de nécessité d’harmoniser. Il convient également de noter que les fascistes voient ceux qui sont en désaccord avec eux comme une faiblesse au sein de leur maîtrise collective, faiblesse qui doit également être éliminée.

Le communisme et le fascisme sont une sorte d’histoire d’amour violente allant crescendo. Les communistes les plus fous et les plus envahissants en arrivent à tenter de dominer la langue et la pensée [les anti-communistes aussi, NdT]. Plus les communistes utilisent des foules organisées pour contrôler le discours public, plus les autres personnes voient les solutions fascistes comme un moyen viable pour s’en prémunir. Les gangs de chemises brunes frappant à mort les communistes (et beaucoup d’autres) dans les rues est généralement l’une de ces solutions. Ceci est exactement ce qui a eu lieu en Europe pendant la Grande Dépression, et cela pourrait très bien se reproduire dans tout l’Occident.

Les deux extrémités du spectre font de la prise de contrôle du gouvernement leur priorité afin qu’ils puissent l’utiliser comme une arme contre l’autre côté. La réalité est, que derrière le rideau, les élites jouent les deux côtés, encourageant le public dans l’illusion qu’ils ne peuvent choisir qu’entre l’un ou l’autre ; entre le communisme et le fascisme.

Ironiquement, alors que les gens affluent vers ces opinions politiques extrémistes, ils vont invariablement accuser les militants de la Liberté ayant un esprit juste d’être des extrémistes vicieux. Le mieux que les militants de la Liberté peuvent faire est de ne pas eux aussi tomber dans le piège de ce faux paradigme et de lutter plus intelligemment que les communistes ou les fascistes.

Ils deviennent des zélotes religieux

Les opinions politiques extrêmes ne sont pas le seul chant des sirènes pendant la désintégration sociale. La bigoterie religieuse est très abondante pendant une crise. La bigoterie est essentiellement un fanatisme, au point d’être moralement totalement ambiguë. Tout le monde qui ne croit pas de la façon dont le zélote croit est l’autre, et l’autre est un ennemi qui doit être anéanti. Dans le domaine du zélote, il n’y a pas de concept comme vivre et laisser vivre. Leur idéologie doit régner sans question ni opposition.

Le fanatisme n’est de plus pas limité aux grandes religions ; il est également fréquent dans le culte des idéologies. Le marxisme culturel (via des groupes comme La vie des noirs compte et la troisième vague du féminisme), par exemple, est un parfait exemple d’une autre marque de fanatisme religieux. Il n’y a pas de logique ou de raison derrière leurs croyances ou leur vision du monde, et pas de place pour la dissidence. Ils ont leurs propres tabous et leur propre dogme, leurs grands prêtres et leurs propres dieux (gouvernement, la terre-mère, etc). Leur directive est d’éradiquer les autres croyances et façons de voir le monde en les décriant comme hérétiques tout en rationalisant ce qu’ils font en utilisant leurs propres interprétations élargies de leurs propres textes religieux.

Le but ultime de tout zélote est d’établir une théocratie, dans laquelle leur système de croyance devient le seul système connu. Tous les autres systèmes de croyance sont enterrés et oubliés de force ainsi que tous les gens qui y sont associés.

Ils abandonnent leur boussole morale

Hollywood, semble-t-il a convaincu la moitié de l’humanité que dans les temps de grande détresse, seules les personnes sans morale survivront. Les personnages moralement relativistes sont dépeints comme des leaders héroïques qui sont prêts à faire ce qui est nécessaire, alors que les gens avec des fondations morales, qui ne renoncent pas aux règles de conscience ou au droit naturel en dépit des temps terribles, sont dépeints comme faibles ou stupides, mourant de manière horrible parce qu’ils ont refusé d’adopter l’attitude du chacun pour soi.

La vérité est tout le contraire. Les gens moralement relativistes, lorsque qu’ils sont découverts, sont généralement les premiers à être écartés ou les premiers à mourir dans des situations de survie, car on ne peut pas leur faire confiance. Personne ne veut coopérer avec eux, sauf peut-être d’autres personnes moralement relativistes. Ces congrégations du mal ne collaborent avec succès que pour un temps basé sur le concept de criminalité mutuelle pour un gain mutuel, mais finalement, ils seront pourchassés par ceux à qui ils ont fait du tort et effacés.

Peu importe comment ils rationalisent leurs activités ou les gains à court terme dont ils jouissent au début de l’effondrement, les relativistes moraux voient leurs chances jouer contre eux sur le long terme.

La peur et l’instabilité sont comme un ragoût radioactif, un effet Tchernobyl qui engendre des créatures étranges chez les hommes. Si nous regardons notre histoire passée, je pense que nous savons et comprenons ce dont nous sommes capables, ou que de telles tragédies ne devraient jamais se reproduire. Mais le chaos se lève à nouveau et le côté sombre de chaque être humain est mis à l’épreuve. Dans la plupart des cas, c’est l’ignorance personnelle de chaque individu qui ouvre la porte à des démons collectifs. Cela dit, les conditions de l’effondrement qui déclenchent la peur dans la société sont en premier lieu largement instrumentalisées par des intérêts élitistes pour la simple raison que de cette manière, les masses peuvent être monstrueuses.

Nous rendons la défaite de ces élites plus probables à chaque fois que nous évitons de faire les choix stupide expliqués ci-dessus et que nous continuons sur la voie de la conscience, du courage, de la vérité et de la sagesse. Quand les fausses peurs n’agissent plus, nous ne pouvons pas être manipulés. Et si nous ne pouvons plus être manipulés dans le combat contre des fantômes, ou la lutte contre l’autre, alors les seuls qui restent sur le champ de bataille sont les mêmes personnes qui à l’origine, ont cherché à nous diviser.

Brandon Smith

Traduit par Hervé, vérifié par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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