Par Michael Snyder – Le 18 Janvier 2016 – Source TheEconomicCollapseBlog
La dernière fois, l’histoire tournait autour des prêts hypothécaires à risque – les subprimes – mais cette fois c’est le pétrole qui joue la vedette dans la crise financière mondiale. Depuis début 2015, 42 compagnies pétrolières nord-américaines ont fait faillite et 130 000 emplois bien rémunérés ont été perdus aux États-Unis dans le secteur de l’énergie, et en ce moment, 50% de toutes les obligations pourries dans ce secteur sont «sous pression», selon Standard & Poor’s.
Comme vous le verrez ci-dessous, quelques-unes des grandes banques ont une énorme exposition aux prêts à l’industrie de l’énergie, et maintenant elles se préparent à de grosses pertes. Et plus longtemps le prix du pétrole restera aussi bas, pire sera le carnage a venir.
Aujourd’hui, le prix du pétrole a fluctué autour de 29 dollars le baril, et au cours des 18 derniers mois, le prix du pétrole a chuté de plus de 70%. C’est quelque chose qui a fortement excité de nombreux consommateurs américains. Le prix moyen d’un gallon d’essence [1 gallon = 3,785 litres environ, NdT] à l’échelle nationale n’est que de 1,89 dollars à l’heure actuelle et lundi, il s’en vendait pour aussi peu que 46 cents le gallon dans une station dans le Michigan.
Mais ce crash du pétrole n’a rien de réjouissant dans la mesure où les grandes banques sont concernées. Pendant les années de boom, les banques ont accordé des milliards et des milliards de dollars de prêts pour financer des projets de forage extrêmement coûteux partout dans le monde.
Maintenant, ces entreprises tombent comme des mouches, et les grandes banques pourraient être confrontées à des pertes absolument catastrophiques. Les exemples suivants proviennent de CNN.
Par exemple, Wells Fargo (WFC) est assise sur plus de $17 milliards en prêts au secteur du pétrole et du gaz. La banque met de côté $1,2 milliard de provisions pour couvrir ses pertes en raison de la «détérioration continue dans le secteur de l’énergie».
JPMorgan Chase (JPM) a mis de côté une somme supplémentaire de $124 millions pour couvrir les pertes potentielles dans ses prêts de secteur du pétrole et du gaz. Elle a averti que ce chiffre pourrait atteindre $750 millions si les prix du pétrole restent de façon inattendue à leur niveau actuel de $30 pour les 18 prochains mois.
Citigroup est une autre banque qui a aussi une très grosse exposition.
Citigroup (C) a constitué des réserves pour des pertes sur des prêts dans le secteur de l’énergie pour $300 millions. La banque dit que le mouvement reflète son opinion selon laquelle «les prix du pétrole sont susceptibles de rester bas pendant une période de temps plus longue».
Si le pétrole reste autour de $30 le baril, Citi se prépare à environ $600 millions de pertes sur les crédits énergie pour la première moitié de l’année 2016. Citi a déclaré que ce chiffre pourrait doubler pour atteindre $1,2 milliard si le pétrole chute jusqu’à $25 le baril et y reste.
Pour le moment, ces grandes banques disent au public que les dommages peuvent être contenus.
Mais ne nous disaient-ils pas la même chose sur les prêts hypothécaires subprime en 2008 ?
Nous voyons déjà les valeurs bancaires se mettre à glisser précipitamment. Les gens commencent à se rendre compte que ces banques sont dangereusement exposées à beaucoup de très mauvaises affaires.
Si le prix du pétrole devait remonter au-dessus de 50 dollars à très court terme, les dommages seraient probablement gérables. Malheureusement, cela ne semble pas susceptible de se produire. En fait, maintenant que les sanctions ont été levées sur l’Iran, les Iraniens ont l’intention d’inonder le monde avec d’énormes quantités de pétrole qu’ils ont stockées dans des pétroliers en mer.
L’Iran a soigneusement planifié son retour d’après les pénalités économiques par la thésaurisation de tonnes de pétrole dans des pétroliers en mer.
Maintenant que les États-Unis et l’Union européenne ont levé certaines sanctions contre l’Iran, le pays de l’OPEP peut commencer à vendre son stock massif de pétrole. La vente de ce pétrole par voie maritime va permettre à l’Iran d’obtenir un coup de pouce financier immédiat avant de fortement augmenter sa production [après modernisation, NdT].
L’assaut du pétrole iranien arrive à un moment terrible pour les marchés mondiaux du pétrole, qui sont déjà noyés dans une surabondance épique de l’offre.
L’autre jour, j’ai expliqué que certaines des plus grandes banques dans le monde prévoyaient maintenant que le prix du pétrole pourrait bientôt tomber beaucoup, beaucoup plus bas.
Morgan Stanley dit qu’il pourrait atteindre 20 dollars le baril, la Royal Bank of Scotland dit 16 dollars et Standard Chartered 10 dollars.
Mais la vérité est que le prix du pétrole n’a pas besoin de descendre d’un centime de plus pour avoir un impact catastrophique sur les marchés financiers mondiaux. S’il ne fait que rester à ce niveau, nous allons voir un défilé sans fin de licenciements, de faillites d’entreprises autour de l’énergie et de défaut sur leur dette. Sans aucun changement, les obligations pourries continueront à s’effondrer et les institutions financières à tomber comme des dominos.
Nous subissons déjà une catastrophe majeure. Les choses sont si mauvaises que certaines catégories de pétrole brut de faible qualité sont littéralement vendues pour trois fois rien. Le texte qui suit provient de Bloomberg.
Le pétrole est si abondant et si peu cher aux États-Unis qu’au moins un acheteur dit qu’il ne paierait presque rien pour prendre un certain type de brut de faible qualité. Flint Hills Resources LLC, la filiale de raffinage de l’empire industriel des frères milliardaires Charles et David Koch, a déclaré qu’il a offert de payer 1,50 dollars le baril vendredi pour du pétrole de qualité Sour du Dakota du Nord, un pétrole brut à haute teneur en soufre, selon une liste corrigée des prix publiée sur son site internet lundi. Il avait déjà posté un prix de $-0,50. Le brut est en baisse de $13,50 le baril depuis un an et de $47,60 depuis janvier 2014.
Le fait que le prix proche de zéro est dû au manque de capacité en oléoducs pour une variété particulière de qualité de brut ultra-basse, souligne combien les affaires sont catastrophiques dans l’industrie pétrolière aux États-Unis.
Un tableau, que je voyais posté sur ZeroHedge plus tôt aujourd’hui, peut aider à mettre tout cela en perspective. Chaque fois que le prix du pétrole tombe vraiment bas par rapport au prix de l’or, il y a une crise mondiale majeure. En ce moment une once d’or permet d’acheter plus de pétrole que jamais auparavant, et beaucoup pensent que cela indique qu’une nouvelle grande crise est sur nous…
Le nombre de barils de pétrole qu’une seule once d’or peut acheter n’a jamais, jamais été aussi élevé.
Sur toute la planète, les grandes banques regorgent absolument de mauvais prêts. Et pour être honnête, les grandes banques aux États-Unis sont probablement en meilleure forme que certaines des grandes banques en Europe et en Asie. Mais une fois que les dominos vont commencer à tomber, très peu d’institutions financières vont s’en sortir indemnes.
Dans les prochains jours, je m’attends à voir plus de gros titres en provenance d’Italie. Apparemment, les banques italiennes sont en voie d’effondrement total, et la vente à découvert a été interdite temporairement. Pour moi, il semble que nous ne sommes qu’à quelques pas d’une panique financière à part entière en Europe.
Cependant, tout comme avec la dernière crise financière, vous ne savez jamais où se produira la prochaine explosion.
Mais une chose est sûre, la crise financière qui a débuté au cours de la seconde moitié de 2015 semble hors de contrôle, et ce que nous avons vu jusqu’à présent n’est que le début de grandes souffrances.
Michael Snyder
Traduit par Hervé, vérifié par Ludovic, relu par Diane pour le Saker Francophone
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