Le tweet obscène de Bolsonaro sur le Carnaval exprimait une idée importante


Par Andrew Korybko – Le 7 mars 2019 – Source eurasiafuture.com

andrew-korybkoOn peut penser ce qu’on veut de Bolsonaro, mais son tweet obscène, posté au sujet du Carnaval de Rio a levée une idée importante : il a réussi à attirer l’attention générale sur la détérioration rapide des mœurs de la société brésilienne, en lien avec la « normalisation » des manifestations publiques d’activités homosexuelles marginales.

Bolsonaro, le président brésilien récemment investi, a provoqué un scandale mondial après avoir tweeté une vidéo courte mais extrêmement obscène, montrant deux fêtards en pleins ébats homosexuels, perchés sur un abribus, au cours des festivités du Carnaval qui a eu lieu cette semaine. Les médias internationaux ont traduit ses commentaires, rédigés en langue portugaise :

Je ne me sens pas à l’aise de montrer cela, mais nous devons exposer la vérité pour que la population sache et définisse ses priorités. Voilà ce que sont devenus beaucoup de fêtes de rue. Commentez et tirez-en vos propres conclusions.

Les médias traditionnels et alternatifs se sont immédiatement saisis du sujet, centrant surtout leur attention sur les attaques contre Bolsonaro pour avoir publié la vidéo et sans s’attarder sur le contenu de cet enregistrement. L’attention publique a ainsi été portée sur la rengaine de ses détracteurs, qui mettent en cause sa santé mentale ou dénoncent son « homophobie » tacite.

Mais ils ratent (sans doute exprès) le vrai sujet : Bolsonaro n’a pas partagé cette vidéo parce qu’il serait « fou » ou « haïrait les homosexuels », mais parce qu’il voulait soulever l’attention générale sur la détérioration rapide des mœurs de la société brésilienne, consistant à « normaliser » la manifestation au grand jour d’activités homosexuelles marginales, comme l’auto-pénétration annale frénétique par un doigt, ou le fait de se faire uriner sur la tête par ce que l’on peut présumer être un inconnu choisi au hasard. Indépendamment de ce que l’on peut penser des politiques de Bolsonaro (sur les plans domestique ou international) et des commentaires socio-culturels controversés qu’il a étalé au fil du temps, mais il a raison de lever l’alarme : certains segments de la société n’ont aucun problème à pratiquer des activités sexuelles dans la rue, en particulier des activités « non-traditionnelles » (par exemple, homosexuelles), qui plus est sur le toit d’un mobilier urbain, et possiblement à la vue d’enfants. Ce n’est pas de débauche qu’il faut parler ici, mais de dégénérescence et même de pornographie pure et simple.

Quelles que soient les opinions de chacun en matière de sexualité en général, ou d’homosexualité en particulier, il est considéré comme extrême dans pratiquement toutes les sociétés de la planète de pratiquer des activités sexuelles en public, sans parler d’activités homosexuelles et encore moins d’activités particulièrement déviantes, consistant à se doigter soi-même l’anus avant de se faire uriner dessus par un étranger, tout ce « spectacle » étant joué sur le toit d’un abribus au milieu d’une foule agitée. Les critiques de Bolsonaro évitent ce sujet, et détournent l’attention publique du contenu de sa vidéo, évidemment dans l’objectif de rallier les opinions à leurs vues politiques, mais ce faisant, ils « normalisent » des actes pervers visibles aux yeux de tous sur la vidéo, et contribuent à l’effondrement de la société. Bolsonaro, qui se rend compte que cette dynamique approche un dangereux point de non-retour, a réalisé sur Twitter une tentative ultime de renverser la vapeur avant qu’il ne soit trop tard.

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

Note du Saker Francophone

Contrairement aux idées reçues, même sur les plages de Rio, les gens restent pudiques. La pratique du topless par exemple n'existe pas. Seule la faible surface des tissus et le string-ficelle semblent être l'objet de fantasmes.

Traduit par Vincent pour le Saker Francophone

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