Par Andrew Korybko – Le 2 mai 2019 – Source eurasiafuture.com
Les attentats terroristes récemment survenus au Sri Lanka ont rappelé au monde le fléau que constituent les groupes radicaux, et ont engendré des discussions au niveau mondial quant aux meilleures méthodes permettant d’éviter cette menace en amont. La présence de certains des auteurs semble depuis avoir été signalée en Inde, pays voisin du Sri Lanka, mais également en Australie et jusqu’au Royaume-Uni, sans que ces pays n’aient eu la moindre idée qu’ils hébergeaient de futurs terroristes sur leur sol, sans parler du Sri Lanka lui-même, victime finale de leur complot.
Nombreuses sont les voix qui s’interrogent, à l’échelle de la planète, et se demandent d’où proviennent ces échecs à prévenir ces attentats avant qu’ils ne soient commis. Mais il est bien plus utile de s’intéresser à l’avenir qu’au passé, afin de s’assurer que de tels événements ne pourront jamais se reproduire : c’est ici que le programme de déradicalisation mis en œuvre par la Chine présente le meilleur exemple possible à suivre pour l’ensemble de la communauté internationale.
La république populaire mène depuis plusieurs années déjà un ambitieux programme de formation et de préparation à l’emploi, dans sa région occidentale du Xinjiang. Ce programme fut conçu et lancé en réponse de menaces terroristes provenant de cette région du pays, et est couronné de succès : au crédit de la Chine, on n’y a pas connu d’attentat de grande échelle depuis son lancement. Contrairement aux déclarations fausses et ridicules publiées dans certains médias étrangers, la Chine ne marche pas sur les traces de Hitler et n’enferme pas les minorités religieuses dans des « camps de concentration » ; elle identifie pro-activement les membres à risque de la société du Xinjiang, voire déjà radicalisés, qui pourraient constituer une menace pour la sécurité de ses autres citoyens, et elle les inscrit de manière responsable dans des programmes de déradicalisation approfondis, pour leur retirer le lavage de cerveau qu’ils ont subi. Au cours de cette période, ces personnes reçoivent également une formation professionnelle, afin qu’elles puissent réintégrer la société une fois libérées, et travailler sur les Nouvelles routes de la soie, qui traversent cette région au fort potentiel géostratégique.
Début 2019, la Chine a autorisé des diplomates et journalistes étrangers à rendre visite à certaines de ces infrastructures de formation ; aucun des experts ayant réalisé ces visites n’a signalé de violation de droits de l’homme. Au contraire, on a entendu des commentaires positifs quant à ces programmes, émis jusque par les experts musulmans qui avaient opéré ces visites. Il est d’ailleurs important de signaler que ni le gouvernement pakistanais, ni le gouvernement saoudien n’ont critiqué le programme chinois. Ces deux pays influents inspirent beaucoup de respect de la part de la communauté musulmane internationale, et ont l’obligation religieuse de s’exprimer si leurs coreligionnaires se voient opprimés – ils n’ont formulé aucune plainte pour ce qui concerne le programme chinois, du fait qu’aucune oppression n’y est à déplorer. L’on peut donc en conclure que les critiques hystériques formulés par certains pans des médias étrangers vis-à-vis de ce programme de déradicalisation constituent des infox, et qu’en réalité il n’y a pas lieu de s’inquiéter quant aux actions chinoises en la matière.
Ceci étant posé, il n’y a donc aucune raison à ce que d’autres pays ne puissent adopter certains éléments de ce programme, en les adaptant à leurs besoins spécifiques, au lendemain des attentats du Sri Lanka. Après tout, les stratégies anti-terroristes les plus efficaces ne sont pas cinétiques ; elles sont non-cinétiques. En d’autres termes, il faut s’appuyer sur des mesures non-contraignantes pour qu’un programme de déradicalisation soit tenable dans le temps. Se borner à arrêter les individus radicalisés, puis les libérer à l’issue d’une peine de prison dans la société ne règle pas le problème, et peut même l’aggraver : les anciens détenus disposent alors de raisons supplémentaires d’en vouloir au gouvernement, et peuvent aller jusqu’à dédier le reste de leur vie à mener des actions terroristes contre celui-ci. Il est donc préférable de déradicaliser ces personnes lors de leur séjour en prison, et de les libérer après leur avoir transmis une formation professionnelle utilisable, qui fera d’eux des membres responsables de la société une fois libérés. C’est exactement ce que fait la Chine, et cela devrait constituer un exemple pour le reste du monde.
Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par Vincent pour le Saker Francophone