Le premier ministre géorgien dénonce la tentative américaine de changement de régime


Par Moon of Alabama – Le 3 mai 2024

Dans l’article du 18 avril, j’avais évoqué une récente tentative de révolution colorée en Géorgie :

Les États-Unis et l’Union européenne font pression contre une loi géorgienne qui révélerait leur influence secrète

Les organisations qui reçoivent actuellement de l’argent de diverses organisations gouvernementales ou non gouvernementales des États-Unis ou de l’Union européenne ne sont évidemment pas ravies de devoir révéler leur association avec de telles sources. Elles veulent faire du lobbying pour leurs intérêts sans être identifiées comme des influenceurs étrangers.

Elles ont donc organisé des manifestations contre le gouvernement et le parlement de leur pays, qui ont adopté la loi en première lecture. Deux autres lectures seront nécessaires pour finaliser la loi.

Les manifestants contre la loi affirment qu’il s’agit d’une « loi russe » contre les « agents étrangers« .

Cependant, la loi n’est pas non plus « à la russe » – il s’agit d’une copie de la FARA – et ne contient pas le mot « agent« , qui est lourd de sens. Elle n’accuse personne d’être un agent étranger, mais cherche à assurer la transparence publique sur les influences financières étrangères, ce qui inclut bien sûr les influences russes.

Malgré les violentes protestations des suspects habituels, le projet de loi en question a été adopté en deuxième lecture par le parlement géorgien. Une troisième et dernière lecture est attendue pour la mi-mai.

Le complexe d’ONG des organisations de changement de régime des États-Unis et de l’Union européenne en Géorgie est énorme :

Lord Bebo @MyLordBebo – 8:20 UTC – 3 mai 2024

🇬🇪 « La Géorgie a l’une des plus grandes quantités d’ONG par habitant !

– 20 000 ONG sont actives en Géorgie !

– 1 ONG pour 148 citoyens !

– 90 % d’entre elles sont financées par des pays étrangers ! »

-> Il n’est pas pro Russie, il est pro Géorgie et les manifestants sont pro argent !

-> Entretien de la BBC avec Nikoloz Samkharadze, président de la commission des affaires étrangères du Parlement géorgien (vidéo)

Le gouvernement actuel de la Géorgie dispose d’une solide majorité et sait manifestement ce qui se passe dans son pays.

Il a rejeté une récente invitation – conditionnelle – des États-Unis :

Le gouvernement géorgien a décliné une invitation des États-Unis à discuter de partenariat stratégique et d’assistance, rapporte Ekho Kavkazu.

Le ministère des affaires étrangères de Géorgie a confirmé avoir reçu l’invitation du Premier ministre. Toutefois, avant la visite, le parlement était censé suspendre temporairement l’examen du projet de loi sur la transparence de l’influence étrangère.

Or, le parlement ne l’a pas fait.

Maintenant, regardez cette gifle très publique que le Premier ministre Irakli Kobakhidze donne à Derek H. Chollet, le conseiller du Département d’État américain :

Irakli Kobakhidze @PM_Kobakhidze – 8:13 UTC – 3 mai 2024

J’ai parlé à @CounselorDOS et j’ai exprimé ma sincère déception concernant les deux tentatives de révolution de 2020-2023 soutenues par l’ancien ambassadeur américain et celles menées par des ONG financées par des sources extérieures. Si ces tentatives avaient réussi, une deuxième ligne de front aurait été ouverte en Géorgie.

En outre, j’ai expliqué à M. Chollet que les fausses déclarations faites par les fonctionnaires du département d’État américain au sujet du projet de loi sur la transparence et les rassemblements de rue nous rappellent les fausses déclarations similaires faites par l’ancien ambassadeur américain en 2020-2023, qui ont servi à faciliter la violence de la part d’acteurs financés par l’étranger et à soutenir les processus révolutionnaires à l’époque.

J’ai également précisé à M. Chollet que le rétablissement des relations dans ce contexte nécessitait un effort particulier, impossible à réaliser sans une approche juste et honnête.

Je n’ai pas fait part à M. Chollet de mes préoccupations concernant la répression brutale des manifestations étudiantes à New York.

Il est rare de voir une petite puissance comme la Géorgie dénoncer publiquement les méfaits des États-Unis.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

   Envoyer l'article en PDF