« C’est l’époque la plus bizarre de l’histoire de l’humanité. De loin. Rien d’autre ne s’en approche. Des milliardaires qui essaient de tuer tout le monde. La société civile est incapable de former une pensée cohérente. Les institutions gisent dans des ruines fumantes. Des poisons distribués comme des bonbons. Nous sommes des Néandertaliens avec des iPhones ». – Toby Rogers
Par James Howard Kunstler – Le 22 avril 2024 – Source Clusterfuck Nation
Cela vous a-t-il fait chaud au cœur de voir tous ces drapeaux ukrainiens bleus et jaunes agités par nos élus au Congrès samedi soir, lors de l’adoption de la loi d’aide de plus de 60 milliards de dollars à la Palookaville de l’Europe ? Vous réalisez, n’est-ce pas, que l’infime partie de cet hypothétique « argent » – provenant du trésor vide de notre pays – qui, s’il atteint jamais l’Ukraine, rebondira instantanément sur le compte bancaire de Zelensky aux îles Caïmans. Le reste de l’argent entre dans le jeu de passe-passe récursif entre les fabricants d’armes américains et les membres du Congrès qui agitent ces drapeaux bleus et jaunes, qui recevront de grandes quantités de « dons de campagne » de la part de reconnaissants fabricants de bombes et de missiles. Il n’est pas étonnant qu’ils se réjouissent.
Ce que ces plus de 60 milliards de dollars ne feront pas, c’est fournir des armes et des équipements neufs à la triste armée ukrainienne suffisamment tôt pour empêcher la Russie de mettre fin à cette guerre cruelle, stupide et inutile, que nous avons déclenchée. Oui, c’est nous qui l’avons commencée, pas la Russie, en 2014, avec notre blob des services de renseignement qui a renversé le président élu Viktor Yanukovych lors de la soi-disant « révolution de la dignité de Maidan« (c’est ainsi que Wikipédia l’appelle). Et pour quelle raison ? Pour faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN en prélude à un « affaiblissement » de la Russie suffisant pour la démanteler et prendre le contrôle du pétrole, des minerais et des céréales russes.
Oui, c’était en fait le jeu des néocons, mélange de mégalomanie et d’orgueil démesuré, un fiasco aussi malheureux sur le plan stratégique que la tentative d’Hitler de prendre le contrôle des champs pétrolifères de la Russie via Stalingrad en 1942-1943. Avec l’échec et l’humiliation qui se profilent en Ukraine, l’objectif du blob pour l’instant, en théorie, est le vain espoir de prolonger les hostilités juste assez longtemps pour que son président hologramme, « Joe Biden », soit réélu, afin que ledit blob puisse poursuivre sa digestion amibienne de ce qui n’a pas été mangé par lui dans notre république endolorie. On peut se demander, bien sûr, ce que ce blob pense qu’il restera à gouverner lorsqu’il aura fini de tout engloutir et d’emprisonner tous ceux qui, d’un océan à l’autre, s’y opposent.
Dites-moi comment l’Ukraine peut l’emporter dans cette guerre par procuration sans déclencher un échange de bombes nucléaires qui mettrait fin à la civilisation ? L’Amérique ne dispose pas de suffisamment de missiles tactiques et d’obus d’artillerie pour les envoyer là-bas. Ce que nous avions a disparu. L’OTAN n’en a jamais eu beaucoup pour commencer. L’Ukraine n’a plus de chair à canon disponible à enrôler dans sa population en déclin. Malgré les récentes fanfaronnades de Macron, l’OTAN n’est pas en mesure de mettre sur pied une armée crédible, ni même de se mettre d’accord sur quel pays enverra quoi. Personne ne viendra à la rescousse. Au contraire, la Russie renforce son industrie de l’armement et son armée tout en coupant systématiquement l’électricité dans toute l’Ukraine en faisant exploser les centrales électriques. Très bientôt, l’Ukraine sera réduite à des conditions de vie moyenâgeuses : pas de lumière, pas de téléphone, pas d’Internet, pas d’achats, pas de capacité à mener une guerre moderne. Fin de l’histoire.
Tout cela va se dérouler bien plus vite que les médias américains contrôlés par les blobs ne pourront mentir pour le cacher. Je pense que tout sera terminé avant le milieu de l’été. Le résultat sera une nouvelle humiliation sur la carte de pointage de « Joe Biden ». À la fin, vous pouvez être sûrs que les Russes s’abstiendront de danser dans la zone d’en-but pour ne pas provoquer les génies perdants de l’Amérique dans un dernier acte de vengeance mesquin et grandiose. La Russie se contentera de déclarer sobrement ce qui est évident : l’Ukraine a été pendant des siècles dans sa sphère d’influence, comme le Mexique est dans la nôtre, et ils ont rétabli l’ordre naturel des choses dans ce coin du monde.
Après cela, l’Amérique et le reste de la civilisation occidentale pourront s’occuper de l’effondrement de leur système financier et très probablement d’une période de profond chaos politique et économique au cours de laquelle les gouvernements tomberont, les nations changeront de frontières et de formes, et leurs populations souffriront dramatiquement de l’implosion de leur niveau de vie. Ce processus pourrait en fait se dérouler un peu plus lentement que la fin de la guerre en Ukraine au cours des prochaines années. Il ressemblera à un jeu combiné de chaises musicales et de patates chaudes, les possibilités de s’asseoir s’amenuisant progressivement et les perdants se retrouvant avec des choses qu’ils ne peuvent pas gérer.
Pendant ce temps, notre pays – rappelez-vous, les États-Unis, lorsqu’ils avaient un mojo enviable qui fonctionnait ? – est occupé à devenir fou et à trouver soixante façons de se suicider le dimanche. Comment pensez-vous que le Parti Démocrate pourra prétendre à la réélection de « Joe Biden » lorsque l’échec de l’Ukraine sera terminé ? Réponse : ils ne le pourront pas. Le spectacle abrutissant du vieux gaffeur qui se cache dans sa maison sur la plage et évite de se confronter directement à la réalité touche également à sa fin. Au lieu de mettre un terme aux activités de « JB », un matin humide dans le marais, ses manipulateurs lanceront une « alerte médicale », et ce sera la dernière fois que nous verrons cette épouvantable apparition.
Il semble de plus en plus que le Parti Républicain soit confronté à sa propre guerre civile, surtout après le revirement étonnant du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, lors du vote sur l’aide à l’Ukraine. Vous vous souvenez qu’il y a quelques semaines, il avait dit non à un tel accord s’il n’était pas accompagné d’un arrêt de l’invasion de notre frontière mexicaine. Puis, les agents du blob des services de renseignement l’ont attiré dans un SCIF (Sensitive Compartmented Information Facility) où ils lui ont montré… quelque chose…. . ! Tout le monde meurt d’envie de savoir quoi. Un accord secret signé faisant de l’Ukraine notre 51e État ? Des photos de Mike en train de s’adonner à des activités malsaines avec Dieu sait qui ou quoi ? Ou ont-ils simplement eu une petite discussion avec lui sur la façon dont les choses sont censées fonctionner ? Quoi qu’il en soit, la position de Mike Johnson est devenu intenable. Et comme il n’a rien expliqué, il doit partir.
À l’autre bout de tout cela se tient – ou plutôt s’assoit à une table de défense – Donald Trump, le leader apparemment inévitable d’un parti qui cherche à le cracher comme une boule de poils coincée dans sa gorge. Et pourtant, chaque semaine qui passe, les divers pièges juridiques mis en place pour l’attraper semblent plus amateurs et gauche – tandis que le Golem d’or de la grandeur parvient à surmonter toute cette adversité. Une grande partie du parti qu’il dirige est impliquée dans ce jeu infâme. Trump reflète l’humeur de plus en plus enflammée du peuple américain, au nom duquel le jeu est censé se dérouler. Le fait que tout le monde leur mente sur tout est devenu une sorte d’olympiade de la mauvaise foi.
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone