Un éditorial du Global Times – Le 25 décembre 2022
Le journal britannique The Guardian a publié, le 24 décembre, un article dont le titre est “L’Australie et la Chine font équipe pour protester contre les blocages de l’OMC causés par les vetos américains sur la cour d’appel.” En fait, il ne s’agit pas seulement de “l’équipe Chine-Australie“, mais d’une proposition conjointe de pas moins de 127 membres visant à protester contre l’obstruction à long terme des États-Unis à la nomination des juges de la cour d’appel suprême de l’OMC, obstruction qui paralyse cet organe depuis trois ans. La proposition demande le lancement immédiat du processus de sélection des juges et le rétablissement du fonctionnement normal du mécanisme de règlement des différends de l’OMC dans les meilleurs délais.
Il s’agit de la 61e proposition faite par la grande majorité des membres de l’OMC sur ce problème, et elle représente la voix commune et forte de la justice dans le monde. Ce qui est exaspérant, c’est que les États-Unis viennent de répondre avec mépris pour la 61e fois. The Guardian a mis en exergue la Chine et l’Australie, pensant peut-être qu’il serait accrocheur de dire que même l’Australie soutient la Chine contre les États-Unis. Mais cela montre bien que, sur une question internationale majeure, les États-Unis se situent à l’opposé absolu de la société internationale. Le pire, c’est qu’ils y sont totalement indifférents, refusant d’accepter ou de fournir des raisons juridiques légitimes pour entraver le processus de sélection, et confrontant le monde à leur propre égoïsme.
La proposition soulignait “l’urgence et l’importance” aux yeux de tous, et l’urgence et l’importance s’accentuent avec le temps. Anne Osborn Krueger, l’ancienne économiste en chef de la Banque mondiale, a récemment publié un article avertissant que les pays du monde entier se dirigent vers une guerre commerciale mondiale. Les nouvelles lois étasuniennes sur la réduction de l’inflation et la loi sur le CHIPS et la science entreront toutes deux en vigueur le 1er janvier 2023. On peut dire que ce sont deux bombes à retardement commerciales que les États-Unis ont larguées sur le monde. Parmi elles, les dispositions discriminatoires de protectionnisme commercial ont fait l’objet d’une opposition unanime de la communauté internationale, y compris de la plupart des alliés des États-Unis, ce qui risque de déclencher une guerre commerciale mondiale de très grande ampleur. Il est concevable que cela constitue un fardeau insupportable pour l’économie mondiale l’année prochaine.
C’est comme si malgré l’arrivée d’inondations, les États-Unis perçaient un trou dans le barrage de de rétention construit par la communauté internationale, et que personne n’est autorisé à s’y opposer. C’est une situation périlleuse à laquelle le commerce international est confronté aujourd’hui. Les dirigeants de nombreuses organisations internationales telles que l’OMC, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont exprimé leurs inquiétudes quant au risque de récession économique mondiale, l’année prochaine. Dans ce contexte, si une guerre commerciale mondiale éclatait, cela ne ferait qu’ajouter une insulte à l’injure. Un rapport publié par l’OMC prévoit un fort ralentissement de la croissance du commerce mondial en 2023. La croissance devrait tomber à 1 % l’année prochaine, soit une forte baisse par rapport aux 3,4 % estimés précédemment. La situation est évidemment très grave. Les puissances commerciales du monde doivent agir pour éviter une guerre commerciale mondiale. Si les États-Unis continuent à jeter de l’huile sur le feu en cette période de crise mondiale, ils commettent des actes criminels contre les intérêts communs de l’humanité.
Dans une certaine mesure, les États-Unis sont devenus le rhinocéros fou du système commercial international. Les dégâts provoqués par les collisions peuvent conduire à l’effondrement du système commercial international, ce qui ne manquera pas de déclencher de graves conséquences mondiales et d’aggraver les troubles sociaux et la colère politique à l’échelle planétaire. Tous ces éléments devront être mis sur le compte des États-Unis. Il est à espérer que les États-Unis savent ce qu’ils sont en train de provoquer.
Les récents jugements de l’OMC, qui étaient défavorables aux États-Unis, ont porté un coup dur au pays et pourraient intensifier la mentalité rebelle des États-Unis. Compte tenu de leur caractère, les États-Unis ne chercheront pas à résoudre les problèmes par eux-mêmes. Au lieu de cela, il est plus probable qu’ils pensent que les problèmes trouvent tous leur origine dans le mécanisme de l’OMC. Dans le même temps, il est clair qu’un nombre croissant de pays ont exprimé leur opposition à l’égoïsme et à l’arrogance dont font preuve les États-Unis dans le domaine du commerce international. Les quatre caractérisations des États-Unis résumées par Li Chenggang, ambassadeur de la Chine à l’OMC, sont appropriées, à savoir “un saboteur du système commercial multilatéral“, “un expert de l’unilatéralisme et de l’intimidation“, “un manipulateur appliquant deux poids et deux mesures en matière de politiques industrielles” et “un perturbateur des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales“. En matière de commerce international, les États-Unis sont progressivement tombés dans une situation “aliénée“.
Certains affirment que si ce pays insiste pour suivre sa propre voie, nous ne pouvons rien y faire. On ne peut pas dire les choses ainsi et ce n’est pas le cas. Par exemple, en ce qui concerne la proposition conjointe des 127 membres, bien que les États-Unis l’aient rejetée une fois de plus, chaque fois qu’ils la refusent, le coût de leur crédibilité et la pression morale à laquelle ils sont confrontés augmentent de manière exponentielle, et ils finiront par atteindre un point critique qu’ils ne pourront plus supporter. Se tenant seuls de l’autre côté de la justice internationale, là où il gèle, les États-Unis pourront difficilement supporter le froid, quelle que soit leur audace.
Un éditorial du Global Times
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.