Alors que de nouvelles infox apparaissent
Par Moon of Alabama – Le 18 mars 2020
Le ministère de la Justice a abandonné sa plainte contre une société russe qui aurait influencé les élections de 2016. Mais alors que cette manipulation au sujet d’une campagne d’influence russe est maintenant complètement démystifiée, d’absurdes nouvelles déclarations sur de prétendues campagnes d’influence russes réapparaissent.
En février 2018, l’enquête Mueller sur des allégations d’ingérence dans les élections a abouti à l’inculpation d’une société et de personnes russes. Comme nous l’avions signalé à l’époque :
Hier, le ministère américain de la justice a inculpé l'Agence russe de recherche sur Internet pour des motifs juridiques douteux. Elle concerne treize personnes et trois entités juridiques russes. Le principal chef d'accusation est une prétendue "conspiration pour frauder les États-Unis". L'acte d'accusation publié vient appuyer notre ancienne conviction selon laquelle il n'y a pas eu de campagne "d'influence russe" pendant les élections américaines. Ce qui est décrit et dénoncé comme tel est plutôt un système de marketing commercial qui exploitait des sites web d'appât à clic pour générer des revenus publicitaires et créait des foules virtuelles autour d'un personnage tout aussi virtuel pour promouvoir ce que ses clients voulaient promouvoir. La taille de l'opération était minuscule comparée aux centaines de millions dépensés pour une campagne électorale. Elle n'a eu aucune influence sur le résultat des élections.
Nous pouvions l’affirmer car l’acte d’accusation disait en son argument numéro 95 :
Les accusés et leurs co-conspirateurs ont également utilisé ces comptes pour recevoir de l'argent de personnes américaines réelles en échange de l'affichage de promotions et de publicités sur les pages de médias sociaux contrôlées par l'ORGANISATION. Les accusés et leurs co-conspirateurs ont facturé certains commerçants américains et sites de médias sociaux américains entre 25 et 50 dollars américains par poste pour du contenu promotionnel sur leurs faux comptes utilisant des personnalités américaines populaires, notamment Being Patriotic, Defend the 2nd et Blacktivist.
Des trolls russes vendaient de l’espace médiatique à des annonceurs. Cela n’avait rien à voir avec l’élection présidentielle.
Notre article continuait ainsi :
L'acte d'accusation sert à faire croire au public que l'enquête Mueller "fait quelque chose". Il détourne l'attention de la remise en question de l'origine du dossier Steele. Il est rempli d'affirmations et d'hypothèses non prouvées. C'est une imposture dans la mesure où aucune des personnes ou entreprises russes inculpées ne se présentera jamais devant un tribunal américain.
La dernière phrase de cette citation a été prouvée fausse. L’une des personnes morales inculpées dans le cadre de l’enquête Mueller, la société russe Concord Management, a engagé un avocat américain et a attaqué le ministère de la justice. Le va-et-vient pendant les audiences préalables au procès devant le tribunal, qui peuvent être suivies dans le registre de l’affaire, s’est avéré très divertissant, car l’avocat de Concord, Eric Dubelier, se moquait du conseiller spécial et des avocats du ministère de la justice.
Lundi, le ministère de la Justice a abandonné l’affaire :
Lundi, le ministère américain de la justice a brusquement abandonné son action pénale contre une société contrôlée par un allié du président russe, Vladimir Poutine, qui aurait financé une campagne d'ingérence dans les élections américaines de 2016. Quelques semaines avant le début du procès, le ministère de la Justice a annoncé qu'il retirait les huit chefs d’accusation portés à l'encontre de Concord Management and Consulting, une société appartenant à Yevgeny Prigozhin.
Le ministère de la Justice affirme que Concord Management exige des preuves de son accusation alors que ces preuves sont secrètes. Une telle demande rend donc impossible l’ouverture d’un procès :
Dans un document déposé au tribunal fédéral du district de Washington, le ministère de la Justice a déclaré que la tactique de Concord, qui consiste à utiliser la loi et les procédures judiciaires américaines pour faire publier des renseignements classifiés liés aux preuves contre elle, constituait une menace pour la sécurité nationale. "Le gouvernement a conclu que de nouvelles procédures concernant Concord, une société russe sans présence aux États-Unis et sans risque de sanction significative en cas de condamnation, ne favorise ni les intérêts de la justice ni la sécurité de la nation", est-il écrit dans ce document.
Imaginez que quelqu’un qui est accusé d’un crime utilise la loi et les procédures judiciaires pour voir les preuves contre lui. Cela ne peut pas être autorisé. Abandonnons l’affaire.
Ceux qui défendent encore les absurdités de l’ingérence russe prétendront que c’est le procureur général de Trump, William Barr, qui a enterré l’affaire. Mais c’est faux :
L'équipe du procès comprenait Adam C. Jed, qui avait travaillé dans l'équipe de M. Mueller, et Heather Alpino, une avocate de la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice qui a travaillé en étroite collaboration avec le bureau du conseiller spécial. Tous deux ont signé le mémoire déposé lundi.
En gros, l’équipe de M. Mueller a donc abandonné sa propre affaire contre Concord parce qu’il n’y avait aucune chance qu’elle gagne.
Mais comme toutes les allégations sur les campagnes d’influence russes sont maintenant démystifiées, de nouvelles doivent être publiées afin que le mème prospère.
Reuters : La Russie désinforme sur le coronavirus pour semer la panique à l’Ouest, selon un document de l’UE
Les médias russes ont déployé une "importante campagne de désinformation" contre l'Occident pour aggraver l'impact du coronavirus, générer la panique et semer la méfiance, selon un document de l'Union européenne vu par Reuters. ... "Une campagne de désinformation significative lancée par les médias d'Etat russes et les médias pro-Kremlin concernant le COVID-19 est en cours", selon le document interne de neuf pages, daté du 16 mars, ... Il citait des infox créées par la Russie au sujet de l’Italie, le deuxième pays le plus touché au monde, selon lesquelles le système de santé serait incapable de faire face à la maladie et les médecins choisiraient qui vivrait ou mourrait par manque de lits.
On peut se demander si Reuters n’a pas confondu cette déclaration européenne louche avec son propre rapport spécial du 16 mars sur l’utilisation de la sélection par l’Italie dans sa lutte contre l’épidémie. Était-ce aussi une « infox » ?
Chaque fois qu'un lit se libère, deux anesthésistes consultent un spécialiste en réanimation et un médecin de médecine interne pour décider qui l'occupera. ... La crise médicale la plus dévastatrice en Italie depuis la Seconde Guerre mondiale oblige les médecins, les patients et leurs familles à prendre des décisions difficiles, une situation que Resta, un ancien médecin militaire, a déclaré ne jamais avoir connue, même en temps de guerre. ... L'Association italienne d'anesthésie, d'analgésie, de réanimation et de soins intensifs a publié de nouvelles directives le 7 mars. Parce qu'elle s'attend à un "énorme déséquilibre" entre les besoins cliniques de la population et les ressources en soins intensifs au cours des prochaines semaines, elle a déclaré à ceux qui sont en première ligne : Donnez la priorité à ceux qui ont la "plus grande chance de vivre".
Si les médias d’État russes ont effectivement rapporté que le système de santé italien est incapable de faire face à l’épidémie et que les médecins doivent choisir qui sauver, alors ils ont rapporté la vérité toute nue. Il y a eu plus de 4 000 nouveaux cas en Italie aujourd’hui et plus de 450 morts. C’est un nouveau record mondial.
Ce sont les médias occidentaux, principalement le New York Times, qui ont lancé des infox sur des campagnes d’influence russes qui n’ont jamais existé. Et ces médias occidentaux, principalement le New York Times, continuent de le faire.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone