Note du Saker Francophone : Nous publions cette traduction d’un article du Jerusalem Post pour que nos lecteurs puissent prendre conscience du genre de pensées publiquement exposées dans un journal grand public israélien. La lecture de cet article nous permet de mieux comprendre l’attitude guerrière à outrance du gouvernement israélien qui est, comme le montre tous les sondages, soutenue par une large majorité de la population israélienne. Ce genre d’article médiatique permet de banaliser une telle idée conquérante dans la conscience collective israélienne.
Par Mark Fish – Le 25 septembre 2024 – Jerusalem Post
Les versets de la Torah véhiculent des messages profonds que nous pouvons extraire avec perspicacité pour notre vie quotidienne. Le rabbin Shay Tahan, le Rosh Kollel de Shaarei Ezra à Brooklyn, NY, ouvre gracieusement ses portes pour les comprendre.
Le récent conflit au Liban soulève la vieille question concernant les frontières nord de la Terre d’Israël biblique. Où exactement Hachem [le Dieu juif, NdT] a-t-il défini les limites, et sommes-nous obligés de conquérir ces zones ? Les mitsvot de terouma et de ma’aser s’appliquent-elles à ces terres en tant que partie de la Terre d’Israël, ou sont-elles considérées comme situées en dehors des frontières ?
La Torah fournit des directives claires concernant les zones que nous avons reçu l’ordre de conquérir lors de la prise de possession du pays.
Au cours de la dernière génération, le terme « Grand Israël » est passé au premier plan. Il est parfois utilisé dans les discussions politiques ou religieuses sur les frontières idéales ou futures d’Israël, souvent dans le contexte d’aspirations messianiques ou sionistes. Certains l’interprètent comme un appel au rétablissement des frontières bibliques d’Israël. Cependant, le concept varie dans sa signification, allant des interprétations symboliques ou spirituelles aux revendications géographiques littérales.
Ce terme fait référence au concept des frontières bibliques de la Terre d’Israël telles qu’elles ont été promises au peuple juif dans diverses parties de la Torah. Il est souvent associé à la terre décrite dans l’Alliance avec Abraham (Brit Bein HaBetarim), qui s’étend du « fleuve d’Égypte » (interprété par certains comme le Nil ou un fleuve plus petit du Sinaï) au fleuve Perat. Cette vaste région comprend des parties de l’Israël actuel, la Cisjordanie, Gaza, le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Irak.
Lorsque Hachem a promis à Avraham Avinou la Terre d’Israël lors du Brit Bein HaBetarim, le verset dit (בראשית טז) : « Ce jour-là, Hachem a conclu une alliance avec Avram, en disant : À ta descendance, J’ai donné cette terre – depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, l’Euphrate. »
Dans la bénédiction à la fin de la paracha Ekev, Hachem nous dit que nous recevrons toutes les terres que nous conquérerons dans les frontières mentionnées. Au nord, la Torah déclare : « Tout lieu que foulera la plante de ton pied sera à toi – depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve – le fleuve Euphrate – jusqu’à la mer occidentale sera ta frontière. » Cette promesse du Créateur place clairement la terre du Liban dans la Terre promise d’Israël, ou ce que certains appellent « la Terre complète d’Israël », ou « le grand Israël ».
Le Ramban a écrit que le Liban se trouve dans les frontières d’Israël et ajoute que nous étions obligés et commandés de le conquérir.
Le Sefer Yehoshua commence par Hachem parlant à Yehoshua et répétant le commandement ci-dessus : « Tout lieu où ton pied posera le pied t’a été donné, comme je l’ai dit à Moïse, depuis le désert et le Liban jusqu’au grand fleuve, l’Euphrate. »
La tribu d’Asher est principalement associée à des régions qui incluent des parties du Liban. Après la conquête du pays par Yehoshua, les tribus ont établi leurs territoires, Asher s’étendant dans les zones adjacentes au Liban. Le texte décrit la frontière de la tribu d’Asher, en détaillant des sections de frontières et des listes de villes, dont certaines sont des villes frontalières qui marquent la limite de la tribu. Dans l’héritage de la tribu d’Asher se trouve la vallée d’Akko, au nord du mont Carmel, avec son point le plus septentrional dans la ville de Sidon.
L’extension de la Terre d’Israël pour inclure des territoires supplémentaires, comme dans le concept de « Grand Israël », a plusieurs implications halakhiques potentielles. Celles-ci tournent principalement autour de commandements qui sont spécifiquement liés à la terre, connus sous le nom de mitzvot hateluyot ba’aretz- (mitzvot dépendant de la terre). Certaines implications halakhiques clés incluent :
Mitsvot dépendant de la terre : Certains commandements agricoles ne s’appliquant qu’en Terre d’Israël. Ces mitsvot comprennent :
- la chemita (l’année sabbatique où la terre doit se reposer tous les sept ans).
- les teroumot et les maaserot (les dîmes données aux cohanim, aux lévites et aux pauvres).
- l’orlah (l’interdiction de manger les fruits des arbres pendant les trois premières années de leur croissance).
L’élargissement des frontières d’Israël signifierait étendre l’obligation d’observer ces mitsvot dans les territoires nouvellement inclus.
- Deux jours de Yomtov : Il y a une différence entre ceux qui vivent à l’intérieur des frontières d’Israël, qui observent un jour de Yom Tov, et ceux qui vivent à l’extérieur, qui observent deux jours. Par conséquent, si le territoire devait s’étendre jusqu’aux grandes frontières d’Israël, cette distinction s’appliquerait.
- Habitants et implantation : Selon certaines opinions, vivre dans les frontières bibliques d’Eretz Israël peut être considéré comme une mitsva. L’extension des frontières d’Israël pourrait étendre l’obligation pour les Juifs de s’installer et d’habiter ces zones.
- Voyager hors du pays : On ne peut pas quitter les frontières d’Eretz Israël si on y réside, sauf pour étudier la Torah, se marier ou pour gagner sa vie. Par contre, on peut voyager vers ces territoires supplémentaires s’ils sont conquis.
- Guerre et conquête : Le concept de La guerre ordonnée (mil’hemet mitzvah) comprend la conquête de certains territoires promis dans la Torah. Si de nouvelles terres sont identifiées comme faisant partie des frontières bibliques, il peut y avoir des discussions halakhiques sur l’obligation de les conquérir et de les coloniser.
Le fleuve Perat, communément identifié à l’Euphrate, est situé au Moyen-Orient. Il traverse plusieurs pays, dont la Turquie, la Syrie et l’Irak, avant de se jeter dans le golfe Persique. Dans les contextes bibliques, l’Euphrate est souvent mentionné comme une frontière importante dans les promesses faites au peuple juif concernant la Terre d’Israël.
Si l’on regarde une carte, on sera stupéfait de voir à quel point ce fleuve s’étend vers le nord et à quel point la Terre d’Israël est vraiment vaste. Même si nous ne pourrons peut-être pas la récupérer entièrement de notre temps, Hachem nous la rendra sûrement bientôt.
Mark Fish/Jerusalem Post
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.