Par Tom Luongo – Le 2 août 2022 – Source Gold Goats ‘N Guns
Vous trouverez ci-dessous mon intervention lors de la conférence de l’Institut Ron Paul sur la politique étrangère qui s’est tenue en juin à Houston.
Pour être honnête, je fais des allers-retours dans ma réflexion pour savoir si la géopolitique est le jeu de Go à sept joueurs dont je parle ici ou simplement le Calvinball, comme je l’ai avancé dans un article plus ancien ici. Le point le plus saillant de cet article, quelle que soit la métaphore ludique que vous préférez, est celui-ci :
{En envahissant l’Ukraine} La Russie a agi, fixant le tempo opérationnel à partir de ce moment. Elle a forcé les États-Unis et l’Europe à réagir en créant une nouvelle réalité et en établissant de nouvelles règles.
Les États-Unis étaient désormais ceux qui appliquaient les règles plutôt que ceux qui les établissaient. Vous pouviez vous en rendre compte parce que cela a provoqué de nombreuses vagues de déplacements à Moscou de la part d’officiels de tout l’Occident, qui ont essayé de dissuader les Russes de jouer à leur nouveau jeu.
En vain.
Les règles du jeu mondial ont changé parce qu’il y a maintenant plus d’un joueur capable de les dicter.
Il s’agit toujours d’un monde où « la force fait le droit » et toute discussion réelle sur « l’ordre fondé sur des règles » dépend entièrement de celui qui a le plus gros bâton au moment où les règles sont formulées.
C’est le problème essentiel de la modélisation de tout ce qui est basé sur ce qui est communément considéré comme les « règles du jeu » , c’est-à-dire le droit international et/ou les obligations des traités. Lorsque les choses deviennent désespérées, lorsque les tensions internes deviennent plus importantes que les forces qui maintiennent les sociétés ensemble, personne ne se soucie de savoir quelles étaient les règles.
Et Davos adore penser qu’il peut casser quelques œufs et reconstituer une meilleure omelette.
Si les traités sont importants, pourquoi tout le monde les traite-t-il avec un tel dédain ? Si ces structures internationales comme l’ONU et l’OMC sont importantes, pourquoi sont-elles si inefficaces pour contenir certains acteurs ?
Ou vaut-il mieux se débarrasser des illusions enfantines selon lesquelles ces institutions servent des idéaux supérieurs et ne sont en réalité que des mécanismes cyniques par lesquels elles donnent de la crédibilité à leur comportement égoïste ?
Lorsque vous regardez des choses comme les règles de l’OMC et les résolutions de l’ONU, y voyez-vous de l’équité ? Une égalité des chances ? Ou voyez-vous simplement des mécanismes visant à lier les acteurs les plus faibles dans des contrats d’adhésion au niveau international, lesquels se consolent en échangeant leur adhésion contre des retours futurs et en construisant une certaine confiance internationale ?
Parce que c’est ce que je vois.
Et est-il vraiment surprenant qu’après des siècles de colonialisme européen sévissant dans le monde entier sous diverses formes, ces anciennes colonies ne soient plus disposées à négocier des contreparties futures lorsqu’il y a deux joueurs prêts à se lever et à dire non ?
C’est pourquoi le plateau passe rapidement d’un désordre multicolore et chaotique à une carte binaire assez simple. C’est ce que la Russie a catalysé lorsqu’elle a envahi l’Ukraine. Ce n’était pas la fin du redécoupage des frontières par des moyens politiques, c’était la fin de l’illusion qu’un tel état ait jamais existé en premier lieu.
Une simple analyse de la stupidité qui a entouré la visite de Nancy Pelosi à Taïwan devrait suffire à le faire comprendre même aux plus stupides…. même Jon Stewart.
Nous sommes dans une période où tout un tas de « mesures » sont prises par des dirigeants imprécis. Quel régime va régner en maître et tout ça. Tout ce que je sais, c’est que les gens restent des gens, que les motivations comptent et qu’un jeu de cette ampleur ne se termine jamais comme nous le pensons.
Tom Luongo
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone