Lâchez les chiens


Par James Howard Kunstler – Le 10 août 2020 – Source kunstler.com

S’il réussit à passer la convention Démocrate « virtuelle » qui se tiendra (en quelque sorte) à Milwaukee la semaine prochaine (mais en réalité sur Internet), le discours de remerciement de Joe Biden ne sera pas un événement en direct. Au lieu de cela, la tête de M. Biden sera maintenue en place, comme sur une photographie de l’époque de la guerre civile, afin que le public ne voit pas son oreillette pendant qu’un assistant lui transmet son texte – ils n’oseraient pas se fier à un candidat lisant sur un téléprompteur. Et vous savez quoi ? Ça ne marche toujours pas. Ils devront couper et coller la vidéo de manière si radicale qu’elle ressemblera à un montage rapide du classique Plan Nine from Outer Space d’Ed Wood des années 50.

On a l’impression qu’il y a beaucoup de brouillage dans les coulisses de DNC-ville cette semaine avant le redoutable couronnement de la fête – et dans d’autres endroits aussi, comme Bedminster, New Jersey… le légendaire septième étage du siège du FBI… de l’autre côté de Pennsylvania Avenue au ministère de la Justice de William Barr… et trois blocs à l’est dans les salles sacrées de la Cour d’appel.

L’immobilisme inquiétant de M. Biden sur sa canne de VIP indique aux observateurs occasionnels que tout ce pudding de l’investiture est loin d’être cuit. Il est certain que quelques dirigeants du parti, qui ne sont pas fous, doivent savoir qu’Oncle Joe n’est pas prêt à se lancer dans la campagne. Ils n’osent pas imaginer ce qui se passera lorsqu’il sera amené à affronter la foule clairsemée de « militants aguerris » réunis dans les cafétérias des collèges du pays. Une sorte de débâcle roulante, c’est sûr : des cris, des concours de bousculades et des moments d’humiliation aphasique. Ça sera le retour au sous-sol [en auto-confinement chez lui dans sa cave, NdT], alors ? Je suppose que oui – mais qu’en est-il des débats auxquels M. Biden devra participer ?

Ils ne lui permettraient jamais de se présenter en direct. Au lieu de cela, prétextant d’une possible exposition au Covid-19, ils lui proposeront une connexion « virtuelle » avec Zoom, et une fois de plus, M. Biden sera équipé de la fidèle oreillette pour alimenter son discours. Ou alors, ils trouveront une autre excuse et le tireront tout simplement de là. Ce qui précède suppose que M. Biden reste le candidat du Parti Démocrate à la présidence, ce qui suppose beaucoup. En attendant, j’aimerais voir des images de drones aériens devant la résidence d’Hillary Clinton, à Chappaqua à New York, elle qui se cache cette semaine… les limousines qui vont et viennent, les camionnettes vidéo mobiles de CNN garées sur l’herbe avec un enchevêtrement de câbles qui courent jusqu’à la maison… le coup d’État pour mettre fin à tous les coups d’État…

Et que dire de l’action mystérieuse à Bedminster, New Jersey, la cachette de M. Trump ? Il a fait cette remarque intrigante la semaine dernière lors d’un arrêt de campagne dans l’Ohio : « J’ai beaucoup d’ennemis riches. Vous ne me verrez pas pendant un certain temps. » Les rumeurs abondent dans les médias non séditieux selon lesquelles quelque chose de moche est sur le point de tomber. Quelque chose qui pourrait peut-être faire éclater une fistule suppurante de corruption étatique profonde dont le RussiaGate n’était qu’un simple foyer secondaire septicémique. Quelque chose qui implique peut-être la piste du blanchiment d’argent qui a émané de l’Ukraine pendant le second mandat de Barack Obama – une véritable décharge fétide et puante de preuves recueillies furtivement sous le radar par Rudy Giuliani au cours de ces nombreux mois – dont les rôles de Joe et Hunter Biden sont déjà richement documentés, mais qui pourrait impliquer de nombreux autres pontes gouvernementaux des deux parties. Et je parle de preuves parce que, en tant qu’ancien procureur fédéral compétent, M. Giuliani sait faire la différence entre les calomnies et les preuves. M. Trump a-t-il laissé entendre dans l’Ohio que c’est l’heure de tirer le rideau ?

Le procureur général Barr a eu une conversation tranquille avec Mark Levin à la télévision hier soir, une heure curieuse d’euphémisme et de noyage de poisson, en particulier concernant l’affaire capitale des actions en retard du procureur américain John Durham dans le canular de la collusion russe. M. Levin a fait tellement de faux pas dans ses questions que cela semblait délibéré – par exemple en omettant de demander si M. Barr avait détecté une quelconque faute dans la poursuite du général Michael Flynn. Il y a de nombreuses raisons de supposer que les avocats de Robert Mueller se sont royalement mal comportés dans cette affaire, en s’associant au directeur du FBI Christopher Wray pour retenir une tonne de preuves à décharge jusqu’à ce jour. Il y a bien d’autres raisons de supposer que l’enquête de Robert Mueller était une imposture séditieuse et que plusieurs des membres de son « équipe » – par exemple Andrew Weissmann, Jeannie Rhee, Brandon Van Grack, Zainab Ahmad, Aaron Zebley, plus le procureur américain Tanisha Guahar, et peut-être M. Mueller lui-même – méritent d’être inculpés pour leurs efforts visant à renverser un président (sans parler d’une longue liste d’autres personnages désormais bien connus au sein du DOJ, du FBI, de la CIA et d’autres lieux de festin).

Parlant du général Flynn, sa requête en mandamus est présentée mardi devant une session en banc de la Cour d’appel de Washington. Il est difficile de voir comment ils peuvent contourner l’ordonnance de leur précédente formation de trois juges dans le cadre d’une requête en mandamus pour que le juge de district de DC Emmet Sullivan abandonne l’affaire, comme l’exigent maintenant les procureurs fédéraux qui l’ont d’abord introduite. Nous ne répéterons pas les fastidieux arguments juridiques, sauf pour dire que lorsqu’il n’y a pas de poursuites, il n’y a pas d’affaire, et le juge Sullivan n’a pas qualité pour agir lui-même en tant que procureur en vertu de la séparation des pouvoirs prévue par la constitution. Mais en ces jours sombres d’un système judiciaire militarisé, avec ses sbires de la police qui se cachent dans l’ombre, on ne peut pas dire quels engrenages de mauvaise foi tournent dans ce moulin.

Alors, attachez votre ceinture pour ce qui, tout à coup, ressemble à une semaine pleine d’action. Mettez de l’eau tonique et du gin de côté pour soulager le syndrome de la Covid-19 et pour une anesthésie auto-prescrite, alors que l’Amérique se fait déchirer par ses propres chiens de guerre.

Too much magic : L'Amérique désenchantéeJames Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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