Par Ron Unz — Le 17 juillet 2024 — Source unz.com
Durant les journées qui ont suivi la tentative d’assassinat contre Donald Trump, les médias d’information ont commenté abondamment l’événement : on a tenté d’assassiner Donald Trump lors d’une grande réunion de campagne tenue dans l’Ouest de la Pennsylvanie, et le candidat à la présidence a eu la chance de s’en sortir avec uniquement une éraflure sur l’oreille.
La photo de l’ancien président, se tenant le bras alors que des traînées de sang coulaient sur son visage, est devenue une image iconique mondiale, rappelant un peu la scène historique montrant les six marines étasuniens levant le drapeau des États-Unis à Iwo Jima, ce qui a largement consolidé son statut de favori. Dans les journées qui ont suivi la tentative d’assassinat, des personnalités comme Bill Ackman, le milliardaire et gestionnaire de fonds en capital risque, ainsi que l’industriel Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, ont officiellement affirmé leur soutien à Trump, et Musk a promis de contribuer la somme énorme de 45 millions de dollars par mois au bénéfice d’un comité politique pro-Trump.
Dans le même temps, les tentatives menées par divers Démocrates influents pour faire pression sur le président Joseph Biden afin qu’il abandonne sa candidature pour cause d’incapacité mentale ont totalement disparu de la scène, balayées par le récit de l’esquive de justesse de Trump. Comme les médias ne s’intéressent plus aux problèmes de Biden, les probabilités que le comité démocrate puisse le remplacer par un candidat plus fort se sont peut-être évanouies, ce qui augmenterait les chances de Trump de l’emporter en novembre.
Je n’ai pas suivi de près le récit de cette tentative d’assassinat, ni n’ai passé beaucoup de temps à enquêter sur les détails de l’incident, ni ne me suis penché sur le nombre considérable de théories contradictoires à ce sujet déjà disponibles sur Internet. Mais plusieurs personnes m’ont demandé mon opinion, que je peux donner ici, mais il ne faut pas lui donner plus de poids qu’elle n’en mérite, et ce d’autant plus que je n’ai pas de connaissances en matière militaire.
Selon les récits médiatiques, un jeune tireur âgé de 20 ans, répondant au nom de Thomas Matthew Crooks, a réussi, on ne sait comment, à accéder aux abords du rassemblement de Trump, armé d’un fusil d’assaut AR-15. Il est monté sur le toit d’un bâtiment proche de l’événement et a tiré à plusieurs reprises ; l’une de ses balles à blessé Trump à l’oreille et une autre a tué un membre de l’assistance, après quoi il s’est fait tuer par balle par un tireur embusqué appartenant à l’équipe de sécurité de Trump.
Qu’un tireur avec son arme puisse disposer d’une opportunité de tirer sur un candidat majeur à la présidentielle implique évidemment de très graves brèches dans le dispositif de sécurité assuré par les agents des Services Secrets qui protégeaient Trump ; cela soulève évidemment des soupçons importants évoquant un complot à la base de cette tentative. On a également vu circuler des messages sur les réseaux sociaux, évoquant que des participants au rassemblement ont remarqué le tireur, et ont alerté les autorités, mais que loin de l’abattre, ou au moins de protéger le candidat et de l’emmener en lieu sûr, le personnel de sécurité a attendu que l’assassin potentiel ait tiré avant de mener la moindre action.
À tout le moins, ceci constitue un énorme camouflet pour nos Services Secrets et pour les autres agences de maintien de l’ordre qui étaient présentes lors de cet événement, et dont la mission était de protéger Trump.
Étant donné les émotions extrêmes que soulève Trump aussi bien chez ses partisans que chez ses opposants, il n’est guère surprenant que cette histoire très étrange et très suspecte ait rapidement inspiré divers récits conspirationnistes, qui ont largement circulé dans les cercles adorant Trump et dans les cercles qui le conspuent.
Durant plus de huit ans, la plupart des membres de l’élite étasunienne a exprimé une haine bouillonnante à l’encontre de Trump, a fait tout son possible pour brider sa présidence, assurer sa défaite en 2020, puis pour l’empêcher de reprendre la Maison-Blanche en 2024. Peu après le 7 janvier 2021, jour qui avait vu une foule de partisans de Trump outrés envahir le Capitole, j’ai publié un article qui présentait les éléments indiquant de manière écrasante que les médias étasuniens ainsi que nos géants de l’Internet, assistés par de nombreux anciens agents malhonnêtes de nos services de renseignements, s’étaient ligués pour voler à Donald Trump les élections de 2020 :
- La Pravda américaine : notre élection contestée
Ron Unz • The Unz Review • 14 janvier 2021 • 2,000 mots
L’an dernier, j’ai discuté des efforts extraordinaires déployés par ces mêmes organes médiatiques biaisés en vue de dissimuler l’énorme scandale de corruption dans lequel trempent Joseph Biden et sa famille, aussi bien avant les élections de 2020, et continuant jusqu’aux élections de 2024.
- American Pravda: The Limits of Media Corruption
Ron Unz • The Unz Review • 22 mai 2023 • 3,400 mots
Plus récemment, alors que Trump déployait ses efforts pour reprendre la présidence, ses ennemis démocrates acharnés ont lancé une suite d’affaires judiciaires politiques délirantes, dans l’espoir que des condamnations pour des délits, ainsi qu’une possible peine d’emprisonnement, puissent détruire la popularité de Trump vis-à-vis de l’électorat. Mais au lieu de cela, Trump a continué de progresser dans les sondages, et sa nomination par le parti républicain s’en est trouvée consolidée.
- American Pravda: Donald Trump, Eugene Debs, and AMLO
Le système politique étasunien : risée du monde ou naufrage ?
Ron Unz • The Unz Review • 7 août 2023 • 4,900 Words
Après avoir échoué à chaque fois à stopper l’ascension de Trump, ses ennemis politiques ne disposaient plus guère d’option. Leur dilemme a fini par amener Tucker Carlson à émettre publiquement l’hypothèse qu’ils allaient finir par conclure qu’orchestrer l’assassinat de Trump serait leur meilleure chance d’empêcher son retour triomphant à la Maison-Blanche.
C’est sur cette toile de fond d’un Trump en tête dans les sondages et de Démocrates désespérés et craignant que Biden ne fasse pas le poids face à lui en novembre qu’un sniper a surpris tout le monde en réussissant sans problème à prendre dans sa ligne de mire le candidat lors d’un rassemblement politique, et si la trajectoire de la balle qu’il a tirée avait été différente d’une minute d’angle, Trump aurait facilement été tué. Au vu de ces circonstances, il faudrait être inconscient pour ne pas se montrer très soupçonneux par rapport à cette séquence d’événements.
Est-ce que les ennemis acharnés de Trump ont conspiré pour le faire abattre par une balle tirée par un assassin, comme cela se produisit il y a plus d’un demi-siècle pour le président John F. Kennedy puis pour son jeune frère Robert ? Cela est tout à fait possible, mais à moins que n’émergent des preuves nettement plus solides en faveur de cette thèse, je vais rester extrêmement sceptique vis-à-vis de cette théorie.
Assassiner un ancien président en tête dans les sondages représente une entreprise très sérieuse, et la survie de Trump a fortement renforcé le soutien dont il jouit aussi bien de la part des électeurs que de la classe des donateurs milliardaires, sans compter que le dispositif de sécurité qui l’entoure va probablement être massivement amélioré. Je pense qu’il est très peu probable qu’un nouveau sniper puisse de nouveau le prendre en ligne de mire à un rassemblement, ou ailleurs. Comme Emerson l’a dit, « Lorsque vous frappez un roi, il faut le tuer. »
Si donc les ennemis de Trump avaient décidé de le faire tuer, je doute qu’ils auraient choisi pour assassin un jeune de 20 ans sans entraînement travaillant dans un foyer de soins, une décision qui a débouché sur l’échec que l’on connaît. Ils auraient certainement fait appel aux compétences d’un sniper nettement plus compétent, un tireur qui n’aurait jamais raté sa cible. Faire en sorte que les Services Secrets et la police locale baissent la garde et laissent au tireur une ouverture impliquait des risques politiques considérables, et qu’est-ce qui pouvait en sortir si le tireur choisi n’avait pas les compétences pour aligner correctement son tir ? Si un individu puissant ou une organisation puissante avaient été derrière le complot en vue de l’assassiner, Trump serait aujourd’hui mort, et les Étasuniens seraient en train de débattre non pas au sujet d’un assassinat raté, mais d’un assassinat réussi.
Les dizaines de membres des services de sécurité qui ont laissé Trump vulnérable sont désormais dénoncés comme très négligents par les médias, et si l’un ou l’autre d’entre eux avait reçu des ordres suspects responsables de cette débâcle, il ferait certainement un pas en avant et se défendrait en expliquant les événements qui se seraient produits et mouillant les responsables. Puisqu’aucun d’entre eux ne fait ce pas en avant, la probabilité d’un complot anti-Trump se dissipe peu à peu, et l’explication de la pure incompétence devient la théorie la plus plausible.
J’ai pu voir que des témoins affirmaient que le tireur était vêtu d’un T shirt d’apparence militaire, et qu’il portait tranquillement son arme au vu et su de tous, ce qui a amené la plupart des témoins de la scène à supposer qu’il était membre de l’une des diverses organisations en charge d’assurer la sûreté de Trump. Cela ressemble exactement au type d’erreur administrative ridicule qui peut se produire très facilement lorsque des agences gouvernementales multiples sont impliquées dans un projet commun.
Dans le même temps, certains cercles anti-Trump ont naturellement mis en avant leurs propres théories du complot, orientées dans l’autre sens. Ils ont suggéré que l’attaque était une opération sous faux-drapeau osée, organisée par Trump ou par ses proches alliés, visant à blesser légèrement le candidat, dans le but précis de stimuler sa campagne, exactement afin d’obtenir le résultat que nous observons.
Cependant, je pense qu’un tel scénario est encore moins probable que le premier. Une fois de plus, il faut réaliser que le tireur choisi pour cette opération dangereusement mortelle était un jeune de 20 ans sans entraînement, tirant depuis une distance de 130 mètres, un sniper qui a atteint l’oreille de Trump et non pas sa tête. Aussi, un plan visant ainsi à provoquer l’ascension de Trump aurait très facilement pu le tuer à la place, et il est difficile d’imaginer qu’un soutien rationnel de Trump ait pu prendre un risque aussi énorme.
Peut-être certains de ces avocats du complot pensent que la blessure elle-même a été fabriquée de toute pièce, et que tous les agents des Services Secrets qui ont vu de près la blessure et évacué Trump étaient des conspirateurs trempant dans le complot. Mais faute de preuve, ce type de théorie ne fait que croître en complexité, et n’est au final que fort peu probable.
Ma propre reconstruction des événements est différente, et bien plus simple.
Lorsque j’ai entendu pour la première fois que Trump avait survécu à une tentative d’assassinat, ma surprise n’a pas été que la chose se soit produite, mais qu’il n’y ait pas déjà eu une dizaine ou plus d’attaques avant cela. Il m’apparaît que pour ce qui concerne l’histoire moderne des États-Unis, aucun personnage politique n’aura été autant diabolisé par nos médias dominants que Donald J. Trump au cours des huit ou neuf dernières années. Il a été diabolisé comme fasciste, comme clone de Hitler, comme traître, comme larbin de Poutine, comme violeur, comme raciste, et comme escroc. Trump a été décrit en boucle comme un démon absolument déterminé à détruire la liberté et la démocratie aux États-Unis, comme un personnage représentant l’ennemi humain le plus mortel pour notre pays.
Ce sont nos médias qui créent la réalité que nous percevons, et durant la plus grande partie des dix dernières années, des centaines de millions d’Étasuniens ont été complètement enfouis par les vagues de propagande anti-Trump qui ont déferlé les unes après les autres, si bien que des milliers d’entre eux peuvent parfaitement être suffisamment déséquilibrés pour envisager de sauver notre pays en se transformant en justiciers et en risquant patriotiquement leur propre vie pour éliminer cette menace humaine mortelle. Les médias ont passé toutes ces années à peindre une cible très nette sur le dos de Trump, et je reste stupéfait que jusqu’au 14 juillet 2024, aucun Étasunien n’ait tenté ce type d’action.
Prenons un cas analogue qui s’est produit il y a quelques années. Durant de nombreuses années, des activistes anti-immigration ont proclamé que notre pays se faisait « envahir » par des hordes d’immigrés mexicains hostiles. Par conséquent, je n’ai pas vraiment été surpris qu’en 2019, un très patriote mais pas très malin jeune homme de 21 ans, Patrick Wood Crusius, adoptât cette rhétorique politique brûlante d’une manière un peu trop littérale, et décidât d’abattre autant d’envahisseurs étrangers que possible ; il a tué une bonne vingtaine d’Hispanique dans un supermarché Walmart à El Paso, au Texas [Pour être précis, il a tué 23 personnes et en a blessé 22 autres, NdT]. Je soupçonne fortement que le jeune tireur qui a essayé de tuer Trump a agi pour des raisons plus ou moins semblables.
En fin de compte, j’ai été plutôt heureux de voir Trump désigner le sénateur J.D. Vance comme candidat à ses côtés pour la vice-présidence. Bien que je ne sois pas vraiment emballé par nombre des positions adoptées par Vance, notablement sa rhétorique extrêmement agressive à l’encontre de l’Iran et du Moyen-Orient, il m’apparaissait comme le moins mauvais choix parmi les candidats possibles, et il faut bien se satisfaire de ce que l’on peut avoir.
En janvier 2013, le professeur Amy Chua et d’autres m’avaient invité à l’école de droit de Yale pour que je m’exprime sur mon analyse Meritocracy qui porte sur les admissions dans les universités d’élite, et c’était Vance, qui utilisait à l’époque le nom de Hamel, qui était l’étudiant qui m’avait accueilli et guidé sur le campus. À présent, plus de dix ans plus tard, il semble avoir fait son chemin, et est sur le point de devenir l’un des plus jeunes vice-présidents de l’histoire des États-Unis, un poste qui n’est qu’à un battement de cœur de celui du Bureau Ovale. Il est très bien qu’il soit pleinement conscient d’un certain nombre de sujets très controversés qui sont d’une grande importance pour notre avenir national.
- Challenging Racial Discrimination at Harvard
Ron Unz • The Unz Review • 31 octobre 2022 • 5,800 mots
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone