Par Phil Butler – Le 13 mai 2015 – Source Russia Insider
La Grèce a été invitée par la Russie à devenir le sixième membre de la nouvelle Banque de développement des BRICS (NDB). Reste à savoir comment le premier ministre Tsipras jouera ce dernier atout ?
Cette nouvelle est un peu obscurcie par la visite du secrétaire d’État américain John Kerry qui a rencontré Serguey Lavrov à Sotchi, en Russie.
Cependant, la nouvelle Banque de développement des BRICS au capital de $100 Mds, chargée de concurrencer les Occidentaux qui dominent l’attribution des prêts internationaux, mérite aujourd’hui un examen minutieux .
Lundi, le vice-ministre des Finances de la Russie Sergey Storchak a invité, par téléphone, le Premier ministre grec Alexis Tsipras à participer à cette nouvelle banque. Selon les nouvelles, via le site Internet du parti Syriza de la Grèce, le Premier ministre grec a remercié Storchak, ajoutant que la Grèce est très intéressée par l’offre. Dans ce mouvement, dont certains suggèrent qu’il a pour but de contrer la pression des US et de l’UE sur la Grèce, Athènes devient un parti de plus en plus convoité, en particulier lorsque le gazoduc Turquie-Grèce est concerné. La déclaration de Syriza dit :
«Le Premier ministre a remercié Storchak et a dit qu’il a été agréablement surpris par l’invitation faite à la Grèce d’être le sixième membre de la Banque de développement BRICS. Tsipras a marqué l’intérêt de la Grèce pour cette offre, et a promis de l’examiner minutieusement. Il aura l’occasion de discuter de l’invitation avec les autres dirigeants des BRICS en 2015, pendant le Forum économique international de Saint-Pétersbourg.»
En mars, le président russe Vladimir Poutine a ratifié la création du fonds NDB, décidée au 6e sommet des BRICS, à Fortaleza au Brésil, en juin 2014. La nouvelle banque sera en concurrence avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international là où le financement des projets d’infrastructures des BRICS et autres pays en développement sera concerné.
La Grèce et la Russie ont renforcé leurs liens économiques et culturels depuis que le Premier ministre Tsipras a pris ses fonctions au début de cette année. Les difficultés financières de la Grèce continuent malgré les discussions marathon de médiation entre Bruxelles, Francfort, le FMI et les autres créanciers. Tsipras essaie de débloquer une autre tranche de crédit de €7,2 milliards pour soutenir une économie grecque stagnante. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a averti que les finances de la Grèce sont «un problème terriblement urgent», et que le pays pourrait faire défaut le mois prochain si aucune mesure appropriée n’est prise.
Sur le devant de la scène, pour le gouvernement grec, il y a les offres stratégiques que Tsipras et Poutine ont façonnées en avril. Celle qui a le plus de potentiel, le projet de gazoduc Turkish Stream, promet des emplois, des revenus, et un souffle de vie nouveau pour une économie grecque en déclin qui dépend essentiellement du tourisme.
Selon Moscou, il y a déjà une aide disponible pour la Grèce, mais le président Poutine a déclaré que Tsipras n’a rien demandé. Moscou a proposé une aide financière directe et disponible via l’achat d’actifs de l’État grec, entre autres. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun mot sur ces voies de coopération réparatrice.
La nouvelle de l’offre de participation à la Banque d’investissement des BRICS apparaît aujourd’hui comme la meilleure pour le désendettement de la Grèce et la diminution de la tension. Il reste à voir comment Tsipras jouera cette dernière main.
Phil Butler
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone