La folie woke : pourquoi provoque-t-elle si peu de réactions ? !


Par The Saker – Le 13 mai 2021 – Source The Saker’s blog

L’administration Biden fait des pieds et des mains pour se montrer absolument « woke-compatible » et même devenir la championne de « wokeness » (Foggy Bottom vient d’autoriser les ambassades et consulats américains à faire flotter le drapeau de la Gay pride à côté du Stars and Stripes. Je vous parie qu’ils n’oseront pas le faire à Riyad). Selon l’hyperpolitiquement correct Wikipedia, « woke » veut dire « être conscient des sujets qui concernent la justice sociale et la justice raciale ». Cette définition est toutefois trompeuse car, par exemple, elle n’est clairement pas destinée à couvrir, disons, l’injustice sociale infligée aux Blancs pauvres. En d’autres termes, l’esprit woke est une voie à sens unique. Ce qu’il rend obligatoire, c’est que mon fils (qui étudie la biologie) se fasse dire en classe qu’il est porteur de la « culpabilité blanche » alors que ses ancêtres n’ont jamais eu de contact avec les Noirs, et encore moins avec les Noirs américains.

Aparté : comme je l'ai déjà mentionné par le passé, je ne considère pas les catégories telles que "noir" ou "blanc" comme utiles d'un point de vue analytique, car elles ne sont pas correctement définies. Cela ne signifie toutefois pas que je ne suis pas disposé à les utiliser dans un contexte spécifique où les parties à un conflit idéologique se réfèrent à elles-mêmes, ou à d'autres, comme étant noires ou blanches. À propos, "Asiatique" est une autre catégorie inutile car, selon la personne à qui vous demandez, elle inclut les Pakistanais (qui ne sont certainement pas jaunes) et les met dans le même sac que les Indonésiens (bruns) et les Japonais (jaunes). Le fait que ces catégories soient utilisées dans le discours politique occidental signifie que je ne peux pas les ignorer uniquement parce que je les trouve ambiguës et trompeuses. En outre, la catégorie "Africain", qu'elle soit utilisée avec le terme "Américain" ou non, n'est pas utile non plus car elle inclurait des personnes autrement considérées comme blanches, par exemple Elon Musk [qui est né en Afrique du Sud, NdT], même si personne ne considère Musk comme un Afro-Américain. Enfin, la catégorie noire pourrait inclure les Tamouls ou les aborigènes australiens, mais elle est rarement, voire jamais, utilisée dans ce sens. Ainsi, lorsque j'utiliserai les mots noir ou blanc ci-dessous, ce sera dans le sens largement accepté aux États-Unis de "descendants d'esclaves africains" et de "descendants de colons blancs", même si je suis parfaitement conscient de la réalité du métissage (par viol ou par consentement mutuel) entre ces deux groupes et même si l'idéologie woke reproche à *tous* les soi-disant "blancs" leur racisme putatif et leur position supposée "privilégiée" dans la société américaine en raison de son prétendu "racisme systémique", même lorsqu'ils viennent d’immigrer aux États-Unis].

Je ne pense pas avoir abordé les questions de race ou de racisme auparavant, principalement parce que je suis horrifié par toutes les absurdités que l’on peut entendre dès que ces sujets sont abordés. Il est cependant indiscutable que l’idéologie woke est la principale idéologie de l’administration Biden et c’est pourquoi on ne peut pas simplement l’ignorer. Bien sûr, les autres tendances idéologiques de la classe dirigeante américaine (messianisme, impérialisme, culte du soi, capitalisme, etc.) n’ont pas été abandonnées ; au contraire, elles ont été « wokifiées » dans le sens où l’idéologie woke est maintenant utilisée pour donner à ces idéologies américaines traditionnelles une sorte d’imprimatur politiquement correct, une sorte de « quand nous faisons cela au nom de l’idéologie woke, nous faisons quelque chose de moralement correct » placé sur un ensemble maintenant profondément discrédité de « valeurs occidentales ».

Bien sûr, il y a un paradoxe apparent ici : comment l’idéologie woke peut-elle être utilisée pour essayer de donner un semblant de respectabilité à un ensemble d’idéologies occidentales alors que l’idéologie woke est aussi violemment anti-occidentale ! L’idéologie woke est très certainement anti-occidentale, mais pas dans le sens d’une condamnation des mille années de guerres sanglantes et d’impérialisme occidental, ce qui aurait au moins un certain sens, mais elle est anti-occidentale dans le sens où elle place un signe égal entre, disons, J.S. Bach et le rappeur « Ice Cube » avec une « logique » qui suit la ligne : « hé, t’es qui pour dire que Bach était plus talentueux que le rappeur Ice Cube ? ! C’est raciste ! !! » Même les mathématiques sont désormais considérées comme « racistes » ! Et toute personne qui conteste cela est, bien sûr, raciste.

Ce qui manque ici, c’est l’élément de preuve. Une sorte de règles de preuve auxquelles on pourrait faire appel ; utilisons l’anglicisme « fact check » pour vérifier la plupart des hypothèses faites par les partisans de l’idéologie woke.

Par exemple, dans mon école secondaire suisse, nous avions une immense fresque murale déclarant que « toutes les races sont égales ». Aucune preuve de cette affirmation n’a jamais été donnée. En fait, tout au long de ma vie universitaire (un diplôme de premier cycle et deux diplômes de deuxième cycle), je n’ai jamais vu de véritable preuve de cette thèse. (J’ai vu de nombreuses preuves qui la remettent en question, à commencer par les tests de QI de l’armée américaine). Soit dit en passant, cela ne signifie pas du tout que j’affirme le contraire (que les races sont en quelque sorte inégales), mais seulement que dans une déclaration dogmatique comme « toutes les races sont égales », même le terme « égal » est extrêmement ambigu et, franchement, dénué de sens. Comparons cette déclaration à une autre célèbre déclaration de Saint Paul (Galates 3:26-28 KJV) :

Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ. Car tous ceux d’entre vous qui ont été baptisés dans le Christ ont revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, et héritiers selon la promesse.

Contrairement à l’insipide « toutes les races sont égales », Saint Paul affirme clairement que tous les humains sont « les enfants de Dieu » et il explique plus avant comment cela se produit lorsqu’il dit « par la foi en Jésus-Christ ». Il précise ensuite que « tous sont un dans le Christ Jésus » (être « un » dans le Christ est sans ambiguïté, contrairement à être « égal »). Et Saint Paul conclut en expliquant que par le Christ il y a une nouvelle génération d’hommes ; « vous êtes la postérité d’Abraham, et héritiers selon la promesse ». Contrairement à l’idéologie woke, le christianisme unit véritablement tous les êtres humains, et ce sans jamais nier ou occulter les différences bien réelles qui rendent tous les humains très inégaux les uns par rapport aux autres, par une égalité totale de droits et de privilèges au sein de la religion chrétienne. Tout d’abord, saint Paul mentionne notre filiation commune en tant qu’enfants de Dieu par Adam, à laquelle il ajoute immédiatement une autre filiation commune de ceux qui ont « revêtu le Christ » par le baptême. L’évidence ici, la preuve de l’affirmation, est claire : le baptême. On peut, bien sûr, ne pas être d’accord avec saint Paul, mais on ne peut pas l’accuser d’ambiguïté (surtout à la lumière de toutes les autres déclarations apostoliques et patristiques qui fournissent un soutien contextuel à cette affirmation !)

Comparez cela avec l’idéologie woke qui divise catégoriquement l’humanité en deux groupes : les « minorités » opprimées et les oppresseurs (toujours) « blancs », ce qui contredit même l’histoire réelle de l’Afrique qui a été envahie et colonisée par des Arabes (non-blancs) avant que les Européens ne s’en mêlent (ce que les Noirs américains qui prennent des noms islamiques ne savent pas ou s’efforcent d’ignorer).

L’idéologie woke ignore aussi complètement le racisme interne des soi-disant « Noirs ». Une de mes bonnes amies est une femme (à la peau très foncée) originaire du Mali qui a voyagé sur toute la planète et qui m’a dit un jour que le pire racisme anti-africain auquel elle ait été soumise était en Éthiopie (dont la population a la même peau foncée que mon amie). J’ai également connu un médecin de Soweto qui m’a dit qu’il y avait beaucoup de haine entre les Noirs sud-africains, qu’il appelait « haine raciste ». Bien sûr, la plupart des Noirs américains ne savent presque rien de l’histoire de l’Afrique, passée ou actuelle (les Arabes et les Africains noirs se battent encore dans de nombreuses régions d’Afrique !) et pourtant ils se considèrent comme des « Africains », ce qui n’a absolument aucun sens (surtout du point de vue des Africains réels, arabes, noirs ou blancs).

Je n’ai utilisé qu’un seul exemple (l’égalité raciale), mais l’idéologie woke a échoué à prouver à peu près tous ses dogmes clés. Le « racisme systémique » est un autre bon exemple qui semble n’être prouvé par personne, mais accepté par (presque ?) tous.

Bien sûr, rien de ce qui précède ne prouve que l’idéologie woke est fausse, mais je m’empresse d’ajouter que la charge de la preuve incombe à la partie qui proclame une thèse, et non à ceux à qui cette thèse est imposée. Bien sûr il existe de nombreuses preuves anecdotiques de racisme aux États-Unis (y compris de nombreux cas de violence raciale entre Noirs et Blancs et entre Noirs et Asiatiques !), mais indépendamment du nombre réel de ces incidents, la somme de ces incidents, aussi importante soit-elle, ne devient pas automatiquement la preuve de choses comme le « racisme systémique » ou la « suprématie blanche » (la corrélation n’implique pas la causalité).

Pourtant, d’une manière ou d’une autre, les partisans woke se sentent immédiatement offensés lorsque leurs croyances sont remises en question et accusent simplement les opposants de « racisme ». Un exemple : dans la nouvelle réalité « woke », le « twerking«  est une forme délicieuse de « culture«  qui ne peut être critiquée, surtout par les Blancs. Le qualifier d’exhibition vulgaire de femmes objets, accompagnée de bruits qui ne correspondent à aucune définition imaginable de « musique » est, bien sûr, totalement criminel !

Apparemment, pour les Woke-freaks, la « diversité » n’inclut pas la diversité des idées, des opinions. Comme Orwell l’a judicieusement remarqué, « certains sont plus égaux que d’autres ». Les Wokes ne le nient même pas ! D’où son aspect « Cancel culture », ainsi que la violence des foules BLM/Antifa.

Pour certains, il ne s’agit que d’une grosse affaire d’argent pour les entreprises de l’« Amérique » qui inondent désormais toutes leurs publicités avec les « bonnes » races au mépris total du pourcentage réel de cette race dans la population et d’une petite affaire d’argent pour ceux qui espèrent mettre la main sur de l’argent facile. Quant au lobby homo américain, c’est un moyen sûr d’obtenir un pouvoir et une influence dont il ne pourrait même pas rêver autrement. En d’autres termes, le wokisme est une question d’argent et de pouvoir, pas de justice.

Certains pourraient penser que ce n’est pas grave, que l’antiracisme est par définition bon, tout comme l’idée que les homosexuels ne devraient pas être privés de leurs droits civils en raison de leur dysfonctionnement sexuel. Mais l’esprit woke est déjà allé bien au-delà de ces exigences initiales et s’est transformé en une forme obligatoire de signal de vertu !

La plupart d’entre nous ont déjà vu les nouvelles annonces de recrutement de la CIA, compatibles avec le woke. Franchement, quand je les ai vues, je me suis sincèrement réjoui, car une CIA woke-compatible sera bien moins efficace que celle qui considérait l’homosexualité comme un risque majeur pour la sécurité (chantage et psychopathologie comorbide). Mais la soumission à la culture woke n’est pas qu’un truc de la CIA, regardez cette comparaison de vidéos de recrutement (merci à American Kulak de m’avoir envoyé toutes les vidéos ci-dessous ! !!):

Et, en parlant de comparaison, voici une vidéo de recrutement chinoise et une autre russe :

A vrai dire, je n’ai pas vraiment le cœur brisé par l’état des forces armées américaines en tant que tel, mais quand je pense aux nombreux officiers américains décents et honorables que j’ai eu la chance de rencontrer dans ma vie, j’ai de la peine pour eux car je peux imaginer leur tristesse et leur dégoût.

Enfin, je dois admettre, à ma grande tristesse, que cela ne touche pas seulement les États-Unis. La même forme de folie collective s’est manifestement emparée de l’UE (avec quelques pays qui tentent encore de résister). Le wokisme est devenu un phénomène mondial.

Oui, l’Occident est passé du génie baroque à la vulgarité insipide de YouTube.

Et voici donc ma question : pourquoi y a-t-il si peu de résistance ?!

Bien sûr, il y a l’accusation de racisme. Je le comprends. Mais plus cette accusation est appliquée à un grand nombre de personnes, plus elle est dénuée de sens (il en va de même pour le vieux canard de l’« antisémitisme »). Et, de plus, personne vivant une vie honorable n’a jamais été la cible d’une accusation fausse et laide. Tout ce que nous avons à faire, c’est 1) l’ignorer, 2) tirer la chasse d’eau mentale et 3) reprendre la lutte.

Je comprends aussi que la woke-compatibilité est un « must » pour les nouveaux embauchés (il faut aimer cette « Amérique des corporations » !). Mais qu’en est-il de tous ceux d’entre nous qui ont déjà une carrière et qui ne seront pas licenciés simplement parce que nous nous opposons à une idéologie qui non seulement n’est basée sur absolument rien (elle n’a aucune preuve empirique pour soutenir ses principes clés) mais qui détruit la compétence (la fameuse méritocratie américaine) et la remplace par ce que je ne peux qu’appeler une pseudo-diversité extrêmement intolérante qui est tout aussi intolérante que les principales idéologies totalitaires du 20ème siècle ! Pourquoi sommes-nous silencieux ?

La plupart d’entre nous connaissent le scandale caché de l’abaissement (apparemment sans fin) des critères de compétence dans de nombreuses professions (demandez à un pompier !). Mais ce phénomène touche maintenant même les compagnies aériennes ! Je redoute le jour où un équipage « diversifié » écrasera un avion de ligne au sol parce que « les mathématiques sont racistes ! ». Je suis sûr que les cieux seront toujours amicaux, mais seront-ils sûrs ? !

Je me demande ce qu’il faut faire pour obtenir enfin une réaction sérieuse à cette folie collective.

Alors, que pouvons-nous faire ? Je pense que les conseils d’Alexandre Soljenitsyne au peuple russe vivant sous le système soviétique pourraient également servir de modèle à ceux qui, en Occident, ne veulent pas que leur pays se transforme en un Wakanda en puissance :

Lorsque la violence fait irruption dans un environnement humain et pacifique, son visage est plein d’assurance, elle affiche sur sa bannière et proclame : « Je suis la violence ! Faites place, écartez-vous, je vais vous écraser ! » Mais la violence vieillit vite, quelques années passent, et elle n’est plus sûre d’elle. Pour se soutenir, pour paraître décente, elle ne manquera pas de faire appel à son allié le mensonge. Car la violence n’a rien d’autre à se mettre sous la dent que le mensonge, et le mensonge ne peut perdurer que par la violence. Et ce n’est pas tous les jours, ni sur toutes les épaules que la violence abat sa lourde main : Elle n’exige de nous qu’une soumission aux mensonges, une participation quotidienne à la tromperie, et cela suffit à lui montrer notre fidélité.

Et c’est là que nous trouvons, négligée par nous, la clé la plus simple, la plus accessible de notre libération : une non-participation personnelle au mensonge ! Même si tout est recouvert de mensonges, même si tout est sous leur domination, résistons de la façon la plus simple : que leur domination ne passe pas par moi !
Et c’est le moyen de sortir de l’encerclement imaginaire de notre inertie, le moyen le plus facile pour nous et le plus dévastateur pour les mensonges. Car lorsque les gens renoncent au mensonge, celui-ci cesse tout simplement d’exister. Comme les parasites, les mensonges ne peuvent survivre que lorsqu’ils sont attachés à une personne.
On ne vous demande pas de sortir sur la place publique et de crier la vérité, de dire tout haut ce que vous pensez – cela fait peur, nous ne sommes pas prêts. Mais refusons au moins de dire ce que nous ne pensons pas ! (…) Notre voie doit être : Ne jamais soutenir sciemment le mensonge ! Ayant compris où commencent les mensonges (et beaucoup voient cette ligne différemment), reculons de ce bord gangrené ! Ne recollons pas les morceaux de l’idéologie, ne rassemblons pas ses os en miettes, ne rapiéçons pas ses vêtements en décomposition, et nous serons étonnés de voir avec quelle rapidité et quelle impuissance les mensonges tomberont, et ce qui est destiné à être nu sera exposé comme tel au monde.

Cette méthode consistant à ne pas laisser le mensonge survivre à travers soi est absolument légale, non violente et ne nécessite aucune organisation ni argent. Plus important encore, cette méthode ne nécessite aucune idéologie unificatrice. En d’autres termes, cette méthode est une défense morale/éthique contre toute idéologie totalitaire. Mieux encore, elle ne nécessite ni argent ni pouvoir, et elle est immédiatement libératrice pour quiconque l’utilise. Elle est même compatible avec l’idée moderne d’« incarnez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

L’alternative est beaucoup plus effrayante. Comme toute idéologie totalitaire, le wokisme peut également déclencher une forte réaction en retour et il existe un risque très réel qu’une telle réaction puisse aboutir à la naissance d’une nouvelle forme de fascisme qui pourrait être encore pire que le wokisme. Et c’est pourquoi je pense que ne rien faire et espérer que tout cela disparaisse comme par magie est dangereusement illusoire.

Les idéologies totalitaires doivent être affrontées ouvertement et frontalement. Rien d’autre ne fera l’affaire et tout le reste n’est que capitulation.

The Saker

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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