Par Pat Buchanan – Le 13 septembre 2016 – Source UNZ Review
Au cours d’un discours adressé à mille privilégiés pendant un gala de charité LGBT où les chaises étaient vendues à 250 000 $ et où Barbara Streisand a chanté, Hillary Clinton a offert aux sociaux-libéraux de New York ce qu’ils étaient venus entendre.
«Vous pourriez mettre les supporteurs de Trump dans ce que j’appelle un panier de gens déplorables. N’est ce pas ?», a-t-elle dit en souriant d’un air satisfait sous les applaudissements et les rires du public. «Les racistes, les sexistes, les homophobes, les xénophobes, les islamophobes, tous ceux-là.» Ils sont «incorrigibles» mais ne sont «pas américains».
Ce n’était pas un dérapage. Clinton avait invité la presse pour couvrir ce gala LGBT à Cipriani Wall Street où le siège le moins cher s’est vendu 1 200 dollars. Et elle s’était déjà échauffée à la télé israélienne :
«Vous pouvez mettre les supporteurs de Trump dans deux paniers. Le premier est celui des gens racistes, des haineux et des gens qui… pensent qu’ils vont pouvoir restaurer une Amérique qui n’existe plus. Donc, vous n’avez qu’à les sortir de votre esprit…»
Et qui trouve-t-on dans le deuxième panier de supporteurs de Trump ?
Ce sont les gens qui, selon Clinton, «pensent que le gouvernement les a laissé tomber, que l’économie les a laissé tomber, que personne ne s’occupe d’eux… Ce sont les gens que nous devons comprendre, avoir de l’empathie pour eux.»
En résumé, ceux qui soutiennent Trump sont pour moitié des xénophobes, des bigots et des racistes et pour moitié des perdants dont nous devrions avoir pitié.
Tout cela alors qu’elle campagne sous le slogan «plus forts ensemble».
Ses remarques font écho à celles d’Obama, en 2008, aux grosses légumes de San Francisco étonnées par leurs compatriotes de Pennsylvanie.
Ils sont «amers», avait dit Obama, ils «s’accrochent à leurs armes, à leur religion et sont antipathiques avec les gens qui ne sont pas comme eux, ils sont anti-immigrants et anti-commerce libre et utilisent ces arguments pour expliquer leur frustration.»
En bref, la Pennsylvanie est un arrière pays rempli de grenouilles de bénitier obsédées par les armes et de bigots suspicieux envers les étrangers.
Mais qui sont réellement ces gens que nos élites détestent, raillent ou prennent en pitié ? Comme les afro-américains soutiennent à 90% Clinton, ce ne sont pas les Noirs. Ni les Hispaniques qui soutiennent aussi solidement Clinton. Elle ne tolérerait pas non plus que de telles insultes soient orientées vers les immigrants du tiers-monde qui rendent l’Amérique meilleure en nous rendant plus diversifiés que cet vieille «Amérique qui n’existe plus».
Non, ces gens qu’Obama et Clinton détestent, dénigrent et prennent en pitié sont les ouvriers et la classe moyenne blanche, ceux que Richard Nixon nommait les Américains moyens et la Majorité silencieuse
Ce sont ces gens qui ont conduit l’Amérique à travers la Dépression, ont gagné la Deuxième Guerre mondiale et nous ont portés, à travers la Guerre froide de Truman en 1945, jusqu’à la victoire avec Ronald Reagan en 1989.
Ce sont les supporteurs de Trump. Ils résident principalement dans les États rouges comme la Virginie occidentale, le Kentucky, la Pennsylvanie et les États du Sud, des plaines et des montagnes qui ont fourni une large proportion de soldats, de marins et d’aviateurs qui ont combattu et sont morts pour garantir aux ploutocrates amoureux des LGBT la liberté de se moquer d’eux au cours d’un dîner à 2 400 dollars l’assiette.
Oui, il y a une part de vérité quand Clinton dit qu’il faut «éliminer de votre esprit» les gens qui pensent que Trump peut «restaurer l’Amérique qui n’existe plus».
Car la dernière chance pour restaurer l’Amérique − comme Trump l’a dit lui-même dans l’émission radio chrétienne Brody File le 9 septembre − s’éloigne :
«Je pense que ce sera la dernière élection si je ne gagne pas […] parce que vous aurez des flots de gens franchissant la frontière, vous aurez des immigrés clandestins qui vont venir et puis qui pourront être légalisés et alors qui pourront voter, et une fois que cela est arrivé, vous pourrez oublier le vote.»
Politiquement et démographiquement, l’Amérique est à un moment charnière.
Les minorités forment maintenant 40% de la population et formeront 30% de l’électorat en novembre. Si la tendance passée continue ainsi, 4 sur 5 voteront pour Clinton.
Pendant ce temps, les Blancs, qui votent habituellement à 60% Républicain, tomberont à 70% de l’électorat, le plus bas depuis toujours, et leur nombre déclinera à chaque élection présidentielle.
La disparition de la plus grande génération et de la génération silencieuse et bientôt de celle du baby boom va transformer les États rouges de Virginie, Caroline du Nord, Colorado, Arizona et du Nevada en États violets et mettra des États cruciaux comme la Floride et l’Ohio en péril.
Ce qui est arrivé à l’Amérique est étonnant. Un pays à 90% chrétien à la fin de la Deuxième Guerre mondiale a été sécularisé par une Cour suprême dictatoriale ne suscitant que de faibles protestations et peu de résistance.
Une nation dont 90 % de la population est d’origine européenne aura été transformée, par l’immigration de masse et une invasion à travers sa frontière sud, en un pays du tiers-monde d’ici 2042.
Que restera-t-il alors à conserver de la vieille Amérique ?
Pas étonnant que Clinton fût prise de vertiges pendant ce raout LGBT. Ils enlèvent l’Amérique des mains des «haineux» pendant qu’ils regardent du haut de leur suprématie morale les pauvres Américains moyens qui disparaissent.
Mais une question se pose pour 2017.
Pourquoi, vu ce qu’elle pense de nous, l’Américain moyen rendrait-il allégeance et serait-il plus loyal à la présidente Hillary Clinton et à son régime que Colin Kaepernick ne l’est à l’Amérique qu’il déteste tant ?
Patrick J. Buchanan
Article original publié dans UNZ Review.
Note Saker Francophone Ancien homme politique et journaliste, Pat Buchanan n'y va pas avec le dos de la cuillère dans cet article qui sonne comme un chant du cygne d'une Amérique qui se meure, frappée par des bouleversements internes mais aussi par la perte de son leadership économique, militaire et surtout culturel. A noter, l'analyse de dedefensa des "déplorables" dans un récent article. Hillary Clinton vient de fournir à son opposition un cri de ralliement qui rappellera chez nous la référence aux sens-dents de notre président. Les difficultés économiques qui arrivent vont rendre l'utilisation cynique des minorités ethniques, religieuses et sexuelles de plus en plus difficiles pour les classes politiques occidentales. Même si les perspectives sont sombres, la potentialité d'un coalition des classes inférieures transcendant leurs différences reste toujours possible, latente. Les sens-dents ne les laisseront jamais dormir tranquilles.
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.
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