Par John Mauldin – Le 7 novembre 2018 – Source forbes.com
La dette est-elle bonne ou mauvaise ? La réponse est « Oui. »
La dette est une dépense anticipée. Elle vous permet d’obtenir maintenant quelque chose dont vous ne pourriez pas disposer autrement.
Que ce soit sage ou non dépend de ce que vous achetez. La dette pour vous éduquer, afin que vous puissiez obtenir un meilleur emploi, peut être une bonne idée. Emprunter de l’argent pour financer vos vacances ? Probablement pas.
Le problème est que beaucoup de gens, d’entreprises et de gouvernements empruntent tout simplement parce qu’ils le peuvent. Cela n’a été possible au cours de la dernière décennie que parce que les banques centrales le rendaient très bon marché.
C’était rationnel à cet égard. Mais la croissance est moins forte alors les banques centrales commencent à resserrer la vis.
Cette année, j’ai écrit une série d’articles (synopsis et liens ici) prédisant un «déraillement» de la dette et une éventuelle liquidation. Je l’ai surnommé «The Great Reset» [La Grande Réinitialisation]. J’ai estimé qu’il nous restait un an ou deux avant que la crise ne devienne évidente.
Maintenant, j’ai des doutes. Les événements récents me disent que le décompte pourrait être plus proche que je ne le pensais il y a quelques mois.
La dette n’alimente plus la croissance
Les banques centrales autorisent l’emprunt parce qu’elles pensent que cela générera de la croissance économique. Parfois c’est le cas. Le problème est qu’ils créent une dette sans se soucier de la manière dont elle sera utilisée.
C’est ainsi que nous gonflons des bulles artificielles qui finissent par crever. On nous dit de ne pas nous inquiéter de la valeur absolue de l’endettement tant que l’économie croît avec lui.
C’est sensé. Un pays avec un PIB plus important peut avoir plus de dette. Mais c’est de moins en moins ce qui se passe.
Laissez-moi vous fournir deux données de fait.
Lacy Hunt de Hoisington Investment Management piste les données montrant que la dette perd sa capacité à stimuler la croissance. En 2017, un dollar de dette, non financière [dans l’économie réelle] n’a généré que quarante cents de PIB aux États-Unis. C’est encore moins ailleurs. Il y a cinquante ans un dollar de dette générait plus de quatre dollars pour l’économie.
Cela s’est sérieusement aggravé au cours de la dernière décennie. La productivité de la dette [ratio d’augmentation du PIB par dollar de dette] de la Chine a chuté de 42,9% entre 2007 et 2017. C’était la pire parmi les grandes économies, mais d’autres ont également perdu du terrain. Tous les pays développés tirent sur la même corde et espèrent obtenir des résultats.
Maintenant, si vous êtes habitué à utiliser la dette pour stimuler la croissance et que la dette perd cette capacité, que se passera-t-il ensuite ? Vous l’avez deviné : les-génies-au-pouvoir vont ajouter encore plus de dettes.
Voici combien de dette nous avons réellement
C’est un comportement classique de dépendance. Vous devez continuer à augmenter la dose pour obtenir le même effet.
Mais des siècles d’histoire montrent que chaque augmentation de la dette a fini par peser sur l’économie. On n’échappe pas au Jour du Jugement.
L’économie américaine est si énorme et si puissante que notre dette publique actuelle de $24 500 milliards (États et collectivités locales comprises) pourrait facilement atteindre $40 000 milliards avant que nous n’arrivions au Jour du Jugement. Nous sommes à une seule récession près d’un total de $30 000 milliards de dette publique américaine.
Cela va se passer apparemment du jour au lendemain. Et les déficits resteront bien au-dessus des $1 000 milliards par an, année après année, un peu comme aujourd’hui.
Même si le déficit budgétaire est inférieur à $800 milliards cette année, nous avons ajouté plus de $1 000 milliards à la dette réelle. Cela est dû à des éléments «hors budget» qui, selon le Congrès, ne devaient pas faire partie du processus budgétaire normal.
Cela inclut des dettes telles que celles de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie. Elles varient d’année en année et peuvent aller de $200 à $500 milliards.
Et voici le point que vous devez comprendre. Le Trésor américain emprunte ces dollars qui s’ajoutent au total dû par les contribuables. Le véritable déficit qui s’ajoute à la dette est en réalité beaucoup plus élevé que le chiffre que vous voyez dans les informations.
La dette des ménages et des entreprises augmente également rapidement. Et pas seulement aux États-Unis.
Voici une note de Lakshman Achuthan du Economic Cycle Research Institute :
Il est notable que la dette globale des États-Unis, de la zone euro, du Japon et de la Chine a augmenté plus de dix fois plus que la croissance de leurs PIB combinés au cours de l’année passée.
Oui, vous avez bien lu. L’année dernière, les plus grandes économies du monde se sont endettées dix fois plus vite que la croissance économique. L’ajout de la dette à ce rythme, s’il se poursuit, fera augmenter le ratio dette / PIB à un rythme alarmant.
Lakshman continue :
Fait remarquable, l’économie mondiale – qui ralentit malgré la hausse de la dette – se retrouve dans une situation rappelant celle de l’effet de la Reine Rouge que nous évoquions il y a 15 ans, lorsque les réductions d’impôt avaient considérablement accru le déficit budgétaire des États-Unis. Comme le dit la reine rouge à Alice dans À travers le miroir de Lewis Carroll, « Maintenant, vous voyez, vous déployez tous les efforts possibles pour rester sur place. Si vous voulez aller ailleurs, vous devez courir au moins deux fois plus vite que ça ! »
Cela finira mal
J’essaie d’imaginer un scénario où cela aboutirait à quelque chose de moins grave que le chaos et la crise. Le mieux que je puisse concevoir est une stagnation de dix ans (et peut-être plus) pendant la liquidation de la dette.
Mais de manière réaliste, cela ne se produira pas car les débiteurs ne le laisseront pas faire. Et ils sont plus nombreux que les prêteurs. Pour cette raison, quelque chose comme « La Grande Réinitialisation» se produira en premier. La solution rationnelle serait de retarder l’inévitable le plus longtemps possible Pourtant, aux États-Unis, nous le précipitons.
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
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