Par Chris Hamilton – Le 3 mars 2019 – Source Econimica
De 2007 à 2018, les naissances aux États-Unis ont diminué de 470 000 sur une base annuelle, soit une baisse de 11 %. Le taux de fécondité aux États-Unis a également baissé, passant de 2,12 à 1,72 naissances, soit une baisse de 18 % (2,1 naissances chez les femmes en âge de procréer est considéré comme une croissance zéro). Cela s’est traduit par 4,5 millions de naissances nettes de moins aux États-Unis depuis 2007 que ce que le recensement avait estimé en 2000 et à nouveau en 2008. C’est plus d’une année entière de naissances qui n’ont jamais eu lieu. La forte baisse des naissances, par rapport à la hausse anticipée, et le ralentissement de l’immigration anticipée ont eu pour conséquence que le recensement a revu à la baisse la croissance de la population américaine jusqu’en 2050 de plus de 50 millions de personnes. Cette décélération de la croissance et ce déclin pur et simple se produisent dans le monde entier parmi les « nations riches », laissant peu de possibilités de croissance pour les « nations pauvres ».
Le déclin des naissances aux États-Unis a été particulièrement marqué chez les personnes ayant les revenus et les actifs les plus faibles. De 2007 à 2016, les taux de fécondité des Amérindiens sont passés de 1,62 à 1,23. Le taux de natalité hispanique est passé de 2,85 à seulement 2,1. Le taux de natalité des Noirs est passé de 2,15 à environ 1,9 et celui des Blancs de 1,95 à 1,72 (mise à jour avec le rapport national des statistiques de l’état civil jusqu’en 2017 … Le taux de natalité des Hispaniques est tombé sous le seuil de remplacement à 2,006, celui des Noirs à 1,824 et celui des Blancs à 1,667). Encore une fois, ces taux de natalité ne sont valables que jusqu’en 2016, les baisses en 2017 et 2018 sont importantes et s’accélèrent.
La raison de la baisse rapide des taux de natalité depuis 2007 aux États-Unis et dans la plupart des pays du monde semble être les programmes actuels de ZIRP, les faibles taux d’intérêt et les programmes d’assouplissement quantitatif qui ont pour effet de gonfler les prix des actifs. La majorité des actifs sont détenus par de grandes institutions et par des populations qui ne sont plus en âge de procréer. Ces politiques se traduisent par une hausse des prix des actifs beaucoup plus rapide que celle des revenus. Par exemple, les éléments non discrétionnaires comme la maison ; le loyer ; l’éducation ; les soins de santé ; les assurances ; la garde d’enfants, etc. augmentent en flèche par rapport aux salaires.
Pour les jeunes adultes, cela signifie qu’ils comptent beaucoup plus sur l’endettement pour s’instruire et qu’une proportion beaucoup plus grande de leur revenu subséquent est consacrée au service de cette dette. Il en résulte aussi une plus grande dépendance des jeunes adultes à l’égard de l’endettement pour acheter une maison ou une plus grande partie de leur revenu pour payer leur loyer, fournir des soins de santé, s’assurer ou s’occuper de leurs enfants (puisque les deux parents travaillent généralement à temps plein). Le résultat net de ces politiques du gouvernement fédéral et de la banque centrale visant à stimuler le marché boursier, le prix des maisons et l’effondrement des intérêts payés sur l’épargne est l’effondrement des taux de natalité et du total des naissances. Cela diminue la demande actuelle et future et la qualité de vie des jeunes, des pauvres, surtout des non-Blancs, ce qui représente peut-être le plus grand transfert de richesse que l’humanité ait connu.
Cela crée un cercle vicieux économique, tandis que la hausse rapide de la valeur des actifs fait grimper le coût de la vie beaucoup plus rapidement que la croissance des salaires, ce qui fait baisser les taux de natalité (et la demande actuelle et future). Plus les taux de natalité diminuent, plus on se fie aux politiques d’accroissement des actifs, et plus la majorité des jeunes, des pauvres et des minorités ayant peu ou pas d’actifs sont touchés … lave, rince et répète.
Le taux de fécondité américain
Le graphique ci-dessous montre le taux de fécondité aux États-Unis depuis 1970 plus les estimations du recensement pour les taux de fécondité de janvier 2008 et de janvier 2017. Les estimations de 2008 et de 2017 montrent un taux de fécondité prévu ainsi qu’un potentiel de fécondité extrêmement élevé et extrêmement faible. Si l’on examine les projections du recensement de 2008 en matière de fécondité, on constate que le pire scénario que le recensement pouvait envisager en 2008 s’est réalisé. Les taux de natalité se sont effondrés au cours de la dernière décennie, atteignant 1,72 par femme de la population en âge de procréer en 2018.
Curieusement, maintenant que nous avons des tendances très claires pour les décennies à venir, les dernières projections du recensement de janvier 2017 ne pouvaient même pas concevoir notre réalité actuelle, et encore moins les taux de fécondité que connaissent les États-Unis et tant d’autres pays. Le scénario de base est une accélération risible du taux de fécondité jusqu’au milieu de la décennie, alors que les États-Unis se situent actuellement bien en deçà du taux de fécondité le plus bas que le recensement pouvait imaginer en 2017 … et les taux de fécondité continuent à chuter rapidement. Le manque à gagner économique et lié aux passifs non provisionnés (comme la sécurité sociale, dont les propres hypothèses sont fondées sur les estimations défaillantes du recensement), est d’une ampleur radicale (et qui ne cesse de s’aggraver). Cela signifie que la faillite prévue de de la Sécurité Sociale en 2032 est beaucoup trop optimiste … et qu’un échec beaucoup plus tôt est imminent.
Le taux de fécondité en chute libre a entraîné une baisse des naissances depuis 2007 par rapport aux projections optimistes du recensement actuel (graphique ci-dessous).
Le graphique ci-dessous détaille les mises à niveau de la population du recensement de 2000 à 2008, puis les déclassements massifs depuis 2008. De 2008 à 2017, cela représente une diminution de 50 millions d’Américains. Et comme le suggère la ligne pointillée verte (basée sur les naissances et l’immigration réelles depuis la projection de 2017), une projection beaucoup plus faible est à venir. Comme je l’ai déjà expliqué en détail, plus de 90 % de la diminution concerne la population des moins de 45 ans.
Mais les baisses les plus importantes des taux de fécondité et de l’immigration concernent les Hispaniques, durement touchés par la hausse du coût de la vie, avec des avoirs relativement faibles pour compenser. Il en a résulté une diminution de 50 % de la croissance prévue de la population hispanique dans le recensement de 2008 par rapport à celui de 2017 entre 2020 et 2050. Sur les 50 millions d’Américains de moins prévus en 2017 par rapport à 2008 d’ici 2050, c’est le déclin disproportionné de 33 millions d’Hispaniques qui est à l’origine de cette baisse. Bien sûr, c’était avant l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement et avant les taux de natalité beaucoup plus bas qui se sont produits depuis 2016. En termes plus simples, des projections de croissance démographique encore plus négatives sont à venir et je m’attends à ce que la majeure partie des déclassements concernent le segment hispanique de la population (tandis que les Amérindiens continueront à être les plus touchés en proportion). Mais de manière hyper critique, presque tous les déclassements de projection se situeront parmi la population des moins de 45 ans, en particulier chez les Hispaniques… la population ayant les taux de natalité les plus élevés aux États-Unis. Le mème de la démographie américaine relativement positive est presque mort.
Ainsi, les États-Unis continuent le débat ridicule sur le « Mur de Trump » et les naissances internationales continuent de s’effondrer de Chine en Russie, en Europe, au Japon, en Corée du Sud, etc. Le coupable de la décélération des naissances est la « médecine » de la banque centrale et du gouvernement fédéral pour gaver le prix des actifs, détruisant l’avenir pour faciliter la vie des riches et des personnes âgées. Il en résulte un effondrement des taux de fécondité dans le monde entier […] ce qui fait que les gains financiers sont transférés à une minorité décroissante de détenteurs d’actifs et les pertes aux jeunes, aux pauvres et à ceux qui ont peu ou pas de biens. Alors que les soi-disant « progressistes » américains réclament plus de la même chose par le biais de la théorie monétaire moderne, il est temps de discuter du retrait de la plaque de la Statue de la Liberté avec les mots « Give me your tired, your poor, your huddled masses yearning to breathe free », (Donnez-moi vos pauvres, vos masses blotties qui aspirent à respirer librement). La seule vraie question est de savoir ce qu’on lira sur la nouvelle plaque ?
Chris Hamilton
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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