Par Jérôme R. Corsi – Le 3 février 2015 – Source WND
L’auteur, Jerome Corsi, est diplômé de Harvard et journaliste au WND. Il a écrit plusieurs livres dont les Best Sellers du New Yrok Times, The Obama Nation et Unfit for Command. Son dernier livre est Qui a véritablement tué Kennedy?
Le dirigeant Libyen voulait partir dignement
NEW YORK – Un ancien membre du Congrès a donné des détails sur sa tentative de négocier une offre d’abdication avec Mouammar Kadhafi, pour essayer d’empêcher la guerre en Libye en 2011.
«Il ne faisait aucun doute que Kadhafi voulait abdiquer», a déclaré Curt Weldon de Pennsylvanie lors d’une entrevue avec WND.
Weldon, qui a été vice-président du Comité des services armés et du Comité de sécurité nationale, a parlé de son voyage privé à Tripoli en avril 2011.
«Kadhafi était-il prêt à quitter le pouvoir? demande Weldon de façon rhétorique. Absolument, sans équivoque, sans l’ombre d’un doute dans mon esprit, Kadhafi était prêt à quitter la Libye avec, selon ses mots, dignité ».
Plutôt que de négocier le retrait de Kadhafi, les États-Unis ont décidé d’armer la milice libyenne affiliée à al-Qaida pour provoquer une rébellion soutenue par l’OTAN, afin de virer Kadhafi par la force. Certaines voix critiques de la politique d’Obama ont accusé l’administration d’avoir changé de camp dans la guerre contre le terrorisme, comme l’a rapporté le média WND.
Le récit de Weldon confirme, de plus, un article publié par WND le mois dernier détaillant les efforts de l’Amiral de la marine états-unienne à la retraite, Chuck Kubic, pour négocier l’abdication de Kadhafi avec l’USAFRICOM. De plus, Jeffrey Scott Shapiro et Kelly Riddell du Washington Times ont parlé d’enregistrements secrets du Pentagone montrant que les hauts fonctionnaires de cette institution avaient tellement peu confiance dans les menées guerrières d’Hillary Clinton en Libye au début 2011, qu’ils avaient engagé leur propre contact diplomatique avec Saïf, le fils de Kadhafi, afin de négocier les conditions auxquelles Kadhafi serait d’accord pour renoncer volontairement au pouvoir et éviter la guerre.
«Aucun autre fonctionnaire n’a rencontré Kadhafi autant que je ne l’ai fait», a déclaré Weldon.
Il a fait remarquer que durant la présidence de George W. Bush, il avait mené deux délégations bipartisanes en Libye pour rencontrer Kadhafi après que le dirigeant avait indiqué sa volonté d’abandonner son programme nucléaire et de se débarrasser de toutes les armes de destruction massive, suite à des rencontres avec Saïf, dont un dîner privé qui a eu lieu à Londres en décembre 2003.
Weldon a déclaré qu’en avril 2011, le fils de Kadhafi, Saadi, lui avait écrit une lettre l’invitant à se rendre en Libye.
Bashir Saleh, le chef d’état major de Kadhafi, a ensuite appelé Weldon et lui a dit: «Nous voulons vraiment que vous soyez là parce que Kadhafi vous écoutera, il a confiance en vous et il sait que votre intention, en venant ici, sera d’éviter la guerre».
Weldon a dit à WND qu’il avait envoyé à Bashir Saleh la version préliminaire d’une lettre et que Bashir Saleh la lui avait renvoyée, signée, sans rien avoir changé, invitant Weldon à venir en Libye.
«Ainsi, maintenant, j’avais une lettre d’invitation de Saadi, le fils de Khadafi et du chef d’état major de Khadafi, Bashir Saleh, et tous deux m’invitaient à venir en Libye», a poursuivi Weldon.
Il a dit qu’il avait emmené avec lui le fils d’Esther Coopersmith, qu’il a décrit comme étant le meilleur ami d’Hillary Clinton, et Brian Ettinger, un avocat de Houston qui a été directeur juridique de l’équipe du sénateur Joe Biden, que Weldon a décrit comme s’entretenant sur une base régulière avec Biden.
Le 5 avril 2011, Weldon avait écrit une tribune libre dans le New York Times intitulée, C’est le moment Kadhafi, et publiée au moment où Weldon arrivait en Libye pour ce qu’il a toujours décrit comme une mission privée.
Weldon avait écrit : «En 2004, je m’étais rendu en Libye en tant que chef d’une délégation bipartisane du Congrès, pour exprimer mon soutien à la décision du Colonel Mouammar Al-Kadhafi d’abandonner le programme nucléaire de son pays.» La tribune libre commençait ainsi: «Nous avions rencontré le Colonel Kadhafi, des hauts fonctionnaires et des gens ordinaires et j’étais même intervenu à la rencontre annuelle des législateurs libyens.”
«Ni la Maison Blanche ni moi même ne voulions apporter de soutien personnel au Colonel Kadhafi; notre objectif était d’ouvrir une nouvelle ère d’engagement entre le gouvernement des États-Unis, les affaires économiques des États-unis et le peuple libyen lui même», poursuivait Weldon dans sa tribune libre.
«Sept années plus tard, je suis de nouveau en Libye, cette fois pour une mission très différente, en tant que dirigeant d’une petite délégation privée, à l’invitation du chef d’état major du colonel Kadhafi et avec l’accord de l’administration Obama ainsi que des membres des deux partis du Congrès, a souligné Weldon dans sa tribune libre, notre objectif est de rencontrer le Colonel Kadhafi aujourd’hui et de le persuader de se retirer».
Weldon a déclaré au média WND que juste après que lui-même et la délégation étaient arrivés à Tripoli en 2011, il avait eu une rencontre avec Saadi.
«Saadi m’a dit que son père était prêt à se retirer, comme je l’avais écrit dans l’éditorial du New York Times, a dit Weldon. J’ai dit à Saadi que j’étais en Libye pour voir si nous pouvions éviter une guerre parce que je ne voulais pas voir un bain de sang qui tuerait des Américains et que je ne voulais pas non plus voir tuer des Libyens».
Bien que Weldon ait échoué à obtenir une rencontre avec Kadhafi lors de son voyage en avril 2011, il a dit qu’il avait fait parvenir à Hillary Clinton une lettre scellée de Kadhafi qui lui était adressée. Weldon a expliqué qu’immédiatement après avoir quitté la Libye, il avait remis en main propre la lettre de Kadhafi à l’Ambassadeur des États-Unis en Tunisie, sans l’ouvrir ni la lire.
Citant un membre important de l’administration, CNN avait rapporté, le 6 avril 2011, que dans sa lettre, Kadhafi demandait au Président Obama de mettre fin aux bombardements de l’Otan en Libye, mais qu’elle ne contenait rien de nouveau. Le contenu de la lettre, avait dit le fonctionnaire, selon CNN, était un appel à mettre fin aux opérations aériennes de l’alliance, mais elle ne contenait aucune offre de négociation ou de désistement.
WND a demandé à Weldon sa réponse au rapport de CNN.
«Il faudrait alors que l’administration Obama rende la lettre publique, si c’est tout ce qu’il a dit», a répondu l’ancien membre du Congrès.
«Tout ce que Kadhafi voulait, c’était quitter la Libye avec dignité», a répété Weldon, soulignant qu’il n’avait aucun doute au sujet du sérieux du dirigeant quant à son abdication, sinon Weldon n’aurait pas été en Libye en avril 2011.
«Aujourd’hui, les populations Libyennes sont massacrées par des gangs de miliciens qui se promènent en toute liberté dans les villes et qui n’ont aucune allégeance vis à vis d’aucun gouvernement libyen», a déclaré Weldon.