Il y a cinq ans, la Russie intervenait stratégiquement en Syrie


Le 9 Octobre − Source Strategic Culture

kremlin.ru

Il y aura cinq ans ce mois-ci, la Russie entamait des opérations militaires décisives en Syrie à la demande du gouvernement de Damas. “Ce fut un formidable tournant du conflit” comme l’a dit cette semaine le président Assad, dont le pays émerge lentement des décombres de la guerre. En sus de sortir la Syrie de quelque dix longues années de guerre – résultat dont l’importance vitale est indéniable – l’intervention décisive de la Russie a constitué un échec stratégique pour les puissances occidentales qui soutenaient éhontément une campagne de “changement de régime” et de guerres illégales au Moyen Orient et en Afrique du Nord.

Ce coup décisif porté à l’hégémonie présumée des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN, fut sans doute un motif des tentatives apparemment implacables de l’Occident pour isoler et calomnier la Russie par des sanctions et toutes sortes de provocations, tentatives qui se poursuivent avec acharnement aujourd’hui.

Le principe qui justifiait l’intervention russe était de porter secours à un allié historique, la République Arabe Syrienne. A ce moment, cette nation du Levant subissait depuis quatre ans l’agression d’un ensemble de groupes de militants illégalement armés qui menaçaient de submerger le pays. Ces groupes comprenaient des centaines de milliers de mercenaires venus de dizaines de pays et ils étaient présentés élogieusement par les médias occidentaux comme des “rebelles” dans une propagande mensongère qui camouflait la réalité : c’étaient en fait de purs terroristes qui multipliaient les massacres en route vers Damas.

Ces “rebelles” chéris par les gouvernements et les médias occidentaux coupaient les têtes et commettaient toutes sortes d’indicibles atrocités contre les civils.

Ce que les médias, dans leur cynique propagande, présentaient mensongèrement comme “la guerre civile syrienne”, était en réalité une guerre d’agression que

des puissances étrangères menaient par procuration. Le complot visant à renverser cet État arabe était ourdi depuis plusieurs années par les puissances occidentales qui voyaient dans l’alliance de la Syrie avec la Russie et l’Iran, une résistance inacceptable à leurs diktats et objectifs impérialistes.

Les dirigeants russes n’avaient aucune illusion. Le président Vladimir Poutine et le Kremlin connaissaient l’enjeu. Les puissances occidentales s’efforçaient de casser l’État syrien et de briser la nation sous un assaut mené par des mercenaires sanguinaires, afin d’ouvrir la voie à un “changement de régime” qui installerait un État client à Damas, lequel, dès lors, se plierait à la géopolitique occidentale pour le Moyen Orient. Ce plan infâme s’accomplirait ainsi au prix de la destruction de la Syrie et de son ancienne civilisation multi-ethnique et multi religieuse, de centaines de milliers de morts et de millions de réfugiés.

L’intervention militaire russe mit un terme à ce plan criminel. Un peu plus d’un an plus tard, en décembre 2016, les alliés russes et syriens avaient entièrement libéré Alep, la grande ville du nord, laquelle, auparavant, avait été la plate-forme de lancement de cette agression occidentale par procuration. D’autres victoires spectaculaires allaient suivre.

En cinq ans, la Syrie a été en grande partie libérée des réseaux de militants [miliciens ou djihadistes, NdT]. Il y a encore une petite poche de résistance au nord, dans la province d’Idlib, que le gouvernement syrien du président Bachar el-Assad est déterminé à réduire le plus tôt possible pour restaurer l’intégrité territoriale du pays.

Bizarrement, mais c’est révélateur, une partie de l’est de la Syrie demeure sous le contrôle des forces armées étasuniennes. Les forces américaines, à la différence des forces russes, n’ont jamais été appelées par le gouvernement syrien. Elles occupent illégalement le territoire syrien, et cela révèle clairement la vraie nature des menées criminelles de Washington vis à vis de la Syrie. Les Américains proclament leur volonté de “vaincre le terrorisme” : c’est un misérable camouflage de leur vrai but, qui est le “changement de régime”, un but qui les a conduits à armer secrètement leurs mercenaires terroristes et non pas à les combattre.

C’est avec héroïsme que la Russie s’est engagée aux côtés de la nation syrienne, et le pari était très risqué. Le pays était infesté par des myriades de groupes militants [miliciens ou djihadistes, NdT] armés, dirigés et financés par une formidable coalition de puissances comprenant les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, la Turquie, l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe, sans oublier Israël.

Avant l’intervention russe, comme nous l’avons vu, les ennemis, soutenus par les puissances étrangères, étaient aux portes de Damas. La Syrie, soumise à la barbarie du terrorisme et des destructions, était presque au point de rupture. Fort heureusement, la puissance de feu russe refoula la marée terroriste. Ce qui fut accompli est comparable à la victoire de l’Armée Rouge à Stalingrad lors de la deuxième Guerre Mondiale.

Aujourd’hui, la guerre en Syrie est à peine mentionnée dans les médias occidentaux. Cette apparente perte d’intérêt revient à admettre tacitement que la Russie et son allié syrien ont gagné la guerre contre l’agression menée en sous-main par l’Occident.

On peut imaginer ce qui serait advenu si la Russie n’était pas intervenue. La Syrie serait maintenant, sans doute, une terre dévastée, soumise à des chefs de guerre terroristes. Les implications de ce scénario de cauchemar sur la sécurité du Moyen Orient et au-delà, sont beaucoup trop nombreuses pour être envisagées. C’est grâce aux efforts de la Russie que cette issue infernale n’a pu avoir lieu.

La Syrie n’était qu’une des victimes de cette vague de guerres criminelles lancées par les États-Unis à travers le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, guerres soutenues et rendues possibles par leurs alliés européens et otanesques. Les Occidentaux ont détruit l’Irak, l’Afghanistan et la Libye, engendrant des terroristes qu’en retour ils ont utilisés pour servir au “changement de régime” en Syrie. Les Russes, en intervenant en Syrie, furent les “combattants du feu” qui éteignirent les flammes du chaos et de la barbarie.

L’alliance militaire russe a pu sauver la Syrie de la défaite, mais la nation arabe reste encore confrontée à de graves défis à venir, notamment parce que les sanctions occidentales entravent la reconstruction du pays. La résilience du peuple syrien force l’admiration, et, on peut l’espérer, avec l’aide stratégique de la Russie, de la Chine, de l’Iran et d’autres, la nation pourra enfin renaître, malgré la cruelle vindicte des puissances occidentales.

Mais l’importance de l’intervention militaire russe va bien au-delà du sort de la Syrie. C’est une victoire historique et de grande envergure sur la politique criminelle de “changement de régime” des Occidentaux et leur complicité avec leurs supplétifs terroristes.

Néanmoins, on n’en a pas encore fini avec les braises et les pyromanes. Jetons un œil sur l’actuel conflit dans le Nagorno-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Cette guerre risque de toucher toute la région du sud Caucase, à la frontière russe. Un facteur inquiétant est l’implication de la Turquie, membre de l’OTAN, qui soutient militairement l’Azerbaïdjan et transfère secrètement des miliciens terroristes dans le Caucase depuis le nord de la Syrie.

Nous pouvons également remarquer l’expansion provocatrice de l’OTAN près des frontières de la Russie, sous couvert, selon Washington et ses alliés, de rééquilibrage des forces. Il en va de même de tous ces prétextes avancés pour infliger de nouvelles sanctions à la Russie, telle la grotesque affaire Navalny.

De fait, la Russie a infligé une défaite si retentissante aux Occidentaux en Syrie, qu’il est plausible que Washington et ses alliés, pour se venger, rechercheront la moindre occasion de récupérer leur impérial “droit du seigneur” [en français dans le texte, NdT].

Pour Washington et son empire de laquais, la perte de la capacité d’exercer la violence impunément, fut “un impardonnable affront’ infligé par la Russie”.

Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone

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