Des responsables occidentaux admettent que l’Ukraine grouille de membres de la CIA


Par Caitlin Johnstone – Le 26 Juin 2022

Le New York Times rapporte que l’Ukraine regorge de forces spéciales et d’espions des États-Unis et de leurs alliés, ce qui semble contredire les rapports antérieurs selon lesquels le cartel du renseignement américain a du mal à obtenir des informations sur ce qui se passe sur le terrain en Ukraine.

Cela mettrait évidemment un terme aux déclarations disant qu’il ne s’agit pas d’une guerre par procuration menée par les États-Unis.

Dans un article intitulé « Un réseau de commandos coordonne le flux d’armes en Ukraine, selon les officiels« , les officiels occidentaux nous informent de ce qui suit par l’intermédiaire de leurs sténographes du New York Times :

Alors que les troupes russes poursuivent leur campagne acharnée pour s’emparer de l’est de l’Ukraine, la capacité de la nation à résister à cet assaut dépend plus que jamais de l’aide des États-Unis et de leurs alliés – notamment d’un réseau furtif de commandos et d’espions qui se précipitent pour fournir des armes, des renseignements et des formations, selon des responsables américains et européens.

 

Une grande partie de ce travail se fait en dehors de l’Ukraine, dans des bases en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne, par exemple. Mais même si l’administration Biden a déclaré qu’elle ne déploierait pas de troupes américaines en Ukraine, certains membres de la C.I.A. ont continué à opérer secrètement dans le pays, principalement dans la capitale, Kiev, dirigeant une grande partie des quantités massives de renseignements que les États-Unis partagent avec les forces ukrainiennes, selon des responsables actuels et anciens.

 

Dans le même temps, quelques dizaines de commandos d’autres pays de l’OTAN, dont la Grande-Bretagne, la France, le Canada et la Lituanie, ont également travaillé en Ukraine.

La révélation que la CIA et les forces spéciales américaines mènent des opérations militaires en Ukraine fait effectivement mentir l’insistance de l’administration Biden, au début de la guerre, sur le fait qu’il n’y aurait pas de bottes américaines sur le terrain en Ukraine, et le fait d’admettre que les puissances de l’OTAN sont tellement impliquées dans des opérations contre une superpuissance nucléaire signifie que nous sommes proches d’un échange nucléaire que quiconque ne devrait être prendre à la légère.

Cette nouvelle ne devrait pas surprendre ceux qui connaissent le comportement habituel du cartel du renseignement américain, mais il est intéressant de noter qu’elle contredit ce que le même New York Times nous disait il y a moins de trois semaines.

« Les agences de renseignement américaines ont moins d’informations qu’elles ne le souhaiteraient sur les opérations de l’Ukraine et possèdent une bien meilleure image de l’armée russe, de ses opérations planifiées et de ses succès et échecs« , nous disait le NYT au début du mois. « Les responsables américains ont déclaré que le gouvernement ukrainien leur a donné peu de briefings classifiés ou de détails sur leurs plans opérationnels, et les responsables ukrainiens ont reconnu qu’ils n’ont pas tout dit aux Américains. »

Il semble peu probable que les agences de renseignement américaines aient du mal à obtenir des informations sur ce qui se passe dans un pays où elles sont elles-mêmes physiquement situées. À l’époque, Moon of Alabama émettait l’hypothèse que ce ridicule discours disant « nous ne savons pas ce qui se passe dans notre propre guerre par procuration » avait pour but de donner aux États-Unis la possibilité de nier les échecs de l’Ukraine sur le champ de bataille, qui n’ont fait qu’empirer depuis.

Alors pourquoi nous disent-ils tout cela maintenant ? Eh bien, il se pourrait que l’on nous pousse à accepter le rôle de plus en plus actif des États-Unis et de leurs alliés en Ukraine.

Les Faucons en avril : N’appelez pas cela une guerre par procuration !

Les Faucons en mai : Bien sûr que c’est une guerre par procuration !

Les Faucons en juin : Ce n’est pas leur guerre, c’est notre guerre !

– Daniel Larison (@DanielLarison) 20 juin 2022

C’est en effet exactement ce qui s’est passé. En avril, le président Biden déclarait à la presse que l’idée qu’il s’agissait d’une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie était « fausse » et le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, répondait : « Non, c’est clairement le combat de l’Ukraine » lorsqu’on lui demandait s’il s’agissait d’une guerre par procuration. Les grands médias continuaient de présenter cette affirmation comme une simple « accusation » du gouvernement russe, et les propagandistes de l’empire réprimandaient régulièrement quiconque utilisait ce terme au motif qu’il prive les Ukrainiens de leur « libre arbitre« .

Puis le mois de mai est arrivé et tout d’un coup, le New Yorker nous a dit sans équivoque que les États-Unis sont dans « une guerre par procuration avec la Russie » et des faucons comme le membre du Congrès américain Seth Moulton ont dit des choses comme « Nous ne sommes pas seulement en guerre pour soutenir les Ukrainiens. Nous sommes fondamentalement en guerre, bien que quelque peu par procuration, avec la Russie, et il est important que nous gagnions. »

Et maintenant, ici, en juin, nous avons des faucons de guerre comme Max Boot qui déclarent ouvertement qu’il s’agit en fait de la guerre de l’Amérique, et qu’il est donc important pour les États-Unis d’intensifier drastiquement la guerre afin d’infliger aux Russes des « pertes dévastatrices« .

Nous devons comprendre que ce n’est pas leur guerre en Ukraine – c’est notre guerre – et nous devons faire plus pour vaincre l’attaque de la Russie contre l’Occident. Je parle sur @Morning_Joe du sujet de ma nouvelle colonne @PostOpinions : https://t.co/URNFXiKo1o pic.twitter.com/jG1VZChRth

– Max Boot 🇺🇦 (@MaxBoot) 20 juin 2022

Ainsi, l’idée auparavant impensable que les États-Unis soient en guerre contre la Russie a été progressivement normalisée, avec une montée en température si lente que la grenouille ne remarque pas qu’elle est en train de bouillir vivante. Si cette idée peut être suffisamment normalisée, le consentement du public pour de plus grandes escalades sera probablement acquis, même si ces escalades sont extrêmement psychotiques.

En mars dernier, lorsque j’ai dit que le seul « libre arbitre » de l’Ukraine dans ce conflit était la CIA, les loyalistes de l’empire m’ont sauté à la gorge. Ils n’arrivaient pas à croire que je disais quelque chose de si mauvais et de si faux. Aujourd’hui, on leur dit que la Central Intelligence Agency mène effectivement des opérations et dirige les services de renseignement sur le terrain en Ukraine, mais je doute que cela suscite une quelconque réflexion de leur part.

Caitlin Johnstone

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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