Par Moon of Alabama – Le 25 mai 2021
Le Conseil des gardiens iraniens, qui présélectionne les candidats à l’élection présidentielle, a annoncé aujourd’hui les noms de ceux qui ont été sélectionnés :
Une liste de sept candidats à l'élection présidentielle a été dévoilée mardi par les médias d'État iraniens. Les candidats ont été choisis parmi près de 600 personnes qui ont soumis leur candidature pour approbation. La liste est dominée par des partisans de la ligne dure, notamment le chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raisi, considéré comme un proche du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et comme un favori pour les prochaines élections. Raisi s'est déjà présenté à la présidence, mais a perdu contre le président sortant, Hassan Rouhani, en 2017, par une large marge de près de 20 % des voix. Rouhani ne peut pas se représenter en raison de limitations légales, car il a déjà effectué le maximum autorisé de deux mandats consécutifs de quatre ans.
Deux candidats que j’aurais aimé voir se présenter ont été disqualifiés.
L’un est l’ancien président du Parlement, Ali Larijani, du côté des réformateurs, qui avait soutenu l’actuel président Rouhani au Majles (parlement). Les réformistes, qui avaient misé sur l’accord nucléaire, ont perdu leur soutien lorsque Trump l’a rompu et que les sanctions ont fait chuter l’économie. Le Majles dispose désormais d’une majorité conservatrice et les prochaines élections présidentielles seront probablement gagnées par un candidat conservateur.
Mais si Larijani avait été autorisé à se présenter, l’élection aurait également été une véritable compétition entre le camp des conservateurs et celui des réformateurs. Sans une telle compétition, la participation à l’élection sera plus faible, ce qui pourrait nuire à la légitimité du système.
Golnar Motevalli @golnarM - 11:19 utc - 25 mai 2021 Selon Fars news, le dernier sondage indique que la participation à l'élection présidentielle iranienne sera de 53%. Parmi ceux qui ont déclaré qu'ils se rendraient certainement aux urnes, 72,5 % ont dit qu'ils choisiraient Raisi.
Du côté des conservateurs, j’aurais aimé que l’ancien président (2005-2013) Mahmoud Ahmadinejad soit autorisé à se présenter. Alors que l’establishment – en Iran et en Occident – méprisait son style, la classe ouvrière iranienne avait tendance à l’apprécier. Un sondage réalisé en février par l’université du Maryland demandait « qui voudriez-vous voir devenir le prochain président de l’Iran ». 28,2 % ont nommé Raisi tandis que 15,1 % ont nommé Ahmadinejad. Tous les autres candidats ont obtenu des valeurs bien inférieures.
Un aspect déroutant de la politique iranienne est que les conservateurs sociaux, que l’Occident qualifie injustement de « partisans de la ligne dure », se situent à gauche de la gauche sociale-démocrate sur les questions économiques, tandis que les réformateurs, socialement libéraux, ont tendance à favoriser les bazaris et les capitalistes. Pourtant, je ne vois pas encore clairement quelles sont les préférences et les politiques économiques de M. Raisi.
L’élection aura lieu le 18 juin. Pendant ce temps, les États-Unis et l’Iran négocient toujours le retour des États-Unis dans l’accord nucléaire. L’administration Biden est très lente à travailler sur cette question et a ainsi détruit tous les espoirs électoraux des réformistes en Iran. Elle a également rendu plus probable l’échec de cette tentative de retour à l’accord, car les conservateurs au pouvoir en Iran s’opposeront probablement à toute condition que les États-Unis tentent d’y attacher.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone