Colonie


Par René Lamertume − Septembre 2022

L'empire colonial de la France républicaine | Lelivrescolaire.fr

Le fatras médiatique semble bien organisé pour que personne, hormis un petit nombre d’organisateurs, ne comprenne vraiment ce qui se passe. Et malgré des faits significatifs qui ne peuvent être cachés, les liens principaux entre ces faits peuvent passer inaperçus. C’est pourquoi ces quelques lignes ont pour but de présenter la théorie d’un ami.


Nota : dans ce petit texte, il faut entendre par « intérêts américains » les intérêts d’un nombre réduit de personnes, le plus souvent très fortunées, qui influencent le fonctionnement de l’Amérique du Nord et même du monde, pour atteindre leur propre objectif, la prise du pouvoir sur la planète entière. Ces mêmes intérêts peuvent, bien entendu, être partagés par les représentants officiels du pays à certaines périodes.

Le refus par le Président Chirac, de suivre l’Otan, donc les intérêts américains, dans la guerre contre l’Irak constitue le dernier acte réel d’indépendance de notre pays vis-à-vis des USA. Par comparaison, les lignes de conduite des trois successeurs au président Chirac, en s’en tenant à quelques faits emblématiques, présentent de curieux points communs.

Le premier président de la série a organisé le rejet du référendum de 2005 et a donc imposé une étape supplémentaire de l’emprise de l’UE sur notre pays (il est désormais de notoriété publique que l’UE n’est rien d’autre qu’une couche administrative travaillant à placer les intérêts privés au dessus des États-nations de la vieille Europe). Ce président a aussi placé la France dans le commandement intégré de l’Otan. Ainsi notre pays se trouvait formellement soumis, sur les plans politique et militaire, aux intérêts d’outre-atlantique. Ajoutons à cela des travaux pratiques consistant en la participation de notre pays, avec l’Otan, à la destruction de la Libye (on sait maintenant que le déclenchement de cette guerre a de bonnes probabilités de se trouver dans le projet du président Kadhafi de créer une monnaie du continent africain, indépendante de celle des USA).

Lors des élections présidentielles qui ont suivi ce premier quinquennat, monsieur Straus-Kahn était en bonne position pour devenir président. Mais il a été pris dans un scandale. Et, bien que cette personne voyageait beaucoup, c’est par le plus grand des hasards que les faits ont eu lieu sur le territoire des USA.

Ainsi le deuxième président de la série a été élu, un peu par défaut. Ce deuxième président, c’est l’épisode rocambolesque où la France refuse tout à coup d’honorer un contrat de livraison de navires militaires à la Russie. Cela devrait permettre de mesurer l’évolution de la place des intérêts américains en France, entre la date de la conclusion du contrat et la date de livraison des navires. Car bien entendu, la rupture du contrat n’était pas faite pour plaire aux industriels français, mais pour servir toujours les mêmes intérêts étrangers. A la date de livraison, la soumission était déjà complète.
Ce président a également participé à la guerre menée par l’Otan en Syrie, par supplétifs interposés cependant.

Avec le second président, et c’est un point important du quinquennat, est arrivé un secrétaire général de l’Élysée, inconnu alors, devenu ensuite ministre de l’économie et des finances. Puis cette personne a été promue au rang de futur troisième président de la série. Avec lui, le nombre de coïncidences s’enrichit, qui débute sous ce second quinquennat et se poursuit ensuite.

On note le bradage d’intérêts industriels (Alstom par exemple), ou l’installation de la société Uber en France, décisions qui favorisent des sociétés d’un pays particulier.
Durant la « séquence covid », on se met en tête de vacciner toute la population. La France possédant un institut de renommée internationale dans la fabrication de vaccins, aurait pu trouver sa place dans la bataille sanitaire. Mais l’institut a jeté l’éponge et c’est une société – américaine – qui s’est taillée la part du lion, y compris dans notre pays.

A la suite, on apprend que le gouvernement français est friand d’études extérieures. Mais ici encore, on ne peut plus trouver de conseillers français et la maison mère du cabinet qui décroche les principaux contrats est située… inutile de préciser.
Les travaux pratiques guerriers ont la vie dure et nos concitoyens découvrent que la France défend un pays quasi inconnu de tous, l’Ukraine, et obéit, ce-faisant, à une politique décidée ailleurs.

Ainsi me dit mon ami, la clef de lecture est simple : puisque tous les faits politiques importants (et la liste n’est pas limitative) sont polarisés de manière identique, cela signifie que notre pays pourrait bien être gouverné depuis deux décennies au moins, par les USA. Celui qui pense avoir participé plusieurs fois au processus démocratique de l’élection du président du pays, n’aurait fait que valider l’installation de personnes qui se conduisent assez comme des administrateurs étrangers. Mais cela ne semble pas intéresser les médias.

Notre pays comme tant d’autres n’étant plus autonome, notre avenir peut alors être déduit d’après les situations que nous voyons aujourd’hui se développer, par exemple en Ukraine, me dit mon ami. La nouvelle hystérie autour de ce sujet s’explique évidemment parce que l’UE est organisée pour suivre la position d’outre-atlantique, quel que soit le prix à payer pour les pays de l’UE. Les administrateurs de Ukraine, pour satisfaire aux intérêts américains, ont commencé par conduire une politique insensée1, et en sont venus à ruiner le pays et à laisser massacrer une part de la population. Si nos concitoyens ne réagissent pas, notre pays, colonisé, risque de subir un sort similaire.

Ainsi l’avenir peut se dérouler suivant deux grandes directions : Soit les Français continueront de se laisser désinformer, et ne se réveilleront que lorsque le pays sera vraiment en ruines, effondré, voire détruit par la guerre que certains rêvent d’étendre à toute l’UE ; soit une prise de conscience réussira à se répandre, et dans ce cas, les administrateurs étrangers, ainsi que les acteurs des médias qui trompent la population, devront rendre des comptes. Mon ami conclut, hélas, en notant que la guerre est un excellent moyen de masquer, une nouvelle fois, les causes de la déchéance du pays.

René Lamertume

Notes

  1. L’une des causes de la détestation de la Russie par les intérêts américains est peut-être en rapport avec le fait que la Russie a détruit le nazisme en Allemagne lors de la seconde guerre mondiale. Car il est intéressant de constater quelle aide a été fournie, après la guerre, par les États-Unis, aux deux anciens pays fascistes que sont l’Allemagne et le Japon, mais c’est un vaste sujet dépassant le cadre de ces quelques lignes.
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