Par James Howard Kunstler – Le 2 octobre 2017 – Source kunstler.com
Bienvenue au mois de la sorcellerie lorsque le désir de mort alimenté par l’entropie de l’Amérique s’exprime avec autant de joie et de gaieté pour Halloween que pour l’ancien esprit de Noël d’autrefois. Les zones extérieures montrent une approche solitaire à une échelle babylonienne, merci aux usines en plastique en Chine. J’ai vu un squelette de T-Rex à l’échelle 1/2 à vendre dans un magasin de jardinage la semaine dernière, entouré d’un équipage complet de cadavres en détresse sortis de Pirates des Caraïbes en costume d’époque, parmi les jack-o-lanterns. Quel propriétaire immobilier, dans cette économie affligée ou il faut trois jobs pour avoir un salaire décent, peut payer quatre mille dollars pour décorer sa pelouse avec un kit complet de film de zombies ?
Les nouvelles du jour sont certainement inspirées par cette forte odeur d’Halloween alors que la nation s’est réveillée en apprenant ce qui sera probablement confirmé comme un record national pour une fusillade dans un espace public. Jusqu’à présent, cinquante-huit morts et plus de 500 personnes blessées, à Las Vegas lors du Route 91 Harvest Festival (neuf de plus que lors du massacre de la boite de nuit en Floride de l’année dernière et beaucoup plus de blessés cette fois).
L’incident vivra son heure de gloire infamante peut-être un jour et demi dans les médias américains. Restez à l’écoute aujourd’hui car il y aura des appels de partout, par des personnes s’affichant en tant que leaders politiques, en faveur de mesures pour s’assurer que quelque chose comme ça ne se reproduise plus jamais. C’est une riche idée, n’est-ce pas ? En attendant, les mêmes manchettes à 6 heures ce matin ont déclaré que les contrats à terme S & P étaient en hausse sur les marchés boursiers. Rien ne peut gêner ce taureau fou, apparemment. Sauf peut-être les 90 000 milliards de dollars de dérivés cuisinés par CitiBank, JP Morgan et Goldman Sachs, qui ont relancé la fabrication du même type d’obligations hallucinantes avec de la dette comme collatéral (groupements géants de prêts improductifs). Vous savez, c’est ce qui avait donné une crise cardiaque à Wall Street à l’automne 2008.
Les faits pittoresques en Europe doivent s’avérer ennuyeux par rapport au potentiel suicidaire de la vie aux États-Unis, mais croyez-moi, c’est une grosse affaire lorsque les autorités espagnoles commencent à frapper sur la tête des grand-mères catalanes juste pour avoir voté. Les scènes vidéo du chaos autour des bureaux de vote à Barcelone ressemblaient à celles du soulèvement de Prague de 1968. Et maintenant que le référendum de la sécession de Catalogne est passé avec un vote à 90% pour le « oui », il est difficile d’imaginer que des violences plus grave ne suivront pas. Jusqu’à présent, l’Union européenne reste en marge de manière stupéfiante. (Pour plus de détails, lisez l’excellent article de Roel Ilargi Meijer sur TheAutomaticEarth d’aujourd’hui.)
Ensuite, dans la cavalcade des traumatismes d’octobre : les États-Unis contre les ambitions de la Corée du Nord autour des armes nucléaires. L’idée s’est renforcée toute l’année, bien sûr, mais elle semble se diriger vers un point culminant maintenant que le Golem d’Or de la Grandeur est à la barre. Ce qui semble étonnant, cependant, c’est la nouvelle méthode de l’Amérique pour mener les questions les plus sensibles de politique étrangère. Le lendemain, le secrétaire d’État Rex Tillerson a déclaré que son bureau était en contact avec des fonctionnaires nord-coréens, le patron du secrétaire, Vous-Savez-Qui, a tweeté : « J’ai dit à Rex Tillerson, notre merveilleux secrétaire d’État, qu’il gaspille son temps à essayer de négocier avec Little Rocket Man. »
Est-ce qu’on assiste à un remake du scénario bon policier / mauvais policier pour rendre fou Kim Jung-un ? Ou le gouvernement américain est-il complètement dysfonctionnel ? Ou peut-être quelque chose d’autre est-il en cours. Dans des circonstances normales, M. Tillerson démissionnerait immédiatement après une telle insulte, mais il faut supposer qu’un sentiment de devoir patriotique l’oblige à rester en fonction au cas où le besoin surgirait soudainement dans ce mois de sorcellerie d’éjecter M. Trump avec le 25è amendement – la clause de la Constitution qui permet au consensus d’un nombre assez restreint de dirigeants politiques nationaux de virer un président en exercice en raison d’un dérangement mental et de son incompétence. Restez à l’écoute de cette histoire.
Enfin – eh bien, qui sait ce qui pourrait survenir maintenant – il y a la question de Porto Rico. Halloween n’y est pas comme en Nouvelle-Angleterre, avec nos matins d’automne un peu frisquets, l’occasion de boire des tasses chaudes et fumantes de cidre et de voir des couleurs de feuillage annonçant l’arrivée de l’automne. La température va rester bien chaude sur les ruines fétides et puantes, avec beaucoup d’eau stagnante, des voies de communications coupées, des ruptures dans les lignes d’approvisionnement en eau et très peu d’électricité. La FEMA et les militaires américains peuvent faire tout ce qu’ils peuvent maintenant, mais ils doivent surveiller l’apparition d’une épidémie de maladies tropicales. L’histoire est loin d’être terminée. Trump y va cette semaine. C’est peut-être exactement le moment où l’État profond pourrait décider de l’abattre.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone