Wétiko


Par Zénon – Novembre 2024

L’homme s’imagine dominer la nature
mais n’en est que le rejeton paranoïaque.
Le plus grand des chasseurs est donné en pâture
aux appétits retors des hordes démoniaques.

Les foules somnambules subissent le diktat
de forces exercées contre leur volonté.
Le dormeur est inconscient de son état
et son esprit demeure compartimenté.

Si l’aveugle savait combien on l’a volé,
il saurait retrouver à tâtons le coupable.
Mais au petit matin l’oiseau noir envolé
le laisse toujours amnésique et incapable.

La terreur est une fièvre contagieuse
insinuée dans l’inconscient collectif.
Elle exige une obéissance religieuse :
notre autodestruction en est l’objectif.

L’individu capable de s’émanciper
a regardé au fond son ombre et sa douleur.
Seule l’attention permet de dissiper
notre propre consentement à nos malheurs.

Chaque intention trouve écho dans l’univers,
c’est ainsi qu’un évènement se réalise.
Nos pensées au ciel sont des livres ouverts :
espérons pour certaines que nul ne les lise.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

 

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Abîme


Par Zénon – Novembre 2024

À ses jeux va-t-en-guerre, l’espèce touche au fond
de ce que peut induire la nature humaine.
Nous découvrons combien notre mal est profond
et jusqu’où l’irresponsabilité nous mène.

Dans le fracas des maux, le cœur souffre en silence
et la langue ne suffit plus à communiquer.
Il n’existe aucun mot, aucune équivalence
permettant à pareille horreur de s’expliquer.

Nous sommes frères et sœurs en cette adversité
mais nous imaginons pourtant la vivre seuls.
C’est peut-être là qu’est la pire atrocité :
les ennemis se pardonnent sous leur linceul.

Les manipulateurs se repaissent du sang
de l’ignorant troupeau mené à l’abattoir.
Mais à ce jeu de dupes, nul n’est innocent.
Rien ne nous en dédouanera devant l’Histoire.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Bérézina


Par Zénon – Novembre 2024

Compagnon, lève-toi et marche,
et que la douleur t’enhardisse.
Poursuis ton chemin sans relâche
avant que le blizzard t’engourdisse.

Vas et ne te retourne pas,
avance quoiqu’il arrive :
La mort poursuit pas à pas
les regards à la dérive.

Certains ont mangé leur cheval
et d’autres leurs camarades
au cours de l’ignoble cavale
des fantômes à la parade.

Tu oscilles en permanence
entre la démence et l’oubli.
Tu pries le ciel dans un silence
que l’humilité anoblit

de t’épargner comme à la France
l’humiliation et le naufrage,
les illusions et la souffrance
des ambitions d’un autre âge.

Il est temps de rendre les armes
aux serpents cracheurs de venin.
Leurs ordres ont coûté trop de larmes
aux veuves et aux orphelins.

Retrouve ta femme et ton fils,
la douceur de ton foyer.
Rien ne mérite le sacrifice
de tout un peuple fourvoyé.

Tu gagneras la paix du cœur,
l’amour, la grâce et l’harmonie.
Tu seras l’unique vainqueur
du vieil Empire à l’agonie.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Kali Yuga


Par Zénon – Octobre 2024

Lorsque les hommes oublient la verticalité,
que tout devient prétexte à divertissement
et que le mensonge règne dans la cité,
nous entrons dans une ère de bouleversements.

Quand les pèlerins errent comme des bateaux ivres
ou comme des aveugles égarés en chemin,
quand même les enfants cherchent du sens à vivre,
nous sommes dans un système sans lendemain.

Les plus fourbes se voient couronnés empereurs
par la renonciation des humbles à leur destin.
Toute une société ne tient que par la peur
et la vile flatterie de ses bas instincts.

Les douleurs que l’enfantement font endurer
est le seul avenir qu’on puisse concevoir.
Cette transition s’inscrira dans la durée :
nous n’aurons pas assez d’une vie pour la voir.

Quelques pionniers en ont semé les graines,
et légué à leurs descendants le soin de la récolte.
Seules les lois de la nature sont souveraines.
Le temps de leur viol est l’heure de la révolte.

Nous arrivons en vue de notre fin prochaine
et de sa promesse d’ultime révélation.
Il aura fallu pour faire tomber nos chaînes
en passer par les affres des tribulations.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Crépuscule


Par Zénon – Octobre 2024

Bienvenue dans le royaume
des fantômes au regard vide,
où l’obéissance est l’axiome
des grands fauves sous opioïdes.

Ici pas de larmes, pas de cris.
Nous vivons la fin d’une histoire
où plus personne ne rit
ni ne nourrit aucun espoir.

Nos amours ont disparu
dans les replis de nos mémoires.
Les sourires sont incongrus
lorsqu’on se fuit du regard.

Les rois de la compétition
investissent dans les cimetières
la sueur et le sang des nations.
Et l’humanité toute entière

cavale vers sa propre perte.
Une élite autoproclamée
travaille d’une main experte
à l’holocauste programmé.

Vivement la fin du spectacle
de cette civilisation
dont chaque mur est un obstacle
à notre réalisation.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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France


Par Zénon – Octobre 2024

Dans ta robe serrée de vierge et vieille fille,
tu imagines encore séduire qui tu veux.
Mais te voila déjà un poids pour ta famille
et chaque jour qui passe est comme un désaveu.

Toi qui désirais par-dessus tout rester libre,
tu es devenue esclave du grand public.
Ce que tu nommes danse n’est que déséquilibre
et ton intimité s’offre aux regards lubriques.

Tu étais tellement fière de ta lignée
et te revendiquais de si hautes vertus
que tu n’as jamais souffert de t’aligner
sur les justifications des femmes perdues.

Tes chairs tripotées par des mains immatures
te font sentir l’immondice où tu es tombée.
Peut-être que tous les goûts sont dans la nature,
mais rares sont les amateurs de macchabées.

Il te reste un regard humide et l’air absent
des lendemains de fête où flotte l’amnésie.
Tes rêves de cristal vont en s’évanouissant
dans la douce hébétude de l’anesthésie.

Les princesses ont souvent le diable pour amant.
Les coupables sont incapables de se taire.
Le français en enfer se parle couramment :
nous en avons répandu l’orgueil sur la Terre.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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Satrapes


Par Zénon – Octobre 2024

Ils nous abordent avec le sourire,
nous promettent monts et merveilles
mais cherchent à nous estourbir
en douce, dans notre sommeil.

C’est dans la cuisine du diable
qu’ils mijotent un avenir
de servitude irrémédiable
où rien ne pourra survenir.

Nous sommes leur chair à canon,
leur armée de bouches inutiles
sans visage et sans nom.
Ils sont la race des reptiles

ivres d’orgueil et de puissance.
Ils nous considèrent comme des riens
mais n’ont qu’un pouvoir de nuisance
sur leur propre terrain.

Nous sommes enfants des étoiles,
autre chose que les rouages
mécaniques de leur toile.
Notre lumière les met en rage.

Ce système n’est que croyance
impossible sans notre accord.
Nous sommes libres de l’expérience.
À nous de changer de décor.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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L’Ombre


Par Zénon – Septembre 2024

Tu regardes sans me voir
chaque fois que tu marches,
chaque fois que tu fermes les yeux,
et chaque fois que tu parles.

Je loge au creux de tes pensées,
dans le repli de ton cœur.
Je suis le monologue insensé
que l’inconscient reprend en chœur.

Je suis la fièvre et l’insomnie.
La sève des failles intimes.
Je suis l’orfèvre de l’agonie
au seuil de l’extase ultime.

Je suis le serpent lové dans tes reins,
l’artisan de tous tes désirs.
Je suis la graine, l’eau, le terrain
de tes passions et de tes délires.

Tu chemines jusqu’à la mort
sans te douter de ma présence,
jusqu’à ce qu’une fleur d’oxymore
me révèle à ta conscience.

Tu te découvres alors une double vie :
celle des croyances et celle de l’être,
et tu n’as dès lors qu’une envie :
de mourir pour mieux renaître.

Nous nous rencontrerons ici
ou à la porte de l’autre monde
si tu préfères le sursis
qu’affronter mon reflet immonde.

Mais sache que je ne grandis
que quand la lumière s’étend,
et que ma sinistre comédie
n’est qu’un signe des temps.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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Révérence


« Si tu veux vaincre le monde entier, vaincs-toi toi-même. » Dostoı̈evski – Les Possédés


Par Zénon – Le 23 Décembre 2023

Sous le joug nazi durant la seconde guerre mondiale, les juifs, les tziganes, les communistes et les résistants pouvaient espérer s’en sortir tant qu’ils n’étaient pas dans le train. Une fois embarqués, c’était trop tard : le processus était mené à terme. Comme l’aurait dit Mark Twain, « l’Histoire ne se répète pas, elle rime ». Nous observons aujourd’hui l’essor d’un totalitarisme qui, bien qu’inédit dans sa forme, s’inscrit dans la continuité d’une idéologie malthusienne restée profondément ancrée dans l’esprit de la caste dirigeante. Et cette fois, nous sommes déjà tous à bord du train.

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