Accepte


Par Zénon – Décembre 2024

Accepte à la fois l’amour et le deuil,
accepte de tout perdre et de retrouver
la nature qui sommeillait d’un œil :
tu auras l’impression d’avoir rêvé.

Accepte l’amitié comme la solitude :
l’une et l’autre sont tes meilleures alliées
pourvu que n’y entre aucune habitude.
Accepte la raideur de l’escalier.

Accepte la douleur, le manque et l’angoisse
comme conditions premières de l’existence.
Tu verras les remous d’un océan turquoise
aux profondeurs ignorant les circonstances.

Accepte que le sens des choses t’échappe,
même les dictateurs ne maîtrisent rien.
Aux quatre coins du monde on s’écharpe
au nom d’idéaux, du vrai et du bien.

Accepte l’impermanence des formes :
elles ne sont que reflets d’idées passagères
dans des cerveaux épris de normes.
Même la mort n’est que messagère.

Accepte-toi, graine d’archange
née de l’eau et de la flamme.
Accepte que les choses changent :
suis les mouvements de ton âme.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Écorces


Par Zénon – Décembre 2024

Se débarrasser de l’habitude, se libérer de soi-même
chaque jour que Dieu fait, telle est la béatitude.

D’aucuns cherchent le renouveau dans l’éternel ailleurs
tandis que sous leurs yeux aveugles la vie ressuscite.

Elle nous défait de nos oripeaux, nous couve d’une flamme
cautérisant nos blessures et faisant fondre nos masques.

Il faut accepter la mort pour avoir la force de vivre :
telle est la loi des êtres déterminés à devenir libres.

Nous dévêtir encore et encore par la force des choses
jusqu’à n’être plus que noyaux de lave en fusion.

Danser sur les cendres du monde, jouir de l’ultime instant
d’illusion avant l’aube et de renaître dans l’onde.

Tâchons d’être nus dès maintenant.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Graine


Par Zénon – Décembre 2024

Comme à un chameau dans une oasis,
le Ciel t’est donné.
Comme un grand chant au milieu des cris
vient d’être entonné.

L’Homme a du centaure la force
et du moineau la légèreté.
La forme apparente n’est qu’une amorce
d’autres réalités.

Est-il ivre, est-il fou
celui qui veut vivre libre
de toute emprise ?
Qu’on l’embastille !

L’heure est à mourir de rire
pour les gens sains d’esprit.
Aux inconscients de découvrir
la démence qui les a pris.

Tout était là au commencement.
Le mental segmente et stérilise
le perpétuel foisonnement
d’amour qui se réalise.

S’ouvrir au grand souffle d’air
des opéras cosmiques
nettoiera le Ciel, fécondera la Terre
d’une étreinte orgasmique.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Ouverture


Par Zénon – Novembre 2024

L’amertume nous parasite
au point d’obscurcir l’horizon.
Les anges ne nous rendent visite
qu’en l’absence de nos démons.

Des cataractes d’énergie
nous traversent de part en part.
Un champ de vision élargi
rend possible un nouveau départ.

Faire accueil à ce qui arrive
sans vouloir se l’approprier
aide à gagner l’autre rive :
le pays des expatriés.

Gardons les yeux grands ouverts,
guettons sur le pas de la porte :
un nouveau monde est découvert
où plus rien d’autre n’importe.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Wétiko


Par Zénon – Novembre 2024

L’homme s’imagine dominer la nature
mais n’en est que le rejeton paranoïaque.
Le plus grand des chasseurs est donné en pâture
aux appétits retors des hordes démoniaques.

Les foules somnambules subissent le diktat
de forces exercées contre leur volonté.
Le dormeur est inconscient de son état
et son esprit demeure compartimenté.

Si l’aveugle savait combien on l’a volé,
il saurait retrouver à tâtons le coupable.
Mais au petit matin l’oiseau noir envolé
le laisse toujours amnésique et incapable.

La terreur est une fièvre contagieuse
insinuée dans l’inconscient collectif.
Elle exige une obéissance religieuse :
notre autodestruction en est l’objectif.

L’individu capable de s’émanciper
a regardé au fond son ombre et sa douleur.
Seule l’attention permet de dissiper
notre propre consentement à nos malheurs.

Chaque intention trouve écho dans l’univers,
c’est ainsi qu’un évènement se réalise.
Nos pensées au ciel sont des livres ouverts :
espérons pour certaines que nul ne les lise.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

 

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Abîme


Par Zénon – Novembre 2024

À ses jeux va-t-en-guerre, l’espèce touche au fond
de ce que peut induire la nature humaine.
Nous découvrons combien notre mal est profond
et jusqu’où l’irresponsabilité nous mène.

Dans le fracas des maux, le cœur souffre en silence
et la langue ne suffit plus à communiquer.
Il n’existe aucun mot, aucune équivalence
permettant à pareille horreur de s’expliquer.

Nous sommes frères et sœurs en cette adversité
mais nous imaginons pourtant la vivre seuls.
C’est peut-être là qu’est la pire atrocité :
les ennemis se pardonnent sous leur linceul.

Les manipulateurs se repaissent du sang
de l’ignorant troupeau mené à l’abattoir.
Mais à ce jeu de dupes, nul n’est innocent.
Rien ne nous en dédouanera devant l’Histoire.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Bérézina


Par Zénon – Novembre 2024

Compagnon, lève-toi et marche,
et que la douleur t’enhardisse.
Poursuis ton chemin sans relâche
avant que le blizzard t’engourdisse.

Vas et ne te retourne pas,
avance quoiqu’il arrive :
La mort poursuit pas à pas
les regards à la dérive.

Certains ont mangé leur cheval
et d’autres leurs camarades
au cours de l’ignoble cavale
des fantômes à la parade.

Tu oscilles en permanence
entre la démence et l’oubli.
Tu pries le ciel dans un silence
que l’humilité anoblit

de t’épargner comme à la France
l’humiliation et le naufrage,
les illusions et la souffrance
des ambitions d’un autre âge.

Il est temps de rendre les armes
aux serpents cracheurs de venin.
Leurs ordres ont coûté trop de larmes
aux veuves et aux orphelins.

Retrouve ta femme et ton fils,
la douceur de ton foyer.
Rien ne mérite le sacrifice
de tout un peuple fourvoyé.

Tu gagneras la paix du cœur,
l’amour, la grâce et l’harmonie.
Tu seras l’unique vainqueur
du vieil Empire à l’agonie.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Kali Yuga


Par Zénon – Octobre 2024

Lorsque les hommes oublient la verticalité,
que tout devient prétexte à divertissement
et que le mensonge règne dans la cité,
nous entrons dans une ère de bouleversements.

Quand les pèlerins errent comme des bateaux ivres
ou comme des aveugles égarés en chemin,
quand même les enfants cherchent du sens à vivre,
nous sommes dans un système sans lendemain.

Les plus fourbes se voient couronnés empereurs
par la renonciation des humbles à leur destin.
Toute une société ne tient que par la peur
et la vile flatterie de ses bas instincts.

Les douleurs que l’enfantement font endurer
est le seul avenir qu’on puisse concevoir.
Cette transition s’inscrira dans la durée :
nous n’aurons pas assez d’une vie pour la voir.

Quelques pionniers en ont semé les graines,
et légué à leurs descendants le soin de la récolte.
Seules les lois de la nature sont souveraines.
Le temps de leur viol est l’heure de la révolte.

Nous arrivons en vue de notre fin prochaine
et de sa promesse d’ultime révélation.
Il aura fallu pour faire tomber nos chaînes
en passer par les affres des tribulations.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon

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Crépuscule


Par Zénon – Octobre 2024

Bienvenue dans le royaume
des fantômes au regard vide,
où l’obéissance est l’axiome
des grands fauves sous opioïdes.

Ici pas de larmes, pas de cris.
Nous vivons la fin d’une histoire
où plus personne ne rit
ni ne nourrit aucun espoir.

Nos amours ont disparu
dans les replis de nos mémoires.
Les sourires sont incongrus
lorsqu’on se fuit du regard.

Les rois de la compétition
investissent dans les cimetières
la sueur et le sang des nations.
Et l’humanité toute entière

cavale vers sa propre perte.
Une élite autoproclamée
travaille d’une main experte
à l’holocauste programmé.

Vivement la fin du spectacle
de cette civilisation
dont chaque mur est un obstacle
à notre réalisation.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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France


Par Zénon – Octobre 2024

Dans ta robe serrée de vierge et vieille fille,
tu imagines encore séduire qui tu veux.
Mais te voila déjà un poids pour ta famille
et chaque jour qui passe est comme un désaveu.

Toi qui désirais par-dessus tout rester libre,
tu es devenue esclave du grand public.
Ce que tu nommes danse n’est que déséquilibre
et ton intimité s’offre aux regards lubriques.

Tu étais tellement fière de ta lignée
et te revendiquais de si hautes vertus
que tu n’as jamais souffert de t’aligner
sur les justifications des femmes perdues.

Tes chairs tripotées par des mains immatures
te font sentir l’immondice où tu es tombée.
Peut-être que tous les goûts sont dans la nature,
mais rares sont les amateurs de macchabées.

Il te reste un regard humide et l’air absent
des lendemains de fête où flotte l’amnésie.
Tes rêves de cristal vont en s’évanouissant
dans la douce hébétude de l’anesthésie.

Les princesses ont souvent le diable pour amant.
Les coupables sont incapables de se taire.
Le français en enfer se parle couramment :
nous en avons répandu l’orgueil sur la Terre.

Zénon

Extrait du recueil de poèmes inédits « Hérésies«  de Zénon. À retrouver dans Les Chroniques de Zénon
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