On nous disait que le premier King Kong c’était une métaphore de la crise de 29… Et le comte Zaroff ?
Août 2025 – Source Nicolas Bonnal

Le grand King Kong c’est le deuxième, celui de Guillermin, français (d’origine) créateur de la Tour infernale, et qui pendant quelques années a réalisé des superproduction géniales qui enfoncent tous les opus contemporains de Godard et compagnie ; et ce film est essentiel pour des raisons moins liées au cinéma que prévu (de toute manière c’est fini depuis Griffith ou Orson le cinéma) :
- on a une époque déchue mais lucide, un peu contestataire (le personnage de Jeff Bridges) ;
- on a la crise du pétrole et la révolte contre l’industrie (ce que Spengler appelle dans son livre sur le technique la nausée de la machine) ;
- on a la prison de fer du grand pétrolier (fantastique décor) où l’on enferme le terrible poète amoureux, et qui rappelle encore et toujours la prison de fer de Dick ;
- on a la lucidité maladroite et sympa des personnages pas trop prétentieux et encore positifs (l’une veut être une star, l’autre plus riche être le sauveur de la nature) ;
- on a John Barry, musicien primaire mais malin, génie capable de vous transporter trois notes ;
- on a Kauai l’île magique de l’archipel, et sa plage d’Honopu, et son rocher cathédrale. On a un peu de brouillard et on a un bon tricoteur de singe.
La leçon anti-spectaculaire et anticapitaliste du film (le rigolo producteur finit écrasé par son monstre, on est à une époque où l’anticapitalisme de façade, venu de Debord ou Marcuse, ne doute de rien) a vite fait long feu mais l’essentiel reste. On enlève leur singe aux indigènes, on est dans la deuxième chute d’Eliade, dans le désenchantement du monde pas très bien compris par Max Weber.
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