Bras de fer Poutine – UE ?

EU Commission President Goes to Russia: Major Diplomatic Breakthrough


Le Président de la Commission de l’UE se rend à Moscou, une percée diplomatique majeure


Par Peter Korzun – Le 1er juin 2016 – Source strategic-culture

Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a accepté d’assister à un événement en Russie en juin, a annoncé une porte-parole de la Commission le 30 mai, dans un mouvement qui peut susciter le débat sur les relations tendues de l’UE avec Moscou.

«Le Président Juncker a été invité et prévoit de participer au Forum économique international de Saint-Pétersbourg le 16 juin, a déclaré la porte-parole. Il saisira cette occasion pour transmettre à la direction russe, ainsi qu’à un public plus large, le point de vue de l’UE en ce qui concerne l’état actuel des relations UE–Russie», a-t-elle ajouté.

Le Forum économique international annuel de Saint-Pétersbourg aura lieu du 16 au 18 juin. Le thème de cette année est «Capitaliser sur la nouvelle réalité économique globalisée». L’événement annuel rassemble des politiciens, des chefs d’entreprise et des cercles de réflexion. Cette fois ci, le ministre des Affaires étrangères de la Hongrie, Peter Szijjarto, la ministre grecque du Tourisme, Elena Kountoura, et l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, ainsi que l’ancien Commissaire au Commerce de l’Europe, Peter Mandelson, sont sur la liste des invités. Des investisseurs US importants prendront part au forum.

«Le business fera ce qu’il considère comme nécessaire. Ce qui n’est pas interdit est autorisé. Selon nos informations, les principaux investisseurs assisteront au forum russe. Des entreprises américaines seront parmi eux. La tentative politique d’ignorer le forum a échoué. Les entreprises intéressées, en tout cas, seront présentes et personne ne pourra les en empêcher», a déclaré le porte-parole de l’ambassade de Russie à Washington, Grigory Zasypkin.

L’année dernière, le forum a été suivi par PwC, Boston Consulting, Schlumberger, Intel, ExxonMobil, Boeing et d’autres entreprises américaines. En 2015, le forum a enregistré la signature de 205 accords, mémorandums et contrats, d’une valeur totale de $4,5 milliards.

Le Président du Conseil européen, Donald Tusk, a récemment souligné l’inclination actuelle de l’UE à prolonger les sanctions contre Moscou, en dépit d’un appel de certains décideurs politiques européens et de chefs d’entreprise au réexamen de cette politique.

Plusieurs pays – dont le Royaume-Uni, les États-Unis, ainsi que certains États baltes et d’Europe centrale – ont exprimé en privé leur malaise, constatant que la participation de Juncker au forum renforcerait la position russe à un moment décisif du débat sur les sanctions.

Ceux qui s’opposent aux sanctions anti-russes soulignent qu’elles se sont révélées politiquement inefficaces et économiquement dommageables pour la Russie et les pays européens.

Certains pays de l’UE, dont la France et l’Italie, ont fait pression pour un plus grand engagement avec Moscou et ont même appelé à la levée des mesures punitives.

Par exemple, le Sénat français débattra, le 8 juin, sur un projet de résolution appelant à l’assouplissement et à la levée progressive des sanctions anti-russes. Les auteurs de la résolution ont également souligné que la politique de sanctions n’est plus viable. Les sénateurs français ont appelé à la levée immédiate des sanctions personnelles imposées à l’encontre des députés russes et a souligné que Moscou reste un partenaire stratégique, à la fois pour la France et pour l’Europe. Le projet de résolution a déjà été pris en charge par la commission des affaires européennes. «La détérioration des relations entre la Russie et l’UE ne provoque que des regrets. Nous croyons que l’assouplissement progressif des sanctions imposées contre la Russie est nécessaire, en particulier dans le domaine de l’économie», ont déclaré Yves Pozzo di Borgo et Simon Sutour, les deux sénateurs qui ont introduit le projet de résolution.

Le 28 avril, une résolution similaire a été adoptée par l’Assemblée française, qui est la chambre basse du Parlement français.

Le 19 mai, un conseil de la région de Venise, au nord-est de l’Italie, a adopté une résolution reconnaissant la Crimée comme partie de la Russie et exhortant le gouvernement italien et l’Union européenne à lever les sanctions.

Le 25 mai, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a déclaré que Budapest maintiendra sa position contre l’extension automatique des sanctions imposées à Moscou par l’Union européenne, après avoir rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov dans la capitale hongroise.

«Nous sommes conscients que la réticence dans l’UE pour étendre les sanctions envers la Russie a augmenté», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

«Ce sera plus difficile que l’an dernier de trouver une position commune sur cette question, a déclaré le ministre. J’espère que d’ici la fin de juin, il y aura des progrès et que nous pourrons voir s’il est possible de réduire les sanctions par étapes, ou si nous maintenons les mesures que nous avons en ce moment», a dit Frank-Walter Steinmeier à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel dans une interview le 20 mai «Notre objectif n’est pas de maintenir les sanctions, mais de résoudre le conflit», a-t-il souligné.

Selon les dernières estimations de la Chambre de commerce germano-russe (AHK), les deux tiers des 134 entreprises allemandes travaillant en Russie ont déclaré avoir souffert des sanctions.

Des sources diplomatiques anonymes ont dit au magazine américain Politico, que les États-Unis craignaient de voir la visite de Juncker renforcer la position du président russe Vladimir Poutine, avant une décision cruciale sur le renouvellement des mesures restrictives.

Lorsque Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avait évoqué la possibilité d’aller à Moscou en mars, les diplomates ont déclaré que les ministres européens des Affaires étrangères étaient très divisés sur l’opportunité de lui délivrer le mandat pour faire le voyage.

Mogherini a finalement décidé de ne pas y aller. Elle pourra essayer à nouveau bientôt, si la visite de M. Juncker a lieu.

Malgré les sanctions, les responsables de l’UE ont travaillé en étroite collaboration avec la Russie sur des questions telles que la Syrie et l’Iran.

Depuis que les sanctions sont entrées en vigueur, les contacts internationaux de la Russie ont été très intenses. Le Secrétaire d’État américain John Kerry a rencontré le dirigeant russe en mars pour parler de la Syrie, et les relations diplomatiques entre les États membres de l’UE et la Russie continuent. Entre septembre 2015 et février 2016, il y a eu 19 visites de délégations nationales à Moscou, principalement au niveau ministériel. Angela Merkel a visité Moscou en mai 2015. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a rencontré le président russe Vladimir Poutine en avril de cette année.

Les États membres de l’UE reconnaissent que les sanctions en question sont un sujet de discorde. La prochaine visite de Jean-Claude Juncker montre que l’unité existante est fragile. L’économie de la Russie est sur la voie de la récupération complète et les entreprises européennes n’en profitent pas.

La Russie peut acheter ailleurs la plupart des marchandises produites dans l’UE. Il y a une prise de conscience croissante en Europe, que les sanctions ont échoué et que la réalité dicte des approches différentes. La décision du Président de la Commission européenne de se rendre en Russie avant le sommet de l’UE (28-29 juin) matérialise ce fait. Sa présence au forum sera sans doute une percée majeure dans la relation UE-Russie.

Peter Korzun

Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

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