Par Anna Belkina – Le 27 septembre 2024 – Source RT
Le gouvernement américain a récemment pris de nouvelles sanctions contre RT, le département d’État annonçant une nouvelle « campagne diplomatique », menée par les diplomates américains, canadiens et britanniques qui promet de « rallier les alliés et les partenaires du monde entier pour qu’ils se joignent à nous dans la lutte contre la menace posée par RT ».
En d’autres termes, il s’agit d’intimider les pays qui ne font pas partie de l’Occident collectif pour qu’ils coupent l’accès de leur population au contenu de RT afin de rétablir le monopole quasi mondial de l’Occident sur l’information. L’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique semblent préoccuper tout particulièrement James Rubin, du département d’État, car c’est dans ces régions que la politique étrangère des États-Unis n’a pas réussi à trouver un écho universel.
Comme l’a déclaré Rubin lors d’une conférence de presse, « l’une des raisons pour lesquelles une grande partie du monde n’a pas soutenu l’Ukraine aussi pleinement qu’on aurait pu le penser, c’est à cause de l’ampleur et la portée de RT ».
Ne faisant manifestement pas confiance à ceux qui, en dehors des cercles de l’élite occidentale, pensent et décident par eux-mêmes à quelles sources d’information les gens devraient ou ne devraient pas avoir accès, Rubin a promis que les États-Unis « aideront les autres gouvernements à prendre leurs propres décisions quant à la manière de traiter RT« .
Cette déclaration témoigne d’une attitude condescendante et néocolonialiste, surtout si l’on considère les pays visés.
Il a donc été rassurant d’observer, au cours des deux dernières semaines, la diversité des voix qui se sont élevées contre cette dernière croisade menée par les États-Unis.
The Hindu, l’un des journaux indiens de référence, a été l’un des premiers à rapporter que si « des fonctionnaires américains ont parlé au ministère [indien] des affaires extérieures de se joindre à leurs actions » contre RT, « des fonctionnaires du gouvernement ont déclaré que le débat sur les sanctions n’était pas pertinent pour l’Inde, tandis qu’un ancien diplomate a déclaré que l’interdiction d’organisations médiatiques montrait que les pays occidentaux faisaient du “deux poids, deux mesures” ».
Cette position a été appuyée par le journal économique indien Financial Express : « Il est peu probable que l’Inde donne suite à cette demande [d’interdiction de RT], compte tenu de ses relations amicales de longue date avec la Russie et de sa propre position sur la censure des médias… En Inde, RT jouit d’une audience importante, son contenu atteignant un grand nombre de téléspectateurs anglophones et élargissant également sa portée par le biais d’une plateforme de médias sociaux en langue hindi. RT a gagné en popularité en Inde et dans d’autres parties du monde en affirmant que sa mission principale est de contrer le discours occidental et d’offrir le point de vue de la Russie sur les affaires mondiales ».
Au Moyen-Orient, le journal saoudien Okaz a déclaré : « Il est paradoxal que lorsque la [liberté] d’expression devient une menace pour les États-Unis et l’Occident, ils imposent des restrictions, comme cela s’est produit avec l’interdiction de RT sous le prétexte du manque de transparence, de la diffusion de fausses informations, de l’ingérence dans les affaires intérieures et de l’incitation à la haine – ce que Washington et l’Occident font eux-mêmes à l’égard d’autres pays ».
Le grand quotidien libanais Al Akhbar a écrit : « Malgré toutes les tentatives d’interdiction, RT continue d’émettre et inquiète les partisans des guerres impériales. Ces efforts démontrent également l’hypocrisie de leurs auteurs et leurs fausses affirmations sur la « liberté d’expression » et la « liberté de la presse », entre autres proclamations tapageuses. Ils affirment que RT est un « porte-parole de la désinformation », mais si c’est le cas, pourquoi la craindre autant ? Si la chaîne diffuse réellement des mensonges, les téléspectateurs ne pourront-ils pas s’en rendre compte par eux-mêmes ? Cela ne fonctionne que si les dirigeants occidentaux considèrent que leurs citoyens sont simples d’esprit et facilement trompés, ce qui explique la désinformation qui émane de tous les côtés des médias occidentaux ».
En Amérique latine, le magazine d’actualité uruguayen Caras y Caretas a fait l’éloge de RT pour avoir « maintenu une ligne éditoriale véridique, au-delà du fait d’être un média d’État, et [elle] a accru sa popularité et sa crédibilité en exposant une perspective qui la rend créative, originale et authentique… RT a contribué à ouvrir les yeux d’une très grande partie de la population mondiale et de gouvernements et de pays de plus en plus nombreux. C’est la raison pour laquelle les États-Unis et les conglomérats médiatiques hégémoniques tels que Meta et Facebook ont imposé des sanctions à RT et à ses directeurs, en les accusant d’accusations invraisemblables et ridicules. Les déclarations des hauts fonctionnaires de l’administration américaine qui prétendent défendre la liberté de la presse et accusent RT d’être une façade pour les services de renseignement russes ne sont que l’expression de l’impuissance face à un récit alternatif à l’histoire impérialiste hégémonique ».
Amen.
Rosario Murillo, vice-présidente du Nicaragua, a envoyé à RT une lettre de soutien. Elle y reproche aux autorités américaines leurs actions contre la chaîne et se demande quand elles « apprendront que les agressions qu’elles appellent sans vergogne “sanctions” (comme si elles avaient le pouvoir divin d’infliger des punitions) n’ont pas plus de sens que d’asseoir leurs prétentions à la position [de] dictateurs du monde ». Elle a salué le « travail de RT et la manière créative, réfléchie, illustrative, sensible et émouvante » dont RT « parvient à communiquer ».
Un certain nombre de médias africains se sont également exprimés sur l’hypocrisie de la censure américaine à l’échelle mondiale. Le journal nigérian The Whistler résume ainsi le dernier diktat des médias occidentaux et ses connotations colonialistes : « Les Américains se sont disputés avec la Russie et ont ensuite fermé cette chaîne d’information russe. Un ordre signé par un politicien américain à Washington a poussé la société européenne qui fournit Multichoice à arrêter la diffusion de RT… Le résultat ? Nous, Nigérians, nous sommes réveillés un jour pour découvrir que nous ne pouvions plus regarder RT à la télévision ou la diffuser sur Facebook à cause d’un drame survenu à Washington et à Moscou. Imaginez l’audace ! Cette décision a été prise par les Américains et les Européens sans demander à quiconque ici en Afrique ce qu’il en pensait. Ils ont décidé ce que nous devions ou ne pouvions pas regarder cette chaine sur nos propres téléviseurs ».
Il est réconfortant de voir que tant de pays différents, avec des politiques, des sociétés et des cultures incroyablement variées, s’expriment contre le fait que Washington leur impose son ordre mondial. Ils prouvent que la voix de RT continue d’être non seulement nécessaire, mais aussi bienvenue et recherchée.
Hier soir, dans le cadre de la réponse de RT aux actions du gouvernement américain, le logo vert vif de RT a illuminé la façade du bâtiment de l’ambassade des États-Unis à Moscou avec le message suivant :
Nous ne nous en irons pas
Ni des États-Unis, ni de l’Occident en général, ni des autres parties du monde.
À bientôt !
Anna Belkina
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone