Par Emmanuel Leroy − Le 13 Novembre 2024
Après l’impressionnante victoire de Donald Trump pour l’élection du 47ème président des Etats-Unis il semble difficile de faire une analyse impartiale entre la consternation des médias du Système – particulièrement en Europe – qui restent tétanisés par la défaite écrasante du camp Démocrate et la jubilation de la plupart des médias dissidents qui semblent voir dans le succès du candidat républicain la fin espérée du Nouvel Ordre Mondial et des machinations des fous de Davos.
Une semaine après le coup de tonnerre électoral, essayons d’y voir un peu plus clair et d’anticiper quelles pourront être les conséquences de la victoire de Trump, dans son pays d’abord, et sur la continent eurasiatique ensuite.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une précision s’impose pour mieux saisir la nature des forces qui s’affrontent et déterminer quelles opportunités la victoire de Donald Trump peut offrir aux peuples du monde et singulièrement à la France dans ce premier quart de XXIème siècle.
Pour appréhender la contradiction fondamentale qui oppose le clan Trump aux néo-cons de Washington, il faut garder présent à l’esprit le fait que les deux camps prônent une vision du monde hégémonique et que leurs projets respectifs consistent à dominer le monde, les premiers – que je qualifie d’archéo-mondialistes – et qui voudraient recouvrer la puissance de l’Amérique des années 60, notamment en la réindustrialisant massivement et les seconds – que j’appelle les néo-mondialistes – qui voudraient achever le programme de Davos avec l’Agenda 2030, c’est-à-dire une domination totale de l’humanité par la finance hors-sol et la mise en place de sociétés régressives et déconstruites en déclin démographique planifié et accéléré. Ce sont deux clans avec des stratégies politiques, économiques et monétaires divergentes qui s’affrontent et il devient clair désormais qu’une partie notable des milliardaires US qui jusqu’à présent semblait suivre le camp des néo-mondialistes, joue désormais la carte des archéo-mondialistes, Elon Musk étant le plus emblématique d’entre eux.
A cette première opposition de surface sur les divergences stratégiques opposant les deux camps, s’ajoute un deuxième élément, de nature irrationnelle et spirituelle mais qui joue un rôle crucial, à savoir la dénonciation par Donald Trump de l’aspect maléfique de ses adversaires ce qu’il a illustré par son fameux slogan « drainer le marais ». Il serait erroné à mon avis de mésestimer ce second aspect de l’affrontement entre mondialistes archéo et néo car il est le lieu majeur où va se jouer le destin de l’humanité ces prochaines années.
Aux Etats-Unis tout d’abord où la victoire sans appel de Trump, contrairement à 2016 face à Hillary Clinton, lui offre toute latitude pour réformer la société américaine de fond en comble et en extirper les agents de l’Etat profond qui jouent depuis longtemps la carte des néo-mondialistes et de la dictature de la caste financière. La mise à l’écart de la prochaine administration Trump de personnalités ultra-sionistes comme Mike Pompeo et Nikki Halley semble aller dans ce sens, même si d’autres personnalités favorables à Israël figurent également dans l’équipe présidentielle pressentie. Mais surtout, la nomination attendue de Robert Kennedy junior au département de la santé est une véritable bombe – ce que n’a pas manqué de relever Jacques Attali – car elle va permettre la remise en cause d’un des programmes-clé de Davos, à savoir la domestication de l’humanité par la vaccination forcée. Les conséquences politiques et judiciaires de ce choix sont potentiellement explosives car la condamnation, désormais attendue, des principaux organisateurs de l’agenda covidiste aura des répercussions immenses et notamment en Europe auprès des gouvernements et de la Commission européenne qui ont promu l’injection forcée. Voilà une des raisons majeures, mais il y en a d’autres, qui ont tétanisé les élites européennes après la victoire de Trump.
Un autre aspect capital de ce que la victoire de Trump peut remettre en question est la domination sans partage des puissances financières qui se sont arrogé le contrôle du monde par la maîtrise de l’émission de la monnaie. Il faut bien comprendre que depuis les années 70 du siècle dernier où l’on a vu le capitalisme financier prendre la main sur le capitalisme industriel, on a assisté à une progression phénoménale de la circulation du dollar dans l’économie mondiale bien au-delà de la valeur réelle des marchandises échangées ; ceci expliquant la dépréciation continue du dollar qui non seulement n’est plus indexé sur l’or depuis la remise en cause des accords de Bretton Woods par Nixon en 1973, mais dont la masse équivaut à beaucoup plus que la valeur réelle des biens en circulation. Les dollars qui circulent sur la terre entière ne représentent plus aujourd’hui l’économie réelle mais simplement la valeur de la dette des pays qui se sont assujettis aux diktats de la FED, du FMI et de la Banque mondiale.
Clairement, Trump et les forces archéo-mondialistes veulent réinstaurer aux USA un système capitaliste tel qu’il a existé jusqu’aux années 60 du siècle dernier avec une réduction des échanges et un retour inévitable au protectionnisme économique. Cela implique une baisse extrême de l’émission de monnaie – donc à une suppression ou à tout le moins à la prise de contrôle de la FED (association de banques privées) par l’administration Trump – et donc à une déclaration de guerre contre la finance internationale. Ceci expliquant en partie les tensions extrêmes que l’on voit se développer aux Etats-Unis depuis quelques années avec par exemple les tentatives d’assassinat dont a été victime le candidat républicain ces derniers mois… et il y en aura sans doute d’autres tant les enjeux sont majeurs.
Quelles conséquences pour la guerre d’Ukraine et les enjeux géopolitiques eurasiens ?
L’opération militaire spéciale lancée par le Kremlin en Ukraine en février 2022 n’était en fait qu’une tentative de faire reculer l’OTAN jusqu’aux frontières de 1991. Objectivement, à ce stade du conflit, force est de reconnaître que non seulement l’OTAN n’a pas reculé d’un pouce mais elle s’est même dangereusement rapprochée des frontières russes par l’adjonction de la Finlande et de la Suède à l’alliance Atlantique. Néanmoins, il faut garder présent à l’esprit que le conflit en cours n’oppose pas seulement la Russie à l’Ukraine mais à l’Occident tout entier lequel a investi des centaines de milliards de dollars pour doper le régime de Kiev sans lesquels le pouvoir de M. Zelensky et l’armée ukrainienne se seraient effondrés depuis longtemps.
Par ailleurs, si cette guerre a montré un certain nombre de carences de l’armée russe – en partie corrigées depuis 2022 – elle a montré aussi que la Russie disposait d’avantages tactiques et stratégiques – notamment en matière de missiles hypersoniques et de guerre électronique – que l’OTAN ne maîtrise pas et c’est bien pourquoi les USA se gardent bien d’affronter ouvertement la Russie dans un conflit qu’ils n’ont aucune chance de gagner, laissant leurs chiens fous, Britanniques, Français, Polonais et autres Baltes, aboyer contre Moscou.
Alors quid du retour aux affaires de Donald Trump le 20 janvier prochain ?
Sera-t-il capable de mettre un terme à la guerre en 24h comme il l’a affirmé ? Les premiers ballons-sonde que sa future équipe a commencé d’envoyer n’augurent rien de bon dans la mesure où il est proposé de geler le conflit sur les lignes de démarcation existantes avec une promesse de ne pas intégrer l’OTAN avant 20 ans. Aucune des demandes russes n’est prise en considération : ni la démilitarisation de l’Ukraine, ni sa dénazification, ni le recul de l’OTAN aux frontières de 1991. De ce fait, l’Occident en revient à de nouveaux accords du type Minsk 1 ou 2 dont François Hollande ou Angela Merkel nous ont bien rappelé qu’il ne s’agissait que de mesures dilatoires destinées à gagner du temps pour reconstituer l’armée ukrainienne défaite en 2015 dans le Donbass par les milices populaires de Donetsk et de Lougansk.
Il est clair que la Russie ne pourra se satisfaire de ces promesses creuses destinées à prolonger le conflit indéfiniment ou à instaurer un système de partition à la coréenne qui permettrait à l’OTAN de s’implanter officiellement ou officieusement sur le flanc sud de la Fédération de Russie. D’autant moins, que la situation sur le terrain commence à se clarifier et que depuis l’offensive du mois d’août vers Koursk du régime de Kiev, on assiste à un effritement accéléré du front du Donbass en faveur de Moscou qui témoigne de l’effondrement du moral de l’armée ukrainienne et de l’échec de la campagne de mobilisation forcée de la société ukrainienne.
Poutine et Trump ont-ils des intérêts communs ou à tout le moins convergents ?
Sur un autre plan, il me semble intéressant de souligner la convergence de vues entre Donald Trump et Vladimir Poutine quant à l’identité de l’ennemi qu’ils ont respectivement désigné. Seuls des observateurs superficiels ou des « experts » de plateaux pourraient penser que la dénonciation du satanisme des élites occidentales par le dirigeant du Kremlin est un simple slogan à usage interne.
De même, la volonté réaffirmée de Trump de nettoyer les écuries d’Augias dans son pays vise très précisément les mêmes forces que son alter ego russe dénonce également. Pour la première fois dans l’histoire moderne on observe cette conjonction idéologique – et spirituelle- entre ces deux grandes puissances géopolitiques que sont les Etats-Unis et la Fédération de Russie. C’est cette situation, particulièrement dangereuse pour lui, que le Système a parfaitement identifiée et c’est la raison probable pour laquelle il fera tout ce qui est en son pouvoir pour provoquer le chaos mondial : exacerbation du conflit au Proche-Orient, provocations en Europe et aux USA pour déclencher des émeutes raciales et bien évidemment poursuivre le processus de soutien total à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.
Cela posé, le respect mutuel entre les dirigeants de la Maison Blanche et du Kremlin n’empêchera pas les réalités géopolitiques de conserver leurs droits. Les Etats-Unis sont, tout comme leur matrice anglaise, une thalassocratie et leurs intérêts vitaux sont fondamentalement opposés à ceux de la tellurocratie eurasienne. Même si Trump remportait son pari d’éradiquer l’Etat profond dans son pays, d’une part cela ne signifierait pas sa disparition totale, loin s’en faut, et d’autre part cela ne remettrait pas en question le fait que les élites anglo-saxonnes, des deux côtés de l’Atlantique, sont formatées depuis des décennies pour faire la guerre à l’Eurasie, quel que soit le régime qui y prédomine. C’est la raison pour laquelle je pense que pour espérer voir advenir un monde multipolaire harmonieux, l’idéologie anglo-saxonne, fondamentalement raciste et suprémaciste, devra être auparavant extirpée et détruite.
Ceux qui sur les rives du Potomac ou de la Tamise, se prennent pour les héritiers de Rome se sont trompés. Ils ne sont que les descendants d’Hannibal – et serviteurs de Ba’al – et comme lui ils seront vaincus.
Emmanuel Leroy