Par James Howard Kunstler − Le 14 août 2020 − Source Clusterfuck Nation
Pour le moment, il semble que le candidat oint par la direction du Parti Démocrate (DNC) au poste de président des États-Unis soit la sénatrice Harris (CA), en raison du handicap évident de son colistier Biden. Mais un pied-de-nez aussi audacieux n’a jamais été tenté auparavant lors d’une élection nationale. Pensez-vous que les grands Manitous du DNC croient vraiment qu’ils pourront pigeonner les électeurs ?
Il reste à voir si cette agitation résistera aux turbulences, et à la fatigue, lors de la convention nationale de la semaine prochaine – elle-même s’annonçant comme un événement extrêmement particulier, géré avec des SMS, des courriels, des appels téléphoniques, des rencontres télé vidéo Zoom, des signaux de fumée et peut-être des émeutes, ici et là, pour souligner l’attachement du parti au renversement des normes culturelles par la violence.
L’action réelle pourrait se dérouler ce week-end de pré-convention alors que tous les intéressés pigent parfaitement la terrible perspective de voir Joe Biden tâtonnant et balbutiant dans un discours d’acceptation, errant, entre la voix dans son oreillette rivalisant avec le texte déroulant sur le prompteur. Le pauvre Joe apparaîtra pour ce qu’il est vraiment dans le crépuscule étrange de sa longue carrière : des milliers d’implants capillaires à la recherche d’un cerveau. Un spectacle aussi pitoyable révélerait le cynisme – ou l’imprudente stupidité – du jeu que le parti Démocrate a joué cette année, et jusqu’à présent. Cela provoquera un désarroi épique dans les rangs. Vont-ils permettre que cela se produise ?
Il est certain qu’ils transpirent. Alors quoi ? Hillary Clinton saisira-elle cette dernière mince chance de gloire en s’offrant à la foule virtuelle désespérée et en pleine déréliction ? Vite, que quelqu’un planque les bouteilles de vodka et fasse sortir Bill Clinton de la pièce, pour l’amour du ciel ! Mais pensez au ticket de rêve que cela ferait : Hillary Clinton et Kamala Harris – Hill et Kam – deux fortes nanas ! L’une de plusieurs couleurs et l’autre schizophrène de plusieurs caractères, surtout en cette année du 100e anniversaire du 19e amendement 1! Écartez-vous, tous les hommes poilus, peloteurs, privilégiés dégoûtants et faites place au triomphe du féminisme ! Ou… plouf… est-ce juste un fantasme ? Je vous le dis, tout peut arriver.
Est-ce que Mme Harris – qui entretenait une amitié étroite avec le fils décédé de M. Biden, Beau, lorsque les deux étaient procureurs généraux de l’État californien – va s’asseoir et discuter avec l’oncle Joe, le poussant toujours gentiment de côté pendant cette douce nuit de convention du parti, puis prenant le relais, la première place, pour de vrai, choisissant son propre candidat à la vice-présidence ? Qui, mais c’est bien sûr, Pete – le maire homo de South Bend, Indiana, Pete Buttigieg – pour compléter un ticket d’arcs-en-ciel et de licornes.
Bernie essaie-t-il de se frayer un chemin avec les coudes, précédé d’une escadrille de Bernie Bros – ses supporters jeunes et enthousiastes, comme en 2016 ? Non. Il a prouvé lors des deux dernières campagnes nationales qu’il était un perdant, pas un gagnant, et qu’il irait dans la direction que les puissants voudront bien lui indiquer.
Il n’y a personne d’autre, vraiment, aucun chevalier noir crédible vers lequel le parti pourrait se tourner à son heure de terreur existentielle auto-infligée. Ce sera un épisode monumental interminable s’ils acceptent ce billet Biden / Harris. Il est difficile d’imaginer le vieux Joe à la dérobée, s’humiliant à chaque fois qu’il tente quelques déclarations devant une assemblée clairsemée de pique-assiettes et de petits soldats socialement distanciés, sans parler du spectacle horrible des débats à venir avec le Golem d’or de la grandeur.
Vous comprenez, bien sûr, que toutes ces manœuvres purement politiques se déroulent, à une distance stratosphérique de ce qui se passe sur le terrain aux États-Unis – à savoir, un glissement terrible et écœurant pour des dizaines de millions de personnes vers l’abîme de la faillite, de la forclusion, de la saisie judiciaire, de la faim, de l’itinérance et de la violence. Les Démocrates essaieront de coller les incohérences de la gestion de la Covid-19 sur le dos de M. Trump. Rachel Maddow & Company [journaliste « éveillée » à MSNBC, NdT] touillera cette sauce jusqu’à la mort, et le New York Times essaiera chaque jour avec acharnement d’aggraver la menace Covid-19 et de militer pour confiner plus de choses plus longtemps. Je ne suis pas sûr non plus que les électeurs achèteront cela aussi.
Pendant ce temps, les Démocrates devront obliger leurs guerriers Antifa à démobiliser après la fête du Travail. Encore plus d’émeutes et de pillages leur seront sûrement imputés – surtout maintenant que l’organisation Black Lives Matter a déclaré que le pillage équivaut officiellement à des réparations pour l’esclavage et les indignités qui lui sont associées.
Mais vont-ils se démobiliser ? Il n’y a pratiquement pas d’autre moyen pour les garçons et les filles de se socialiser, en cette année sans emploi, sans cafés, sans bars, sans clubs, sans fêtes autorisées, sans festivals de musique ou concerts, avec des règles de distanciation sociale ridicules sur les campus, même s’ils tentent la re-ouverture des universités. Voici quelque chose que vous ne réalisez peut-être pas à propos des émeutes, en tant que lieux sociaux : elles offrent de fabuleuses opportunités d’affichage aux jeunes hommes alpha – les dominants – qui ne seraient jamais autorisées avec les paramètres sociaux raffinés plus habituels. Des actions comme briser des choses, les brûler, lancer des projectiles et des bombes, se précipiter vaillamment dans les ténèbres vêtu d’une combinaison noire comme les super-héros dans les films… jouer à des trucs de guerriers vraiment primitifs. Ne sous-estimez pas le pur romantisme de tout cela. Il doit aussi y avoir un attrait considérable pour les dames, qui ont leurs propres pulsions primitives, soyons honnêtes.
Mais, bien sûr, si les Antifas continuent jusqu’à l’automne, le Parti Démocrate sera clairement perçu comme le parti du chaos. Ce qu’il est en fait. Et n’est-il pas vrai que le peuple américain a déjà assez de chaos dans sa vie actuellement, sans tout cela ?
James Howard Kunstler
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Notes
- « Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne pourra être dénié ou restreint pour cause de sexe par les États-Unis ni l’un quelconque des États. Le Congrès aura le pouvoir de donner effet au présent article par une législation appropriée. » ↩
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