Par Andrew Korybko − Le 9 février 2020 − Source cgtn.com
Ce 8 février, le New York Times a publié un article sous le titre originel « Le décès d’un Américain alimente les préoccupations quant à l’approche de la Chine vis-à-vis du Coronavirus« , qui émettait pour théorie que le décès d’un citoyen étasunien en Chine, infecté par le coronavirus « aurait probablement pour conséquence de faire monter les tensions quant à la réponse de Pékin à l’épidémie ».
Le titre a été modifié le 9 février, pour devenir : « Le premier américain meurt du Coronavirus, ce qui soulève des questions quant aux réponses des États-Unis« , et le passage cité ci-avant a été modifié en « aurait probablement pour conséquence de faire croître les frictions diplomatiques quant à la réponse de Pékin à l’épidémie. »
D’autres parties de l’article ont également été modifiées pour diminuer les insinuations originellement provocatrices qui y figuraient, et qui faute de cette édition auraient pu être assimilées à une tentative d’ingérence dans les relations entre la Chine et les États-Unis, mais l’article continue de présenter le ton d’une attaque de type guerre de l’information, composée pour endoctriner son lectorat et à lui instiller des doutes quant à la réponse chinoise face à l’épidémie.
Chaque vie compte, mais toutes les vies sont égales, et le décès d’un citoyen étasunien en Chine n’est pas plus tragique que le décès d’un citoyen chinois en Chine. Réaliser un centrage sur cette victime en particulier vise à faire peur aux Étasuniens, et à les mener à penser que la Chine ne prend pas assez au sérieux ce problème de santé.
Il est intéressant que l’équipe éditoriale ait éprouvé le besoin de modifier le contenu originel de l’article, car cela suggère qu’ils ont pu recevoir de nombreuses plaintes quant à leurs biais politiques et/ou que quelqu’un en interne ait eu assez d’intégrité journalistique pour insister que les modifications soient réalisées, afin que l’organe de presse évite d’être considéré comme s’ingérant de manière subversive dans la politique étrangère.
Ces modifications constituent un geste bienvenu de la part du New York Times, qui a eu la sagesse de réécrire des extraits de l’article, du fait que celui-ci représente une reconnaissance tacite de leur part du fait que la rédaction originelle n’était pas correcte. Cela n’indique pas pour autant que l’esprit hostile de l’article a changé en soi.
Les auteurs continuent de semer les doutes quant à la réponse de la Chine à l’épidémie de coronavirus, et s’emploient à provoquer des problèmes, en donnant l’impression que les États-Unis n’en font pas assez pour protéger leurs citoyens dans le pays, en particulier ceux qui auraient déjà pu se voir infectés par le coronavirus.
Leurs insinuations ne sont pas aussi provocantes qu’elles ne l’étaient dans la première version, mais cela ne change pas le fait que leurs intentions restent hostiles. Au lieu de se contenter de mentionner les faits, comme l’établit la mission traditionnelle du journalisme, non seulement ils l’interprètent conformément à leurs inclinaisons politiques, mais ils répandent des scénarios hypothétiques s’apparentant à des « vœux pieux ».
Les deux versions de l’article publié par le New York Times insinuent de manière conspirationniste que les éloges prononcés par le président Trump quant aux opérations de quarantaine déployées par la Chine pour isoler le virus sont soient insincères ou naïves, en référant à leur impression subjective, issue de commentaires aléatoires pris sur les réseaux sociaux, indiquant que les choses ne sont pas conformes à ce qu’elles semblent être.
Ce narratif utilisé comme arme intègre également des ouï-dires de « dirigeants de la santé et diplomates, actuellement ou précédemment en poste » pour affirmer que la Chine refuse délibérément une assistance supposément nécessaire, parce que ses « hauts-dirigeants ne veulent pas que le monde pense qu’ils ont besoin d’une aide extérieure ».
L’inclusion de cette attaque de guerre de l’information contre la Chine indique que le New York Times a simplement modifié l’objectif original de l’article, destiné au départ à s’ingérer dans les affaires étrangères entre la Chine et les États-Unis, pour qu’il dénigre plutôt l’intégrité professionnelle des dirigeants chinois, et donc la réputation mondiale du pays : c’est malheureusement devenu une tactique habituelle de divers médias à l’étranger récemment.
En gardant à l’esprit cette observation, on peut dire que leurs changements éditoriaux n’ont pas été menés dans l’intention de corriger des mauvaises pratiques journalistiques, mais de modifier légèrement la cible de leur campagne récente visant à politiser la réponse de la Chine face au virus.
Les sujets de santé ne devraient être politisés en aucune circonstance, mais c’est exactement ce qu’a fait le New York Times, aussi bien dans l’édition originale de son article que dans la seconde. Ils devraient présenter leurs excuses à leurs lecteurs, et tout particulièrement au peuple chinois, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils le fassent.
Leur politique irresponsable consistant à manipuler politiquement la réponse du pays à l’épidémie s’inscrit à l’encontre de toute éthique journalistique, en faisant de l’organe de presse un agent de guerre de l’information, dont l’agenda est à l’exact opposé de l’éloge du président des États-Unis quant à la Chine, ce qui établit que l’opération est dirigée contre lui, en même temps que contre la Chine.
Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone