Trump : changement climatique, oui, mais c’est trop tard, y a rien à faire


L’administration Trump reconnaît le changement climatique… et prédit une forte augmentation des températures mondiales, au-delà des prévisions.


Moon of AlabamaPar Moon of Alabama – Le 28 septembre 2018 – Source moonofalabama

Le mois dernier, au cœur d’une déclaration d’impact environnemental de cinq cent pages, l’administration Trump a fait une hypothèse surprenante : sur sa trajectoire actuelle, la planète se réchauffera d’un désastreux 7 degrés Fahrenheit d’ici la fin du siècle.

D’après les scientifiques, une augmentation de 7 degrés Fahrenheit, soit environ 4 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, serait catastrophique.

Selon l’administration Trump, cette augmentation n’est pas une raison pour arrêter d’émettre des gaz qui, pour une large part, provoquent un tel réchauffement :

Mais l’administration n’a pas annoncé cette prévision démesurée, fondée sur l’idée que le monde ne parviendrait pas à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre d’un argument visant à lutter contre le changement climatique. C’est exactement le contraire : l’analyse suppose que le destin de la planète est déjà scellé.

« L’enfant est déjà tombé dans le puits, il n’y a plus besoin de le couvrir. »

L’administration utilise un raisonnement aussi fallacieux pour éliminer les réglementations censées limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il est prêt à permettre des émissions plus élevées pour les voitures et les camions.

Pendant des millions d’années, les plantes sur la terre ont utilisé l’énergie du soleil pour convertir le dioxyde de carbone [gaz carbonique, CO2] et l’eau en hydrocarbures. Lorsque ces plantes ont ensuite été recouvertes par des cendres volcaniques ou ont sombré sous la mer, la pression géologique et le temps les ont converties en charbon, en pétrole et en gaz. Depuis le début de l’industrialisation, les humains ont utilisé une quantité énorme de ces plantes mortes pour générer de l’énergie. Le charbon, le pétrole et le gaz naturel – les hydrocarbures – s’oxydent dans une réaction exothermique. Ils brûlent et dégagent de la chaleur que les humains transforment en divers types d’énergie utilisable. Les résultats de ces combustions sont essentiellement les substances à partir desquelles les plantes ont été créées – le dioxyde de carbone et l’eau.

Une grande partie de l’énergie du soleil qui frappe la terre est réfléchie dans l’espace. Le dioxyde de carbone et les autres gaz (méthane) présents dans l’atmosphère abaissent le taux de réfléchissement de la terre, emprisonnant ainsi dans l’atmosphère l’énergie (chaleur) que le soleil envoie sur la terre , tout comme le verre d’une serre emprisonne la chaleur. Les mesures spectroscopiques spatiales sur plusieurs décennies montrent une diminution du réfléchissement de la terre dans la plage spectrale du dioxyde de carbone. Les mesures à long terme sur terre des concentrations de dioxyde de carbone sont fortement corrélées à l’augmentation générale de la température.

Tout cela est bien connu et non controversé. Mais, comme l’a dit John Maynard Keynes, à long terme, nous sommes tous morts. Les humains ne sont pas disposés à renoncer à leur confort et à leurs profits personnels pour les avantages des générations futures. L’accord de Paris de 2015 pour limiter les émissions de dioxyde de carbone était en grande partie une arnaque. Presque aucun pays ne s’est soumis aux quotas approuvés. Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement de Merkel en Allemagne a décidé de fermer les centrales nucléaires, mais a augmenté l’utilisation du lignite pour la production d’électricité.


C’était une décision «populiste», vendue comme une politique «verte» alors même que c’était le contraire, contredisait l’engagement de réduire les émissions. L’administration Obama a permis une énorme augmentation de la fracturation des gaz de schiste, qui, comme les hydrocarbures, dégage une grande quantité d’autres gaz à effet de serre.

La décision de l’administration Trump est une erreur. Oui, nous ne pourrons probablement pas arrêter une augmentation de la température mondiale au cours des prochaines décennies. Mais les générations futures méritent aussi notre compassion. Nous devons toujours faire de notre mieux pour limiter l’augmentation à long terme en mettant un terme à l’utilisation des hydrocarbures dans la mesure du possible.

Il ne sera pas facile de remplacer les hydrocarbures comme source d’énergie. Les grandes quantités d’énergie électrique sont difficiles et coûteuses à stocker. Nous avons besoin d’une certaine capacité de production distribuée localement dans nos réseaux électriques pour fournir de l’énergie lorsque le soleil ne brille pas et que le vent ne souffle pas. Pour l’instant, l’énergie nucléaire reste le moyen le plus respectueux du climat pour générer cette capacité de base. Elle crée cependant des déchets hautement toxiques, extrêmement difficiles à éliminer.

Les effets du changement climatique, des températures plus élevées, de l’élévation du niveau de la mer et des conditions météorologiques généralement plus extrêmes toucheront le plus les populations les plus pauvres. Ceci aux États-Unis comme dans le cadre mondial. Les conséquences seront une migration de masse sur une échelle encore jamais vue, un manque généralisé d’eau potable et des conflits violents de grande ampleur.

Deux pays peuvent espérer profiter de la hausse de la température mondiale, car cela leur permettra d’accéder à des ressources naturelles actuellement recouvertes de glace. Les États-Unis (avec le Canada) et la Russie peuvent être les gagnants de la tendance. La plupart des autres pays seront des perdants.

Alors que la cupidité humaine à court terme empêchera probablement une réduction de l’utilisation des hydrocarbures et un ralentissement du changement climatique, d’autres effets pourraient soudainement inverser la tendance. Une éruption volcanique importante ou un grand impact d’astéroïde pourrait obscurcir la terre et ramener une ère beaucoup plus froide. Mais certains effets dans l’atmosphère, aujourd’hui inconnus et qui ne sont pas prévus dans les modèles climatiques actuels, pourraient arrêter ou inverser la tendance actuelle.

La race humaine est capable de supporter des climats extrêmes. Les humains peuvent vivre dans les déserts comme dans l’Arctique. Mais de telles zones climatiques extrêmes ne permettent pas des populations à forte densité. Le nombre actuel de personnes sur cette planète peut s’avérer trop élevé pour se maintenir. Le changement climatique lui-même, à travers les conflits et les famines à grande échelle, pourrait bien constituer sa propre régulation naturelle. Réduite à environ cent millions d’individus, l’humanité pourrait peut-être survivre. La nature ne fera pas preuve de compassion à cet égard.

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone

On a décidé de reprendre à notre compte la traduction de ce blog, Moon Of Alabama. Cela implique de découvrir sur ce blog des sujets abordés autre que la guerre au Moyen-Orient. Cet article sur un site anti-Système reprend pourtant la narrative du Système sur le changement climatique puisqu'il ne faut plus dire réchauffement.

On vous laisse juge de ce qui est dit. Il rejoint en ce sens Ugo Bardi qui en a fait son cheval de bataille. Vous pouvez regarder les commentaires de l'article original ou cette prise de position a échauffé les esprits, les lecteurs de ce blog étant très partagés sur le sujet.

On peut noter que l'argument "Tout cela est bien connu et non controversé" est quelque peu fallacieux car le sujet n'est non controversé que dans les médias et les cercles du Système. Au sein même du GIEC, il y a une forte opposition notamment sur les modèles utilisés et les données brutes.

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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