Par Vanessa Beeley – Le 14 septembre 2015 – Source : The Wall will fall
Le matin du 4 septembre 2015, les combattants d’Ansarullah ont tiré une salve de missiles balistiques OTR-21 Tochka sur les forces de la Coalition arabe, dans la ville de Maarib. Ces puissants missiles ont causé de terribles dégâts à leurs cibles, la majorité des morts appartenant aux forces des Émirats arabes unis. Les médias saoudiens et occidentaux, aux ordres, ont fortement minoré le nombre de morts et de blessés. Au Yémen, on dit qu’Ansarullah aurait dépassé toutes ses prévisions avec cette attaque.
On dit aussi que Mansour Hadi et le Général Alkathiri, respectivement chef d’état-major et commandant des troupes des Émirats, ont été blessés. On compte plus de 300 morts et plus de 1 000 blessés. Les troupes saoudiennes, composées de combattants originaires des pays de la coalition et d’al-Qaïda, sont maintenant renforcées par 800 soldats égyptiens. Le Soudan pourrait aussi avoir envoyé des troupes, mais les nombres annoncés varient tellement que ce pourrait être une rumeur.
Selon Ansarullah, cette attaque a sonné les troupes saoudiennes. Elle a révélé leur faiblesse sur le terrain et les amenés à craindre une infiltration de leurs collaborateurs yéménites par Ansarullah, qui expliquerait la précision millimétrique des frappes qui ont décimé leur centre de commandement à Maarib.
Leur croyance en l’invincibilité des troupes émiraties a du plomb dans l’aile, c’est pour cela qu’ils ont appelé à élargir la coalition.
Comme le rapporte Moon of Alabama aujourd’hui [le 14 septembre, NdT], voici la composition actuelle des forces de la coalition au Yémen :
3 000 Émiratis,
1 000 Qataris,
1 000 Saoudiens,
6 000 collaborateurs yéménites (chiffre peu fiable), payés et entraînés par l’Arabie saoudite,
600 à 800 Égyptiens,
et des petits contingents envoyés par le Bahraïn, le Koweït et la Jordanie.
https://youtube.com/watch?v=HbCRxzNOcK0
Conséquence de cette attaque réussie : les forces aériennes saoudiennes se sont remises à bombarder intensément Sanaa, la capitale du Yémen. On signale des explosions de l’ordre de la mégatonne et l’utilisation de bombes et de missiles inhabituels. Un hôpital mère et enfant accueillant des prématurés a été bombardé, causant on ne sait combien de dégâts, ni combien de morts et de blessés, et obligeant à évacuer des nourrissons particulièrement faibles et fragiles, qui ne peuvent survivre sans incubateurs ni soins 24 heures sur 24.
D’énormes boules de feu ont été filmées et des rapports parlent de chocs post-traumatiques qui pourraient corroborer les preuves que les Saoudiens utilisent des MOABs sur Sanaa.
Ces bombardements n’ont pas été une action de représailles contre les forces de la Résistance mais une vengeance vicieuse sur des civils sans défense. On peut comparer cette attaque au massacre de civils gazaouis en 2014, soi-disant pour cibler des positions du Hamas, une affirmation ridiculisée par le nombre énorme de civils tués ou blessés.
Atan, province de Sanaa, le 7 septembre. Nous avons la preuve qu’une MOAB [la mère de toutes les bombes] a été larguée sur Sanaa, d’après des rapports sur le terrain. Le Prof. Michel Chossudovsky a aussi examiné ces témoignages et a publié un rapport intitulé Possible Tactical Nuclear Strike (Neutron Bomb) in Yemen? A Note on the Mother of All Bombs (MOAB) and Tactical Nuclear Weapons by Michel Chossudovsky.
La preuve suivante est le témoignage, posté sur sa page Facebook, d’un citoyen yéménite obligé de fuir son pays avant le blocus. Un blocus qui aujourd’hui condamne des gens affamés, privés d’eau et terrifiés à n’avoir même pas la possibilité de s’enfuir quelque part ou de se mettre à l’abri sous la pluie de destructions et de mort qui leur tombe dessus, depuis un ciel infesté d’avions saoudiens.
«Les images horribles en provenance du Yémen ont choqué le monde entier, et pourtant l’Arabie saoudite et ses alliés avaient seulement intensifié leurs raids aériens. Maintenant ils ciblent les civils dans leurs maisons, en plein centre de Sanaa, une ville où vivent plus de 3 millions de Yéménites. Quand donc le monde sera-t-il solidaire du peuple du Yémen? Comment les gens peuvent-ils dormir la conscience tranquille… sachant que des femmes et des enfants sont massacrés dans leur sommeil, enterrés sont les décombres de leurs maisons? C’est à Sanaa… Ces victimes sont des enfants… Des enfants comme ceux que vous aimez et sur lesquels vous veillez. Nous vous en supplions, mettez fin au silence du monde sur le génocide des civils yéménites innocents, dont le seul crime est de chercher une vie meilleure.»
Citons l’article de Moon of Alabama :
«Le blocus continue d’étrangler le Yémen. Hier un bateau de pêche indien qui faisait un peu de contrebande de carburant près du port de Hudaydah a été attaqué par les Saoudiens et leurs alliés. Vingt Indiens sont morts. Onze camions apportant de la nourriture, déjà inspectés, ont été bombardés et détruits sur la route entre Aden libérée et Mocha. Ces derniers mois, le Yémen a reçu seulement 10% du carburant dont il a besoin pour les générateurs de secours, les ambulances et les stations de pompage d’eau. Dans plusieurs régions, la malnutrition touche maintenant plus de 30% des enfants. Sur les 26 millions de Yéménites, la moitié risquent la famine. Le patrimoine culturel et religieux du Yémen a été quasiment détruit.»
La cible est bien sûr la capitale, Sanaa, mais plus prioritaire encore la province d’Al-Jawf. Extrait de mon interview de Hanan al-Harazi en juillet 2015 :
«On dit qu’il y a du pétrole et, plus important encore, des réserves de gaz dans la province d’Al-Jawf, frontalière avec l’Arabie saoudite, réserves sur lesquelles les Saoudiens veillent depuis des années. En 2011, quand le peuple est descendu dans la rue pour réclamer une vie meilleure, le président Saleh a été forcé de reconnaître son existence publiquement pour la première fois. Et donc nous sommes maudits, nous sommes maudits parce que nous avons du pétrole et du gaz. Chaque pays qui a des ressources naturelles est maudit et devient la cible d’une intervention impérialiste.»
Ansarullah a déclaré que les attaques de Tochka sont «une vengeance pour les crimes et la guerre d’extermination menée par l’agresseur saoudien et ses mercenaires». La réponse de la coalition a été de pousser plus avant ses forces et ses blindés. Les États-Unis, tandis qu’ils maintiennent leur rhétorique habituelle sur la réduction des dommages collatéraux et la protection de la vie des civils, continuent à entraîner, armer et soutenir ouvertement leur banquier et allié dans la région, participant ainsi au nettoyage ethnique de toute une nation.
La résistance yéménite ne va pas plier et elle ne va pas céder. Elle a vécu trop d’horreurs et s’est battue avec trop d’acharnement pour renoncer à la dernière liberté du Yémen sous l’oppression saoudienne. Tout l’arsenal de l’Arabie saoudite, aussi bien ses armes que sa religion, ne suffira pas pour battre le courage et l’obstination du peuple du Yémen.
Sanaa : «Je ne peux plus entendre ta voix mais je peux te voir dans mon esprit. Ton nom a été effacé mais je peux encore t’appeler et prier pour toi. Mon seul espoir est que tu sois maintenant au Paradis.»
Vanessa Beelay est la fille d’un conseiller diplomatique pour le Moyen-Orient, elle s’implique dans de nombreux projets à Gaza.
Traduit par Ludovic, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone