Israël veut transformer la Cisjordanie en ruines, tout comme Gaza


Un éditorial de Haaretz – Le 8 janvier 2025 – Source Haaretz

Une femme palestinienne est assise à côté d’une route endommagée, suite à un raid militaire israélien, à Tul Karm, en Cisjordanie, en décembre.

Il s’avère que certains croient que « nous vivons dans une ère de miracles » en ce qui concerne non seulement Gaza, mais aussi la Cisjordanie. Alors que la plupart des Israéliens considèrent le 7 octobre comme le plus grand désastre de l’histoire du pays, certains à droite y voient une opportunité, voire le début de la rédemption.

Mardi, au lendemain d’une attaque terroriste meurtrière près de la colonie de Kedumim, le ministre des finances Bezalel Smotrich a rencontré le président du Conseil des colonies de Yesha, Israel Ganz, le directeur général du Conseil de Yesha, Omer Rahamim, et les chefs des conseils locaux des colonies de Cisjordanie.

Smotrich leur a dit qu’à sa demande, la réunion du cabinet de sécurité prévue plus tard dans la journée porterait sur les mesures visant à éradiquer le terrorisme dans les territoires.

« En Judée et en Samarie, comme dans d’autres domaines, nous devons passer de la défense à l’attaque et lancer de vastes opérations dans les nids de terroristes jusqu’à ce que les armes et les terroristes soient complètement détruits », a déclaré Smotrich.

Il a ajouté qu’après l’attaque, il avait élaboré un plan visant à faire ressembler les villes palestiniennes d’« Al-Funduq, Naplouse et Jénine à celle de Jabalya », située dans le nord de Gaza, « afin que Kfar Sava [à quelques kilomètres de la Cisjordanie] ne devienne pas Kfar Azza », le kibboutz situé à la frontière de Gaza qui a été dévasté lors du massacre du 7 octobre.

Le ministre de la défense, Israël Katz, s’est rendu sur les lieux de l’attaque, où les colons lui ont dit qu’il fallait ouvrir un nouveau front dans la guerre. Le chef du conseil local de Kedumim, Ozel Vatik, a déclaré à Katz : « Le gouvernement israélien doit immédiatement déclarer l’état de guerre en Judée et en Samarie également, et permettre à l’armée israélienne d’écraser la terreur partout et à tout moment, sans aucune pitié ».

Les colons de Cisjordanie voient ce qui se passe à Gaza et l’envient. Ils demandent au gouvernement et à l’armée de faire là-bas ce qu’ils font dans la bande de Gaza. « Nous avons vu à quoi ressemble une guerre contre le terrorisme à Gaza et au Sud-Liban », a déclaré Ganz, qui est également à la tête du conseil régional de Binyamin. « Nous avons vu à quoi ressemblent les villages une fois la terreur déracinée. Ici, ils se contentent de gants de soie et d’une doctrine qui ne correspond pas aux risques ».

« Je demande à Tsahal et au gouvernement israélien de changer profondément de perception », a déclaré le maire d’Ariel, Yair Shtebon, c’est-à-dire de lancer une opération militaire massive en Cisjordanie, comme celle de 2002, “qui détruise les camps de réfugiés en Judée et en Samarie, à Tul Karm, à Jénine, à Naplouse et partout où il y a une menace pour les résidents d’Israël”.

Les législateurs du Likoud expriment des sentiments similaires. Le député Avichay Buaron, par exemple, a appelé lors d’une interview à la radio mardi à « désarmer » l’Autorité palestinienne « de ses armes et de ses capacités politiques ».

Alors que le gouvernement Netanyahou prône une présence militaire et peut-être civile permanente à Gaza, l’entreprise de colonisation et ses bras armés au sein de l’armée et du gouvernement s’efforcent de masquer les différences entre la Cisjordanie et Gaza, dans le but de revenir sur le désengagement de 2005 et sur les accords d’Oslo.

Pour les colons de Judée et de Samarie, « déraciner le terrorisme » signifie expulser les habitants et démolir les maisons et les infrastructures. L’objectif : imposer l’apartheid du Grand Israël dans les territoires occupés. S’ils y parviennent, ils mettront fin à toute possibilité de solution à deux États et de vie durable dans la région.

L’article ci-dessus est l’éditorial principal de Haaretz, tel qu’il a été publié dans les journaux hébreux et anglais en Israël.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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