Par Karine Bechet-Golovko − Le 28 avril 2021 − Source Russie Politics
Le renseignement allemand a annoncé la création d’un Département spécial, chargé de la surveillance des personnes remettant en cause les mesures liberticides adoptées au nom du coronavirus et critiquant la globalisation, car ils mettraient ainsi danger la sécurité nationale. Le Covid est donc bien un dogme, qui fonde notamment, comme le reconnaît le renseignement allemand, la globalisation. Silence, en rang par deux, c’est plus facile d’entrer dans l’abattoir.
Un article intéressant est sorti aujourd’hui dans le New York Times. L’on apprend ainsi que la très démocratique, progressiste et tolérante Allemagne va mettre sous surveillance les personnes qui ne partagent pas la ligne officielle sur le Covid. Quid de la tolérance envers l’autre, de la pluralité des opinions dans une société libérale, du pouvoir de la volonté populaire dans une société démocratique ? C’est du passé, car maintenant nous avons l’urgence sanitaire et l’on ne plaisante pas avec la santé des gens.
Le renseignement intérieur allemand a déclaré mettre en place un Département spécial pour surveiller le mouvement « agressif » et « conspirologique » (What else ?) de ceux qui osent critiquer les mesures de confinement et les mesures sanitaires (masques, distances sociales, etc.) afin de porter atteinte, je cite, à l’État, au business et à la globalisation. En effet, c’est dit, remettre en cause les mesures inédites (et inopérationnelles sur le plan sanitaire) adoptées à l’occasion du coronavirus remet en cause le processus de globalisation accéléré auquel nous assistons.
"Germany’s domestic intelligence service said on Wednesday that it would surveil members of the increasingly aggressive coronavirus denier movement because they posed a risk of undermining the state. The movement — fueled in part by wild conspiracy theories — has grown from criticizing coronavirus lockdown measures and hygiene rules to targeting the state itself, its leaders, businesses, the press and globalism, to name a few. Traduction : "Le service de renseignement intérieur allemand a déclaré mercredi qu'il allait surveiller les membres d'un mouvement de plus en plus agressif niant le coronavirus parce qu'ils présentent un risque envers l'État. Ce mouvement - alimenté en partie par des théories du complot délirantes - est passé de la critique des mesures de confinement et des règles d'hygiène à cibler l'État lui-même, ses dirigeants, des entreprises, la presse et le globalisme, pour n'en citer que quelques-uns."
Comme le déclare le ministre de l’Intérieur, les institutions publiques furent l’objet de nombreuses attaques depuis de début de la crise du coronavirus :
“Our basic democratic order, as well as state institutions such as parliaments and governments, have faced multiple attacks since the beginning of the measures to contain the Covid-19 pandemic,” the Interior Ministry said
Traduction : "Notre ordre démocratique fondamental, ainsi que les institutions étatiques telles que les parlements et les gouvernements, ont été confrontés à de multiples attaques depuis le début des mesures visant à contenir la pandémie de Covid-19", a déclaré le ministre de l'intérieur.
Et comme il n’est pas possible de remettre en cause la ligne politique menée, celle consistant à lutter contre la population et non pas à soigner les malades, il faut surveiller ceux qui remettent en cause cette gestion globalisée et liberticide, gestion qui vide l’État de son sens et n’en fait qu’une machine armée au service d’intérêts globalistes – notamment d’un business transnational.
En fait, ce n’est pas faux, dans leur logique. Ceux, qui, malgré l’intense propagande dont les populations sont gavées sur tous les supports possibles et imaginables, malgré un discours global mortifère et culpabilisant (le malade étant coupable et dangereux), osent dénoncer ce renoncement des gouvernants pantomimes, présentent un réel danger pour ce monde en construction.
Ce qui surprend le plus dans ces déclarations, ce n’est même pas le fond – le fait que les États portent une attention toute particulière aux personnes qui remettent activement en cause la gestion liberticide de la crise sanitaire n’est pas une surprise. Le plus surprenant est que cela puisse désormais être ouvertement dit : souriez, vous êtes surveillés. La surveillance est à ce point entrée dans la norme, que la liberté a été reléguée plus loin, très loin, hors de portée des masques, des vaccins expérimentaux obligatoires, des assignations à domiciles, l’interminable couvre-feu, de toutes ces mesures qui réduisent l’être humain à une accumulation incertaine de cellules défectueuses.
Il faut donc les surveiller, pour mieux les discréditer (des conspirationnistes, des racistes, etc) et si nécessaire, les faire taire.
Votre masque ne vous étouffe pas trop ? Ou vous ne le sentez déjà plus ?
Karine Bechet-Golovko
Voici la traduction de l’article du New York Times.
Les services de renseignement allemands surveillent ceux qui nient le coronavirus
Par Christopher F. Schuetze − Le 28 avril 2021 – Source The New York Times
BERLIN – Le service de renseignement intérieur allemand a déclaré mercredi qu’il allait surveiller les membres d’un mouvement, de plus en plus agressif, niant le coronavirus, car ils présentent un risque d’atteinte à l’État.
Ce mouvement – alimenté en partie par des théories du complot délirantes – est passé de la critique des mesures de confinement du coronavirus et des règles d’hygiène à cibler l’État lui-même, ses dirigeants, des entreprises, la presse et le globalisme, pour n’en citer que quelques-uns. Au cours de l’année écoulée, les manifestants ont attaqué des policiers, défié les autorités civiles et, dans un épisode largement médiatisé, escaladé les marches du Parlement.
« Notre ordre démocratique fondamental, ainsi que les institutions de l’État telles que les parlements et les gouvernements, ont été confrontés à de multiples attaques depuis le début des mesures visant à contenir la pandémie de Covid-19 », a déclaré le ministère de l’intérieur dans un communiqué confirmant que certaines parties du mouvement négationniste seraient déjà sous observation. Le ministère de l’intérieur supervise l’agence de renseignement, l’Office pour la protection de la Constitution.
En annonçant la décision de garder un œil sur les théoriciens du complot, les responsables des services de renseignement ont souligné les liens étroits de ce mouvement avec des extrémistes comme les Reichsbürger, un ensemble de groupes qui refusent d’accepter la légitimité de l’État allemand moderne.
De nombreuses personne niant le coronavirus disent croire également aux théories du complot de QAnon, et les manifestants sont fréquemment vus tenant des pancartes avec des tropes antisémites.
Le mouvement, appelé Querdenken (pensée latérale en allemand), communique et recrute sur les médias sociaux et est très présent sur le service de chat crypté Telegram, où son canal principal compte 65 000 abonnés. Certaines parties de l’AfD, un parti populiste de droite allemand qui est également sous surveillance, se sont alliées aux manifestants.
Pourtant, le ministère de l’Intérieur a pris la peine de dire que le danger que représentent ceux niant le coronavirus et les théoriciens du complot n’est pas le même que celui venant des groupes politiques habituels, y compris ceux d’extrême gauche et d’extrême droite, ou les extrémistes islamiques. En conséquence, les autorités mettent en place un nouveau département spécifiquement chargé de traiter les cas qui cherchent à délégitimer l’État.
Cette nouvelle intervient quelques jours après que l’Allemagne a instauré une nouvelle réglementation sur les virus qui s’applique à l’ensemble du pays et permet au gouvernement fédéral d’imposer des mesures de confinement. (Cette réglementation était auparavant entre les mains des 16 États du pays). Cela suggère également que les autorités pensent que les groupes niant le coronavirus pourraient continuer à prospérer et à constituer une menace après la fin de la pandémie.
« C’est un mouvement ouvert et très hétérogène », a déclaré Oliver Nachtwey, professeur de sociologie à Bâle, qui a estimé que ces négationnistes reflétaient une autre itération des mouvements sociaux nés de la méfiance envers la démocratie et ses institutions.
« C’est un détournement du système politique », a déclaré M. Nachtwey. « Et cela se fait avec une sorte de rébellion régressive ».
Nachtwey a déclaré qu’il comprenait les raisons pour lesquelles les autorités fédérales surveillaient le mouvement, mais il s’est demandé si le fait de les mettre sous surveillance n’allait pas aggraver la situation.
« La décision pourrait conduire à un durcissement de leur position ou même à une plus grande radicalisation », a déclaré M. Nachtwey, « parce qu’effectivement l’État confirme ainsi qu’il va trop loin. »
Il y a une semaine, lorsque le Parlement a adopté la loi donnant au gouvernement le pouvoir d’imposer le dernier confinement, environ 8 000 militants du mouvement sont descendus dans les rues de Berlin avant d’être dispersés par la police pour avoir ignoré les règles relatives aux masques et à la distance. L’Allemagne a connu récemment un nombre élevé de nouveaux cas quotidiens, avec une moyenne d’environ 19 000 nouveaux cas, contre environ 8 000 il y a deux mois.
En août dernier, quand les restrictions étaient relativement légères, les négationnistes avaient attiré 40 000 manifestants à Berlin. Si la plupart d’entre eux étaient pacifiques, même s’ils ne portaient pas de masques et ne prenaient pas de mesures de distanciation sociale, un petit nombre a réussi à franchir les lignes de police et à gravir les escaliers extérieurs du Parlement, une violation de la sécurité que le président Frank-Walter Steinmeier a qualifiée d’« attaque contre le cœur de la démocratie ».
L’observation formelle de ce groupe de négationnistes par l’agence nationale de renseignement est la première étape d’un processus qui pourrait aboutir à ce qu’il soit déclaré inconstitutionnel et finalement interdit.
Pia Lamberty, psychologue et experte de la scène conspirationniste allemande, a mis en garde contre les liens entre les négationnistes et les extrémistes d’extrême droite. « Le danger des Querdenken », déclare-t-elle, « est sous-estimé depuis longtemps ».
Christopher F. Schuetze
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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