Poutine crée une Garde nationale russe


Saker US

Saker US

Par le Saker US – Le 16 avril 2016 – Source thesaker.is

La récente annonce par le président Poutine de la création d’une Garde nationale russe a déclenché une rafale de spéculations sauvages sur les raisons présidant à cette importante initiative. Certains experts y ont vu une manière de préparer une répression sanglante contre une insurrection, d’autres ont spéculé que Poutine avait besoin d’une nouvelle force pour faire face à des manifestations et à des émeutes, tandis que d’autres encore ont même suggéré que cette Garde nationale deviendrait l’armée de Poutine. En réalité, l’affaire est beaucoup plus simple et beaucoup plus compliquée.

Regardons d’abord les forces et les unités qui seront réunies dans cette Garde nationale :

  • Les troupes du ministère de l’Intérieur (environ 170 000 soldats)
  • Le personnel du ministère des Situations d’urgence
  • Les forces de police anti-émeute OMON (environ 40 000 soldats)
  • Les forces de réaction rapide SOBR (un peu plus de 5000 soldats)
  • Le Centre de désignation spéciale des forces de réaction opérationnelles et l’aviation du ministère des Affaires intérieures, qui incluent les unités des forces spéciales Zubr, Rys’ et Iastreb (un peu plus de 700 opérateurs)

Donc nous parlons d’un effectif total de quelque 250 000 soldats, qui atteindra probablement le chiffre de 300 000 hommes dans un avenir proche. Quelle que soit sa taille, c’est une force impressionnante et puissante, qui peut affronter toute la gamme des menaces internes possibles. En outre, le ministère des Affaires intérieures inclura maintenant le Service fédéral des migrations (FSM) et le Service fédéral de contrôle des drogues (FSKN). Cette consolidation est importante parce qu’elle est liée à pratiquement toutes les forces de sécurité intérieures de la Fédération de Russie, à l’exception du Service fédéral de sécurité pour les risques élevés (FSB). Ce qui est encore plus impressionnant, c’est la liste des tâches confiées à cette nouvelle Garde nationale. Elle comprendra :

  • La protection de l’ordre et de la sécurité publics
  • Les opérations anti-terroristes
  • Les opérations contre les groupes extrémistes
  • La défense territoriale de la Fédération de Russie
  • La protection des installations étatiques importantes et des cargaisons spéciales
  • La protection sur une base contractuelle de la propriété des citoyens et des organisations agréés par le gouvernement russe
  • L’assistance aux troupes garde-frontières du Service fédéral de sécurité dans la protection de la frontière de l’État de la Fédération de Russie
  • L’application de la loi dans le domaine du trafic d’armes
  • Le commandement des troupes de la garde nationale de la Fédération de Russie
  • La fourniture d’une protection sociale et juridique des hommes servant dans la Garde nationale russe

Viktor Zolotov

C’est une liste impressionnante qui ne fait que confirmer que l’ensemble du spectre des missions de sécurité intérieure seront désormais confiées à la Garde nationale. Ce qui est encore plus frappant, est le nom de la personne que Vladimir Poutine a désignée au poste de nouveau Commandant en chef de la Garde nationale : le général Viktor Zolotov, un pur homme de la sécurité, qui était le chef du Service de sécurité présidentielle et qui est considéré comme très proche de Vladimir Poutine. Est-ce que cela signifie, comme certains l’ont supposé, que Poutine a peur pour sa propre sécurité et qu’il se construit un garde prétorienne personnelle ?

Pas vraiment.

Mais ce que cela signifie, en effet, est que Poutine prend personnellement et directement le contrôle de ce qu’il voit comme des tâches hautement prioritaires pour faire face aux menaces pour la sécurité la plus élevée de la Russie. Nous parlons exactement des capacités dont l’Union européenne a tant besoin et qui lui font défaut :

  • La capacité de fermer les frontières à un afflux massif de réfugiés
  • La capacité de filtrer un important flux de réfugiés
  • La capacité de faire face à la violence à grande échelle et aux émeutes
  • La capacité de faire face au terrorisme, même à grande échelle
  • La capacité de centraliser le renseignement sur les menaces intérieures
  • La capacité d’imposer un état d’urgence à une région entière
  • La capacité d’écraser toute insurrection, y compris soutenue par l’étranger
  • La capacité de rechercher et détruire les groupes extrémistes et terroristes
  • La capacité d’interdire les flux d’armes et de stupéfiants utilisés pour financer tout ce qui est mentionné ci-dessus

et, le plus important, la capacité de faire tout cela sans recourir aux forces armées régulières.

Ce que cela montre, c’est que les Russes ont tiré des leçons organisationnelles et opérationnelles importantes des guerres en Tchétchénie et qu’ils se préparent aujourd’hui à défendre la Russie contre la menace venant de l’ouest (l’Ukraine) et du sud (Daech), sans se défausser de ces missions de sécurité sur l’armée, qui est fondamentalement différente des forces de sécurité/de police intérieures.

Bien sûr, ce sera une force bien trop puissante pour la confier à un homme qui ne soit pas fiable à 100%, mais le fait que Poutine choisisse un homme en qui il a toute confiance ne signifie pas qu’il craint pour lui-même, ou les prochaines élections ou n’importe quelle absurdité déversée par les médias commerciaux. La popularité de Poutine est toujours astronomique et cela le protège bien plus que n’importe quelle force ou l’allié le meilleur. En outre, protéger Poutine restera la mission du FSO et du FSB.

Un sujet que les documents officiels ne mentionnent pas, est la question du soutien en termes de renseignements de cette nouvelle Garde nationale. La solution la plus logique serait de créer un nouveau service de renseignement de la Garde nationale et je présume que c’est exactement ce que le Kremlin fera. Enfin, quelques spécialistes ont suggéré que cette nouvelle Garde nationale pourrait avoir une mission internationale de maintien de la paix. Je serais d’accord avec cela si nous parlons d’une opération de maintien de la paix transfrontalière, comme dans le Donbass ou en Asie centrale. Les autres missions de ce type resteront probablement sous le contrôle des forces armées (qui ont plusieurs unités spécialisées dédiées à ce genre de missions).

La création de cette Garde nationale est une excellente idée qui donnera à la Russie les moyens de se défendre contre les menaces les plus probables à son territoire et à son peuple dans un avenir prévisible.

The Saker

L’article original est paru sur The Unz Review

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker francophone

   Envoyer l'article en PDF