Par Brandon Smith – Le 13 avril 2016 – Source alt-market
Si vous êtes un militant de longue date dans le Mouvement de la Liberté, vous êtes bien conscient que les élections ne comptent pas pour l’orientation future que prend notre nation. Les présidents sont les marionnettes des financiers internationaux, ainsi que le sont la plupart des législateurs. Chaque fois qu’un président tente d’aller contre le système, soit il finit abattu sous les balles d’un tireur isolé, soit son bureau est déshonoré par un scandale fuitant commodément.
Aujourd’hui, les élections représentent l’illusion du choix; c’est tout. Les dirigeants des deux principaux partis semblent différents en termes de rhétorique, mais tout cela est cosmétique. Sous les mots, les dirigeants démocrates et républicains sont presque identiques dans leur soutien à un gouvernement plus gros, plus centralisateur, avec moins de protections constitutionnelles, plus globaliste, donnant plus de pouvoir aux banques internationales et aux banques centrales, tout cela avec moins de transparence et de responsabilité.
Depuis plusieurs décennies, le seul choix était entre la main gauche ou la main droite de la marionnette. Cette année se révèle être un peu différente, au moins en façade, à tel point que les élections deviennent plutôt surréalistes.
Pour les jeunes générations ayant une expérience limitée dans leur participation au monde des élections américaines, les développements d’aujourd’hui peuvent sembler étranges, mais pas extravagants. Pour les générations d’Américains plus âgés, un consensus semble se former et les préoccupations couramment exprimées dans les médias et sur le web semblent converger – 2016 se révèle être la plus étrange élection présidentielle qu’ils aient jamais vue.
Dans mon récent article Est ce qu’une présidence Trump peut vraiment changer la donne en mieux ?, j’examine l’ambiguïté de Trump comme individu et son manque d’histoire politique, et pourquoi cela fait de lui un candidat difficile à cerner. C’est un fait, Trump est attirant pour le public, surtout parce que ce dernier n’a aucune idée de ce qu’il représente vraiment. Nous n’avons aucune preuve que sa rhétorique est fausse, parce qu’il n’a pas d’histoire législative pour contredire ses affirmations.
Avec des candidats comme Bernie Sanders, Hillary Clinton et Ted Cruz, le public est bien conscient de leur positionnement politique sur les grandes questions – Killhary Clinton est une globaliste hardcore de l’establishment, Ted Cruz est le même, bien qu’il prétende être l’opposé, et Bernie, eh bien, Bernie est un damné socialiste et sa seule valeur de rachat est qu’il est au moins honnête à ce sujet.
Le public sait ce qu’ils obtiendra avec les autres candidats; il ne sait pas ce qu’il aura avec Trump. Ainsi, Trump bénéficie d’un incroyable niveau de popularité en raison du nombre des Américains qui préfèrent parier sur un inconnu que sur le bâton du statu quo.
La présence d’un candidat comme Trump rend à lui seul l’élection 2016 extrêmement bizarre, mais cela ne fait que commencer.
Certains diront que tout changement dans l’atmosphère de notre processus électoral à ce stade, ne peut être qu’une bonne chose. Je dirais que le fait que l’establishment permette à son mécanisme de contrôle à long terme, d’évoluer dans le cirque télévisuel avec un style télé-réalité (plutôt que la farce raide et ennuyeusement prévisible à laquelle nous sommes habitués), suggère que les Américains sont délibérément détournés des développements géopolitiques et économiques dangereux.
Voyez-le de cette façon : nous avons Trump, qui est un candidat tout fou dont chaque élément de langage finit dans les journaux tous les jours et qui attaque un adversaire démocrate [Hillary, NdT], avec lequel il a par le passé maintenu une amitié de longue date. Nous avons Clinton, une criminelle internationale entièrement dévoilée, qui a été mise en examen et devrait être poursuivie. Nous avons un socialiste à part entière nommé Bernie, dont les partisans constituent la majorité de la justice sociale et de la foule folle des marxistes culturels. Et nous avons Cruz, un candidat anti-banque et pro-constitution ayant des liens avec ces mêmes banques et des liens avec un think tank anti-souverainiste (Le Council on Foreign Relations).
Certains républicains accusent Trump d’être un agent pour le camp Clinton. Certains démocrates accusent Sanders d’être un agent pour les Républicains. Hillary aboie comme un chien à ses propres événements de campagne. Les partisans de Sanders commencent à se battre lors des meeting de Trump [à priori le coup viendrait de Soros/Clinton, NdT] et n’obtiennent que de voir leurs ânes se faire taper dessus parce que les marxistes culturels ne sont que des faiblards abjects. Cruz a réussi à être accusé d’adultères répétés, alors que certains idiots pensent que l’affichage des photos de nu de la femme de Trump va effectivement nuire à sa campagne plutôt que de l’aider.
Toute cette situation sent le soap opera terriblement mal troussé. Comment pourrait-on ne PAS être distrait?
En attendant, nous avons une économie mondiale revenant à une volatilité extrême, après des années de manipulation de la banque centrale qui a échoué à accomplir quoi que ce soit, sauf à rendre les riches et les puissants plus riches et plus puissants. Nous avons des points chauds géopolitiques potentiels en Syrie, en Ukraine et en mer de Chine du Sud, qui continuent à représenter des déclencheurs possibles de conflit mondial. Nous avons organisé internationalement des terroristes super-vilains sous la forme d’ISIS, ces mêmes extrémistes islamiques que les agences de renseignement secrètes occidentales ont formés et financés pour déstabiliser le Moyen-Orient, et qui s’attaquent maintenant à plusieurs pays occidentaux. Et, nous avons des banques orientales et occidentales travaillant en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international et la Banque des règlements internationaux, tout en prétendant être en désaccord les uns avec les autres.
Tous les facteurs susmentionnés pourraient mettre en mouvement des catastrophes susceptibles de changer le monde pour une centaine d’années ou plus, et pourtant nous sommes nourris par un régime régulier avec une campagne électorale dramatisée.
Comme indiqué précédemment, les élections aux États-Unis ne décident pas de l’avenir de notre nation, mais elles reflètent, à bien des égards, le niveau de folie atteint par notre société collectiviste, et elles peuvent aussi refléter la direction vers laquelle l’establishment espère nous envoyer.
Je crois qu’il est très possible, compte tenu de la nature déjà erratique des élections, que nous nous retrouvions avec des développements et des résultats inattendus, conçus pour hypnotiser davantage les masses. Voici quelques-uns de ces événements potentiels.
Une course à trois ou quatre
Trump a suggéré dans le passé qu’il pourrait se présenter comme candidat indépendant, dans le cas où le Parti républicain utiliserait une convention sans majorité pour le retirer de la course. Je ne suis pas convaincu que l’ensemble de la situation Trump contre Parti républicain ne soit pas une création artificielle, un théâtre kabuki. Cela dit, l’argument général serait qu’un Trump indépendant serait la garantie d’une victoire démocrate.
Encore une fois, je crois que le vainqueur de l’élection est déjà prédéterminé. Mais, en supposant un instant ce ne soit pas le cas, les démocrates ont le même problème que les républicains. Bernie Sanders a dit il y a des mois, qu’il ne souhaitait pas courir sous son nom si Clinton obtenait l’investiture, mais ses partisans continuent de l’appeler à le faire et beaucoup des personnes interrogées ont déclaré qu’elles refuseraient de voter pour Clinton si Sanders perdait la nomination.
Cela présente une élection finale potentiellement frénétique, remplie d’un chaos total; une concurrence à trois ou quatre, pour laquelle il n’y a pas de leader clair; une drôle de perspective pour ceux d’entre nous qui sommes fatigués du stupide jeu de l’élection, mais c’est assez perturbant pour les autres.
Les délégués choisissent un candidat qui ne représente pas les souhaits du public
Les conventions augmentent leur importance avec l’existence de super-délégués au sein du Parti démocrate, qui ont le pouvoir de passer outre le sentiment de la majorité des électeurs, en votant pour un candidat en particulier. Beaucoup de ces super-délégués sont effectivement des membres éminents et des fonctionnaires du Parti démocrate, et peuvent voter pour le candidat qu’ils souhaitent, plutôt que de suivre une consigne de vote à la convention pour le candidat voulu démocratiquement par la circonscription électorale.
Alors que l’establishment républicain a tendance à utiliser des changements de règles pendant la convention, comme un pis-aller pour empêcher un candidat de la base de bouleverser la donne lors de la nomination (comme ils l’ont fait avec Ron Paul), les démocrates utilisent les super-délégués comme un disjoncteur dans le même but. Il est très possible que Bernie Sanders puisse recevoir le plus large soutien populaire parmi les électeurs démocrates, mais perde tout de même la nomination face à Clinton, par la magie des super-délégués.
Conflits et bagarres autour de la Convention
Compte tenu de l’angoisse déjà bouillonnante entre les partisans de Trump, Cruz, Sanders et Clinton, chacun poussant son candidat vers les conventions, qu’elle soit réelle ou fabriquée à dessein, cela pourrait très bien conduire à une violence interne qui dégénèrerait en émeutes ouvertes. Certains candidats, y compris Trump, ont suggéré que ce sera le résultat final. Je suis d’accord. Les divisions entre les Américains sont si prononcées maintenant, que je serais choqué si les gens ne réagissaient pas émotionnellement à une convention manipulée ou volée. Ce serait également une méthode fantastique pour continuer à distraire le public des plus grands problèmes.
La surprise d’un ticket combiné
Ce scénario ne m’avait pas frappé comme étant réaliste jusqu’à la semaine dernière. Je ne sais pas pourquoi (peut-être qu’il est trop étrange), mais il est certainement plausible. L’idée que Trump et Cruz, ou Clinton et Sanders, pourraient réellement unir leurs forces à une convention négociée pourrait sembler ridicule aujourd’hui, mais gardez à l’esprit que la plupart des élections ne sont rien de plus que du théâtre, et cela inclut de fausses rivalités. Au-delà, l’argument pourrait être avancé de chaque côté, que la seule façon de gagner est d’unir les démocrates ou les républicains fractionnés et divisés, en déclarant une trêve. Je peux déjà entendre les extraits sonores d’ici : «Les gars, à la fin nous sommes tous Démocrates [ou Républicains], et il faut arrêter la division pour le bien du parti. Il est temps de se concentrer sur le véritable ennemi : les Républicains [ou Démocrates]…»
Un tel scénario pourrait conjurer les émeutes et le chaos interne du parti, mais les résultats définitifs des élections seraient encore la garantie d’une explosion de tensions.
Une fraude électorale massive des deux côtés
Oui, il y a déjà une fraude électorale généralisée aux États-Unis, tous les deux à quatre ans. Cependant, ce à quoi je fais allusion est une fraude électorale si visible, que même les Américains les plus inconscients se poseraient des questions sur la validité du processus. Je parle des médias traditionnels poussant délibérément l’idée d’une fraude électorale, pour aider l’establishment à escamoter l’environnement d’instabilité. Je parle de l’effritement complet de la course présidentielle américaine.
Un report de l’élection
En cas de conventions volées, de fraude lors de l’élection ou d’émeutes, l’élection elle-même pourrait très bien être reportée. Le Congrès a le pouvoir d’adopter une loi reportant les élections fédérales en raison de situations d’urgence ou de circonstances extrêmes, et ils ont aussi la possibilité de transférer cette autorité au pouvoir exécutif.
Gardez à l’esprit que cela pourrait également avoir lieu dans le cas d’une crise nationale en dehors du processus électoral. Un effondrement économique, des attaques terroristes à grande échelle ou une rupture sociale générale pourraient entraîner un report de l’élection. Bien que ce soit un scénario incroyablement peu probable, vue la manière dont 2016 de déroule, je ne voudrais pas exclure quoi que ce soit. Aussi prenez note qu’un tel scénario se traduirait par un Obama prolongeant son séjour à la Maison Blanche, avec bien sûr le résultat inévitable mentionné ci-dessous…
La guerre civile
Je l’ai dit avant et je vais le dire encore, si Hillary Clinton est choisie par l’establishment pour prendre la place d’Obama, le résultat serait probablement une véritable guerre civile aux États-Unis; le niveau de haine parmi les conservateurs pour cette femme est si stratosphérique, que je ne vois pas d’autre résultat. Elle pourrait ne pas se produire immédiatement, mais je suis prêt à parier sur une conflagration avant la fin de son premier mandat.
Avec une victoire de Trump, on pourrait aussi voir des émeutes, à tout le moins à l’échelle nationale, similaires dans le ton à celles qui ont eu lieu à Ferguson, Missouri, avec les sectaires de la justice sociale s’ensauvageant avec leurs slogans loufoques et leurs cocktails Molotov. Ces personnes ne sont cependant que des tigres de papier, et ne sont une menace que si elles parviennent à convaincre une majorité de la population de souche américaine de suivre leur exemple.
Le plus grand danger est si Trump est en fait un agent de l’establishment plutôt que son pourfendeur. Si Trump répond à des émeutes par des mesures inconstitutionnelles, ou s’il exploite la crise pour dépasser les limites du pouvoir fédéral, alors, à ce moment-là, nous saurons exactement pour qui il travaille. Encore une fois, avec Trump, tout est une question de pari et nous ne saurons rien jusqu’à moment où nous saurons.
Certains des scénarios théoriques ci-dessus peuvent sembler bizarres, mais là encore, si vous aviez voyagé dans le temps il y a dix ans et aviez essayé d’expliquer les conditions de cette élection en 2016, je doute que quiconque vous aurait cru.
Je continue à tenir à la prémisse que les élections sont entrées dans le monde de l’étrange, parce que l’Amérique elle-même est sur le bord de quelque chose qui va secouer son cœur même. Qu’est-ce que cet événement sera? C’est difficile à dire car il y a tellement de possibilités, mais les tensions de ce calibre dégénèrent généralement en crise avant qu’elles ne se dégonflent, et les tensions sont aujourd’hui en train de monter.
Il est clair que nous sommes engagés dans un tour de montagnes russes jusqu’à l’an prochain; alors préparons-nous en conséquence, mais gardons aussi à l’esprit que les élections en elles-mêmes ne représentent pas une menace ou une solution aux menaces. Vous et moi, éveillés et conscients, êtes la solution aux menaces qui pèsent sur ce pays. Les élections ne servent que comme jauge sur la distance réelle qui nous sépare du fond de l’abîme.
Brandon Smith
Note du Saker Francophone
Il y a aussi la possibilité du meurtre ou d'un accident d'un des candidats... Suivez mon regard. Lors de la dernière élection importante au Brésil, l'un des concurrents est mort dans un accident d'avion bien suspect propulsant Marina, une alternative crédible à Dilma Roussef, en première ligne, et dont le futur ministre de l'Économie venait directement de Wall Street.
Traduit par Hervé, relu par nadine pour le Saker Francophone