Pourquoi le Pentagone militarise-t-il les insectes ?


Par F. Wiliam Engdahl – Le 31 octobre 2018 – Source New Eastern Outlook

2015-02-05_10h48_03Il existe de fortes présomptions que le Pentagone, par le biais de son agence de recherche et développement, la DARPA, développe des insectes génétiquement modifiés capables de détruire les cultures d’un ennemi potentiel. La DARPA a nié cette affirmation, mais des biologistes réputés ont tiré la sonnette d’alarme concernant ce qui se passe à l’aide de la nouvelle technologie CRISPR « d’édition de gènes » destinée à réellement armer les insectes. C’est comme une mise à jour au XXIe siècle du fléau biblique des sauterelles, mais en potentiellement bien pire.

NEO JOURNAL COLLAGE

La DARPA, l’Agence des projets de recherche avancée du Pentagone, finance un programme portant le nom bizarre d’ « Insect Allies ». Le Dr Blake Bextine, de la DARPA, décrit le programme comme « amplifiant un système naturel et efficace en deux étapes pour transférer des gènes modifiés aux plantes : avec des insectes vecteurs qui transmettent des virus modifiés aux plantes. » Selon la DARPA, le programme vise à fournir « des contre-mesures extensibles, facilement déployables et généralisables contre les menaces naturelles et artificielles pesant sur l’approvisionnement en nourriture, dans le but de préserver le système d’agriculture américain» Notez-bien le langage : extensible, facilement déployable, etc.

Dans le cadre du projet DARPA, des agents d’altération génétique ou des virus seront introduits dans la population d’insectes afin d’influer directement sur la constitution génétique des cultures. La DARPA prévoit d’utiliser des cicadelles, des mouches blanches et des pucerons pour introduire certains virus dans les cultures. Parmi les autres affirmations douteuses, ils affirment que cela aidera les agriculteurs à lutter contre le « changement climatique ». Ce à quoi personne ne peut répondre, surtout que ni le Pentagone ni la Food Drug Administration (FDA) des États-Unis ne se posent la question : comment les virus génétiquement modifiés des insectes vont-ils interagir avec d’autres micro-organismes dans l’environnement ? Si des virus génétiquement modifiés inondent constamment les cultures, comment cela pourrait-il altérer la génétique et le système immunitaire des êtres humains qui dépendent de ces cultures ?

Alerte de guerre biologique

Étant donné que la majeure partie de l’approvisionnement alimentaire actuel des États-Unis est contaminée par le Roundup et d’autres herbicides et pesticides toxiques ainsi que par des plantes génétiquement modifiées, on peut douter de l’honnêteté des déclarations concernant les préoccupation du Pentagone au sujet du système de culture actuel des États-Unis. Un groupe de scientifiques européens a publié un article scientifique dans le magazine Science du 5 octobre, dont l’auteur principal est le Dr Guy Reeves de l’Institut Max Planck de biologie évolutive de Plön, en Allemagne.

Le document note que le programme « Insect Allies » de la DARPA « vise à disperser les virus infectieux génétiquement modifiés conçus pour altérer les chromosomes des cultures directement dans les champs ». Cette méthode est connue sous le nom d’ « héritage horizontal », par opposition à la méthode verticale, actuellement dominante, d’altération des OGM qui introduit des modifications générées en laboratoire dans les chromosomes des espèces cibles afin de créer des variétés végétales OGM. Les modifications génétiques sur les cultures seraient effectuées par « dispersion à base d’insectes » dans la nature.

Les scientifiques européens soulignent que la DARPA n’a présenté aucune raison impérieuse justifiant l’utilisation d’insectes en tant que moyen incontrôlé de dispersion de virus synthétiques dans l’environnement. En outre, ils affirment que le programme « Insect Allies » pourrait être plus facilement exploité pour la guerre biologique que pour un usage agricole de routine. « Il est beaucoup plus facile de tuer ou de stériliser une plante à l’aide de l’édition de gènes que de la rendre résistante aux herbicides ou aux insectes », selon Guy Reeves de l’Institut Max Planck.

L’article de Science souligne qu’il n’y a pas eu de discussion scientifique, encore moins de supervision, sur la sécurité de telles méthodes d’édition de gènes dans des champs ouverts, ni même sur les avantages qui pourraient en découler. Le Département de l’agriculture des États-Unis rejette catégoriquement tout test de santé ou de sécurité effectué sur des plantes ou des insectes modifiés par gène. « En conséquence, le programme peut être largement perçu comme un effort visant à développer des agents biologiques à des fins hostiles, et la façon de les diffuser, qui, si cela est avéré, constituerait une violation de la Convention sur les armes biologiques (BWC). ». Jusqu’ici $27 millions de l’argent des contribuables américains a été dépensé pour le programme  « Insect Allies ».

Technologie instable

Bien que les détails ne soient pas disponibles, il est presque certain que le projet d’édition de gènes d’« Insect Allies », avec les outils CRISPR, utilise ce que l’on appelle « un pilote de gènes », Gene Drive. Ce programme, qui est également largement financé par la DARPA du Pentagone, vise à forcer une modification génétique à se propager à travers une population entière, qu’il s’agisse de moustiques ou potentiellement d’humains, en quelques générations à peine.

Le scientifique qui a pour la première fois suggéré d’utiliser un pilote de gènes en même temps que l’édition des gènes est Kevin Esvelt, biologiste à Harvard, qui a d’emblée averti publiquement que le développement des modifications génétiques en conjonction avec des technologies de pilotage de gènes risquait de devenir dangereux. Il fait remarquer que compte-tenu de la fréquence des erreurs de la méthode CRISPR, il est probable que des mutations de protection se produiront, ce qui rendra agressifs même les pilotes de gènes bénins. Il souligne que « quelques organismes modifiés pourraient, à eux seuls, impacter irrévocablement un écosystème ». Les simulations informatiques du pilote de gènes d’Esvelt ont calculé qu’un gène modifié pouvait « s’étendre à 99% d’une population en seulement dix générations et persister pendant plus de 200 générations. »

Contrairement à ce que prétend Bill Gates, un important bailleur de fonds pour la recherche sur les modifications génétiques, il ne s’agit en aucun cas d’une technologie bien ciblée et éprouvée. En Chine, les scientifiques ont utilisé des embryons humains, fournis par des donneurs, pour modifier un gène spécifique, cela n’a pas pu donner naissance à un être vivant. Les résultats ont été un échec cuisant, car les cellules testées n’ont pas réussi à intégrer le matériel génétique prévu. Le chercheur principal Jungiu Huang a déclaré à la revue Nature : « C’est pourquoi nous avons arrêté. Nous pensons que c’est encore trop immature. »

Un laboratoire pour armes biologiques en Géorgie ?

Existe-t-il des scientifiques fous à la DARPA ou dans d’autres agences du gouvernement américain qui s’apprêtent à lancer de nouvelles formes mortelles d’agents de guerre biologique sur des adversaires tels que la Russie, aujourd’hui le plus important producteur de céréales et un pays dont les cultures sont légalement exemptes d’OGM ? Ou contre la Chine, l’Iran ou l’Inde… ?

Une série de reportages récents dans les médias russes et occidentaux ont récemment dévoilé un laboratoire biologique de haute sécurité, financé par le Pentagone, situé près de l’aéroport de Tbilissi en Géorgie, à proximité de la Russie. Le laboratoire, le Centre Richard G. Lugar pour la recherche en santé publique, est doté de $350 millions, selon des rapports de témoins oculaires géorgiens, il est construit selon les normes Bio-Sécurité Niveau III, ce qui signifie qu’il est habilité à manipuler les menaces microbiennes connues les plus dangereuse, y compris le charbon (anthrax) et les bactéries responsables de la peste bubonique. Le centre de Lugar est composé de scientifiques de l’US Army Medical Research and Material Command.

Au début de l’année, l’ancien ministre de la sécurité d’État géorgien, Igor Giorgadze, a donné une interview à la presse, à Moscou, dans laquelle il disait disposer de preuves confirmant que le centre organisait des expériences risquées suites auxquelles un certain nombre de personnes sont mortes. Il a partagé son témoignage avec les autorités russes compétentes.

Tout cela ressemble à un chapitre du roman de science-fiction de Robert Crichton de 1969, Andromeda Strain, mais ce n’est pas de la science-fiction. Les tribunaux de l’Union européenne ont statué que ce type d’édition génétique devait être réglementé comme les autres formes de modification génétique. Les États-Unis ont refusé toute réglementation. Il n’est pas difficile d’imaginer que ceux qui déchirent le traité de 1987 sur les forces nucléaires intermédiaires et imposent des sanctions répétées aux dirigeants et à l’industrie russes seraient tentés de déclencher, ou de menacer de déclencher, une nouvelle arme redoutable qui, via des virus génétiquement modifiés dans des milliards d’insectes, détruiraient le grenier vital de la Russie, au nom de la « paix mondiale ».

Le Pentagone, par le biais de la DARPA, mène-t-il une recherche « à double usage » en développant une arme biologique sous prétexte de faire progresser l’agriculture ? Il y en a qui diraient : « Oui, mais personne avec un esprit sain ne risquerait ce qui pourrait être une altération irrévocable de notre écosystème ». Mais, comme l’a fait remarquer un biophysicien à propos des OGM, il y a des gens qui « ne sont pas sains d’esprit… »

F. William Engdhal

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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