Les suprématistes blancs n’étaient pas les seuls à saccager Charlottesville

Des dizaines d’années d’agressions armées réciproques et de recrutement ont intensifié le conflit entre les antifascistes et les fascistes.


Par Denise C. McAllister – Le 14 août 2017 – Source The Federalist

La violence à Charlottesville ne révèle pas ce que nous sommes en tant qu’Américains, mais ce que nous pourrions bien devenir si nous laissions le radicalisme et le totalitarisme se normaliser. En Amérique aujourd’hui, ce danger ne vient sans doute pas de la Droite radicale, mais de la Gauche.

Pour comprendre cette évolution, il faut se pencher sur la nature des acteurs engagés dans les violences de ce week-end. Ceux qui ont organisé la manifestation et la contre-protestation n’étaient pas des Américains moyens, mais deux groupes extrémistes : anti-fascistes (Antifas) à gauche (les contre-manifestants) et les nationalistes suprématistes blancs à droite (les manifestants).
Ces groupes ne sont pas apparus soudainement avec l’investiture de Donald Trump. Ils existent depuis très longtemps. Comme l’explique Peter Beinart de The Atlantic :
« Le mouvement Antifa est né dans les années 1920 et 1930, avec la lutte des militants gauchistes contre les fascistes dans les rues d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne. Quand le fascisme s’est éteint après la Seconde Guerre mondiale, Antifa en a fait autant. Mais dans les années 1970 et 1980, les skinheads néo-nazis ont commencé à infiltrer la scène punk britannique. Après la chute du mur de Berlin, le néo-nazisme s’est également développé en Allemagne. En réponse, un groupe de jeunes gauchistes, dont de nombreux anarchistes et des punks, a relancé la tradition de la lutte de rue contre l’antifascisme.
 
À la fin des années 1980, les punks de gauche aux États-Unis se sont ralliés aux Antifas, bien qu’ils aient d’abord appelé leurs groupes Anti-Racist Action, partant de l’idée que les Américains ont une meilleure connaissance de la lutte contre le racisme que contre le fascisme. Selon Mark Bray, auteur de l’excellent livre Antifa : The Anti-Fascist Handbook, ces activistes participaient aux tournées de groupes de musique alternatifs populaires dans les années 1990, pour essayer d’empêcher les néonazis de recruter. En 2002, ils ont interrompu un discours du chef de l’Église mondiale du Créateur, un groupe suprématiste-blanc de Pennsylvanie ; 25 personnes ont été arrêtées pendant la bagarre.
 
Au cours des années 2000, alors que l’internet facilitait le dialogue transatlantique, des activistes américains ont adopté le nom d’Antifa. Mais même dans la gauche militante, le mouvement n’était pas très connu. Pour la plupart des militants de gauche pendant les années Clinton, Bush et Obama, le capitalisme mondial dérégulé apparaissait comme une menace bien plus grande que le fascisme. »
Comme Beinart l’a mentionné, en 2002, ces deux groupes se sont affrontés violemment à York, en Pennsylvanie, dans une bagarre de rue qui a conduit à l’arrestation de 25 personnes, toutes Antifa sauf deux. « On aurait dit une scène sortie de l’Allemagne de l’Est de jadis, peut-être, ou de l’un des centaines d’autres endroits en Europe où les ‘antifas’ (anti-fascistes) et les néonazis se battaient avec des matraques, des couteaux et des cocktails Molotov », a écrit un journaliste. L’incident a laissé la ville de 40 000 habitants « en état de choc ».
Le Yin et Yang des combats de rue politiques
Cela fait des dizaines d’années que les antifascistes et les fascistes se tirent dessus, recrutent des militants, et se livrent à une guerre de mots sur Internet. L’arrivée de Barack Obama a pacifié la gauche radicale dans une certaine mesure, la majeure partie des conflits pendant sa présidence étaient reliée à Occupy Wall Street et aux anticapitalistes. Mais Antifa est resté en attente, sous l’aile de l’idéologie progressiste du Parti démocrate qui soutient indirectement son programme totalitaire et tolère sa violence.
Avec la campagne controversée et l’élection de Donald Trump, Antifa est arrivé sur le devant de la scène, avec son opposant traditionnel, les néo-nazis. La Droite radicale – un groupe minuscule et méprisable – a vu dans le programme de Trump, « L’Amérique d’abord », une occasion de se légitimer.
Malgré le fait que Trump et ses partisans condamnent le racisme, la Gauche a qualifié tous ceux qui l’ont soutenu de « Droite radicale ». Des liens informels et même niés ont été considérés comme des alliances scellées dans le sang. Peu importe qu’une grand-mère, qui veut un meilleur contrôle des frontières et aime Trump parce qu’il défend les intérêts américains, n’ait rien à voir avec un voyou néo-nazi. Elle, et tous ceux qui portent un chapeau rouge MAGA (Make America Great Again) ont été considérés comme des suprématistes blancs et des racistes par la Gauche.
Avec l’arrivée de Trump, une foule d’anarcho-activistes a rejoint les rangs secrets d’Antifa pour faire taire les légions de soi-disant néo-nazis qui venaient aux rassemblements de Trump. « Le Jour de l’Inauguration, un activiste masqué a frappé le chef de la suprématie blanche Richard Spencer », écrit Beinart. En février, les manifestants ont empêché par la violence Milo Yiannopoulos, un ancien rédacteur en chef de Breitbart.com, de prononcer un discours à l’Université de Californie de Berkeley. En mars, les manifestants ont poussé et malmené le politologue conservateur controversé Charles Murray qui faisait une conférence au Collège Middlebury, dans le Vermont.
Une bagarre a éclaté à New York le 1er mai quand les Antifas se sont affrontés aux partisans de Trump à Times Square. Antifa a également participé à la violence lors d’un rassemblement Trump à San José, Californie. Le journal pro-Antifa It’s Going Down s’est félicité des attaques contre les partisans de Trump qu’il a qualifiées de « justes raclées ».
Un antifa a déclaré que la violence est justifiée parce que « la résistance n’est pas toujours sans danger ni belle, mais elle est immaculée en comparaison de notre monstrueux gouvernement ». Tous ceux qu’ils considèrent comme « fascistes, Alt Right, Nationalistes blancs, etc., sur la base des groupes dont ils font partie ou qu’ils soutiennent » sont ciblés. « Les nazis, les fascistes, les nationalistes blancs, les antisémites et les islamophobes sont des catégories spécifiques, même si elles se chevauchent ou sont des sous-ensembles les unes des autres. Nos principales cibles sont des groupes et des individus qui soutiennent les suprématistes blancs et les séparatistes blancs ou militent directement avec eux. Nous nous efforçons d’être très clairs et précis dans l’utilisation de ces termes. »
L’utilisation du terme « raciste » comme arme
La violence d’Antifa est étroitement liée aux étiquettes que la Gauche colle sur les Républicains : c’est un point important que les politiciens, les intellectuels et les médias doivent prendre au sérieux. Pendant les années 1960, quand les conservateurs étaient traités de nazis pour avoir soutenu la loi et l’ordre, l’étiquette de raciste a été utilisée comme matraque par les Démocrates pour réduire les Républicains à la soumission. Si vous êtes pour le contrôle aux frontières, vous êtes raciste. Si vous vous opposez à la discrimination positive, vous êtes raciste. Si vous prônez une plus grande opposition à l’islam radical, vous êtes raciste. Si vous ne croyez pas qu’il existe un racisme institutionnalisé en Amérique, vous êtes raciste. D’une manière générale, si vous n’êtes pas d’accord avec les Démocrates, vous êtes raciste.
C’est dans cette ambiance que Trump est arrivé quand il a concouru pour la présidence. Il s’est élevé contre elle. Il a été qualifié de raciste. Ses partisans ont été qualifiés de racistes. Bien sûr, cachés dans l’ombre il y avait les vrais racistes – les suprématistes blancs – qui étaient heureux que quelqu’un s’exprime en faveur des intérêts nationaux et du protectionnisme culturel. Ils se sont tournés vers Trump et l’ont revendiqué comme un des leurs. Pourtant Trump a dénoncé le Klu Klux Klan et a rejeté le racisme sous toutes ses formes. Il a ignoré la droite radicale, tout comme Hillary Clinton ignorait les gauchistes radicaux qui la soutenaient. Mais l’étiquette de raciste est restée.
La rhétorique selon laquelle Trump et ses partisans sont racistes a été véhiculée par les Démocrates – et ils sont particulièrement adroits en la matière car ils utilisaient cette rhétorique longtemps avant que Trump n’entre en scène. Ces accusations ont été relayées sans répit par les gauchistes sur les médias sociaux et reprises par des politiciens qui ont attisé les flammes du sentiment d’inégalité raciale, en qualifiant tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux de racistes. Pire encore, les Républicains du groupe « Jamais Trump » ont indirectement rejoint ces groupes en singeant leur étiquetage de Trump et de ses partisans.
La rhétorique anti-raciste a pris encore de l’ampleur avec les échauffourées de Charlottesville. Maintenant, où que vous vous tourniez, quelqu’un de la Droite est accusé de racisme. Ceux qui ne qualifient pas la violence de Charlottesville comme la Gauche le fait sont des racistes. Tous les groupes qui défendent les principes constitutionnels sont des racistes. La National Rifle Association est raciste. Tout le Parti républicain est raciste. Si un écrivain critique la violence de Black Lives Matter, il est raciste. On a le sentiment qu’il y a des racistes partout ; Les Blancs oppriment les Noirs ; Trump est dangereux !
Qu’en est-il de l’autre camp du conflit ?
Pendant ce temps on parle très peu des violents antifascistes que la gauche a tolérés et même encouragés. On  entend beaucoup de gens déplorer le clin d’œil que Trump fait à la Droite radicale, mais on n’entend quasiment pas parler du soutien avéré (qui n’est pas un simple clin d’œil) que les  Démocrates, les libéraux et la Gauche en général, apportent à la Gauche radicale violente.
« Lorsque l’activiste antifa masqué a été filmé en train d’agresser Spencer le Jour de l’Inauguration, un article de The Nation a dit que son coup de poing était un acte d’une ‘beauté cinétique’ », écrit Beinart. Slate a publié un article  élogieux sur une chanson humoristique qui glorifiait l’assaut. Twitter a été inondé de versions de la vidéo accompagnées de diverses chansons moqueuses qui ont tourné en boucle et suscité ce tweet de l’ancien rédacteur des discours d’Obama Jon Favreau : « Quel que soit le nombre des chansons qui seront postées pour tourner Richard Spencer en dérision, elles me feront toutes rire. » La violence contre les Républicains et tous ceux qui sont considérés comme « racistes » par la Gauche est devenue courante. Maintenant que de vrais racistes apparaissent et que de la violence en découle, Antifa et ses partisans du Parti démocrate se sentent encore plus en droit d’attaquer tous ceux qu’ils jugent fascistes, et beaucoup en Amérique le tolèrent ou au moins en rejettent le blâme sur les Républicains.
Ce sont les libéraux qui ont mis le feu aux poudres en infectant l’Amérique avec l’idée que notre pays est intrinsèquement raciste – une idée qu’Obama a entretenue. C’est dans notre ADN, a-t-il dit. Nous sommes racistes même si nous ne savons pas que nous sommes racistes. Nous ne sommes pas jugés sur nos actions ou nos fautes personnelles, nous sommes jugés par ceux qui ont décidé de notre culpabilité collective pour des injustices passées, nos croyances conservatrices, notre politique et nos relations. Nous sommes le vrai danger, et pas les antifascistes qui se livrent pourtant à de réelles violences dans leur guerre contre la Droite radicale.
Les vrais racistes pourraient-ils se lever s’il vous plaît ?
Comme cela fait des décennies que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le Parti démocrate sont étiquetés comme racistes ou fascistes, beaucoup d’Américains ne savent plus à quoi ressemble le vrai racisme. Que se passe-t-il lorsque vous croyez que tous ceux qui soutiennent le président et ses politiques sont des racistes ? Que se passe-t-il lorsque les racistes sont considérés comme une « menace intérieure » 
Le sénateur Ted Cruz a dit que le ministère de la Justice devrait, dans son enquête, considérer la violence à Charlottesville comme du terrorisme intérieur. Il a mentionné les néonazis, mais n’a pas parlé des anti-fascistes. Seuls les racistes sont considérés comme une menace. Les « racistes » sont désormais ceux qui veulent construire un mur et remettre l’Amérique à la première place sur la scène internationale. Serait-il possible que, dans ce climat hostile, ces Américains ordinaires en viennent à être considérés comme une menace intérieure alors que le danger réel est volontairement ignoré ? Peut-être pas pour l’instant, mais ça pourrait arriver si un politicien qui croit en la rhétorique de la Gauche arrivait au pouvoir.
Les dirigeants de l’Amérique donnent de la légitimité à Antifa en minimisant ou en niant son rôle dans la violence. Les Républicains qui ne dénoncent pas les anti-fascistes et les étiquettes que ces derniers et les libéraux collent sur leurs opposants, jouent à nouveau les idiots utiles en essayant de se distancer des vrais racistes pour échapper eux-mêmes à l’étiquetage.
Les Démocrates ne dénoncent pas les Antifas parce qu’ils sont fondamentalement d’accord avec leur idéologie, sinon avec leurs méthodes. Ils veulent la destruction des conservateurs, des Républicains et des principes de liberté de notre nation. Si pour cela il faut déchaîner les démons de la Gauche radicale ou au moins minimiser leur violence, eh bien qu’il en soit ainsi !
Denise C. McAllister est une journaliste basée à Charlotte, en Caroline du Nord, et une éminente contributrice de The Federalist. Suivez-la sur Twitter @McAllisterDen.

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