Il faut cesser de croire au père Noël ou à la mère Yellen…


Par Pierre Leconte – Le 11 octobre 2015 – Source Forum Monétaire de Genève

Yellen-as-Santa-cartoon-300x2281

Imprimer toujours plus de fausse monnaie, pratiquer des taux zéro ou négatifs et autres dévaluations dites compétitives, qui euthanasient les épargnants soumis à une répression financière maximale en cassant leur pouvoir d’achat tout en incitant à une mauvaise allocation du capital encore disponible, ne permettront pas aux banques centrales dont l’échec est patent de créer de l’inflation et encore moins de la croissance économique réelle.

Faire artificiellement monter les prix des actifs financiers, ceux des actions en particulier, à des niveaux stratosphériques via les QE et autres manipulations (High Frequency Trading, algorithmes, Dark Pools, rachats d’actions, etc…) n’est pas durablement soutenable dans un contexte de stagnation séculaire de l’économie, de diminution tendancielle des profits de la plupart des entreprises et de vieillissement des populations occidentales qui ont tendance à se désinvestir des dites actions.

Penser que les bilans pourris et hypertrophiés des banques centrales, devenues des faux-monnayeurs, manipulant les marchés financiers au bénéfice principal des grandes banques privées too big to fail et de leurs dirigeants too big to jail, peuvent continuer d’augmenter exponentiellement, tant par rapport aux PIB des grands pays qu’au niveau de leur propre effet de levier, est une illusion qui sera un jour dissipée dans la douleur.

Laisser se développer au plan de certaines des plus grandes banques privées et entreprises multinationales, nombre d’entre-elles devenues des organisations quasi criminelles (sans parler de la plupart des ONG, think tanks et autres organismes sportifs – CIO, Fifa, Uefa, etc. – complètement opaques), une culture de la manipulation et du vol, du fait de l’impunité de leurs hauts dirigeants dont les rémunérations sont extravagantes, et de la généralisation de l’économie de spéculation, est très dommageable pour la stabilité du corps social qui doit pouvoir adhérer à des valeurs collectives inattaquables.

Accroître perpétuellement l’endettement public et privé, source de la déflation et de la stagnation séculaires, est le meilleur moyen de se ruiner collectivement et individuellement.

Penser que le yuan, qui n’est même pas convertible ni adossé à un authentique marché obligataire et encore moins à un État de droit démocratique, ou toute autre devise d’ailleurs, voire panier de devises (DTS du FMI), en particulier l’euro, une monnaie imposée à des fins d’intégration politique européenne forcée dont la malformation congénitale est irréversible, puissent détrôner dans les dix ou vingt prochaines années l’hégémonie du dollar US (lequel peut évidemment fluctuer à la hausse comme à la baisse au gré de la conjoncture), la monnaie mondiale contrôlée par l’hyper puissance militaro-technologique US dont le privilège exorbitant est loin d’être menacé, n’a pas de sens.

S’illusionner sur la capacité de la Chine ou de la Russie de dominer l’Empire US, monopolistique à tous égards, lequel agit par tous les moyens possibles pour les déstabiliser en entretenant tensions, guerres et révolutions un peu partout afin de diviser pour régner, n’est pas raisonnable.

Estimer que l’Union européenne et la zone euro, incapables de résister aux diktats américains du fait de l’absence de vision, comme de courage, de leurs piètres politiciens actuels, structures au surplus antidémocratiques et structurellement inadaptées, donc rejetées par la majorité de leurs peuples, sont destinées à durer dans leurs formes actuelles sans se désintégrer un jour est illusoire.

Croire que l’or et/ou l’argent-métal, qui évidemment peuvent varier de prix mais sont systématiquement manipulés à la baisse par les banques centrales occidentales et les bullion banks via, entre autres, la dissociation de leurs prix papier et de leurs prix physique, puissent dans les dix ou vingt ans prochains redevenir le refuge ou l’étalon monétaire qu’ils ont été n’est plus crédible dans le contexte déflationniste global actuel, lequel ne peut que se poursuivre tant que le modèle de planification centrale monétaire de fiat currencies continuera de s’appliquer et que les obligations d’État américaines constitueront l’essentiel des réserves mondiales de change, ce qui entretient l’hégémonie du dollar US.

Estimer que les USA accepteront ne serait-ce que la re-monétarisation de l’or et de l’argent-métal, devenue le sujet stratégique par excellence sur lequel ils ne transigeront pas (sans même parler du rétablissement de la libre-convertibilité des monnaies de papier actuelles en métaux ce qui constituerait la meilleure solution pour leur rendre quelque valeur), pour accroître le bon crédit dès lors gagé sur des biens tangibles et enfermer les banques centrales dans une discipline indispensable à la stabilité monétaire globale, est une vue de l’esprit sans fondement.

Penser que la hausse du dollar US est un facteur positif pour l’économie mondiale constitue une grossière erreur dans la mesure où, entraînant la chute de toutes les autres devises, nécessairement employées par la majorité de la population mondiale qui ne vit pas aux USA, et des matières premières principalement produites par les pays émergents, qui sont en outre le plus souvent obligés de s’endetter en dollars US faute de liquidité suffisante dans leurs monnaies nationales, elle exerce un effet ultra déflationniste international ne profitant qu’aux USA, lesquels sont ainsi en mesure d’attirer chez eux l’essentiel de l’épargne mondiale c’est-à-dire de vivre constamment au dessus de leurs moyens au détriment des autres pays.

Développer le libre-échange globalisé, conduisant à des salaires toujours plus bas, dans l’anarchie monétaire des taux de change flottants entre monnaies de papier gagées sur le néant et laisser se produire des mouvements massifs de populations via la suppression complète des frontières est économiquement, socialement et culturellement suicidaire pour la plupart des États-nations et leurs peuples dont l’identité et le bien-être sont progressivement détruits.

Baser les principales économies (Chine, Allemagne par exemples) sur le productivisme à outrance et le mercantilisme forcené c’est-à-dire sur l’exportation à tout-va, dans un monde dans lequel l’avantage comparatif a fait place aux désavantages définitifs du fait de la généralisation du libre-échange illimité, est une voie sans issue alors qu’il n’y aura plus de croissance équilibrée, ni de sécurité alimentaire et environnementale, sans relocalisation des activités économiques et rétablissement de circuits courts de distribution au plus près du consommateur.

Laisser s’accroître le chômage de masse et la paupérisation des populations dans les pays les plus développés débouchera sur des révoltes qui balaieront leurs classes politiques déconnectées de la triste réalité que vivent les citoyens.

Continuer de baisser les impôts et charges des grandes entreprises tout en les subventionnant pour un oui ou pour un non dans un contexte d’austérité budgétaire forcée (en France, pays du sud de l’UE, par exemple) est une impasse qui ne permettra pas aux économies de se redresser, ce qui ne pourra être obtenu que par la baisse massive des impôts des particuliers, quel que soit leur niveau de revenu, et la forte augmentation des rémunérations des salariés, permettant de restaurer une demande solvable et donc les carnets de commandes des entreprises.

Accréditer l’idée que la démocratie est possible au plan mondial en dehors de l’État-nation, seul garant de la sécurité et de l’expression libre de ses citoyens, n’a pas de sens, d’où l’inutilité d’entretenir à grands frais des organisations multinationales (FMI, OMC, ONU, etc.), les machins comme les qualifiait de Gaulle, incapables de résoudre les grands problèmes internationaux, lesquels ne peuvent trouver de solutions que dans le cadre de la coopération entre États souverains.

Nier en permanence le droit international, via des interventions militaires unilatérales des États les plus puissants militairement passant outre au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est une abomination tant pour les peuples qui subissent leurs foudres que pour la stabilité économico-politique internationale qui nécessite un contexte global pacifié pour se réaliser.

Accepter que le Nouvel ordre mondial se construise sur la base de la désinformation systématique des opinions publiques, de l’espionnage technologique (téléphone, internet, etc.) permanent et de l’extension illimitée du complexe militaro-industriel US (via l’Otan par exemple) est une erreur dramatique conduisant au Big Brother totalitaire, c’est-à-dire à la fin des libertés publiques, voire même à un conflit mondial.

Favoriser le fondamentalisme religieux, débouchant sur le communautarisme et finalement sur le terrorisme, dans des sociétés devenant multiculturelles à l’excès dont les inévitables antagonismes minent la stabilité et la cohésion indispensables à leur survie, est irresponsable.

On peut regretter tout ou partie de ce qui précède, mais il faut se confronter aux réalités objectives, brouillées par des statistiques ou des raisonnements à dessein faussés, et cesser de rêver…

Bref, nous sommes actuellement arrivés à un point de rupture de bien des erreurs, mensonges et omissions, entretenus par la pensée unique, certaines oligarchies financières, groupes de pression de toutes sortes et politiciens parasitaires, pour lesquels il n’y a pas d’autre issue que la destruction (créatrice espérons-le) de tous les mécanismes et fausses évaluations qui ont permis jusqu’ici leur perpétuation de plus en plus instable. Voilà pourquoi le krach boursier mondial rampant est en cours, lequel sera vraisemblablement suivi par la remise en question de la plupart des structures politiques, économiques et financières obsolètes actuellement en fin de parcours. Oui, il faut supprimer les banques centrales et le plus tôt sera le mieux…

Si l’on reste dans un système faussement libéral de manipulation socialo-keynésienne et de Crony Capitalism [capitalisme des copains et des coquins] ne bénéficiant qu’à quelques uns et si l’on ne revient pas au libéralisme classique équilibré, tel qu’imaginé par ses fondateurs au bénéfice du plus grand nombre, les dégâts seront bientôt irréversibles…

Certains penseront que les considérations sociétales et géopolitiques précitées ne sont pas utiles à la prévision financière. Ils ont tort, à notre avis. Parce que tout étant lié, il est important d’avoir une grille de lecture globale pour tenter de comprendre les phénomènes complexes qui influent sur les marchés financiers.

Lesdits marchés financiers étant largement devenus des mécanismes d’escroquerie de la plupart des épargnants-investisseurs ainsi qu’en témoignent les lourdes amendes qui pleuvent sur certaines grandes banques privées sanctionnant leurs manipulations des taux d’intérêt, obligations, monnaies, matières premières, métaux et actions (sans d’ailleurs qu’elles cessent leurs pratiques frauduleuses puisque les politiciens achetés ou terrorisés par lesdites banques ne se résolvent pas à en fermer quelques unes) [ou peut être gagnent-elles beaucoup plus que ces amendes, Ndlr], il ne faut traiter ces marchés que de la manière la plus réactive possible, ce qui est loin d’être simple et ne garantit aucunement de réaliser des profits, en faisant des allers-retours rapides avec des instruments adaptés…

Pierre Leconte nouveau site payant forum-monetaire.info/

 

   Envoyer l'article en PDF