Zelenski essaye la manière douce avec Trump


Par Moon of Alabama – Le 4 février 2025

À la suite de la dispute de vendredi dans le bureau ovale, le président Trump a mis fin à l’aide militaire à l’Ukraine.

Quelques heures plus tard, l'(ancien) président de l’Ukraine Vladimir Zelenski a accepté de se soumettre aux souhaits de Trump :

Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський @ZelenskyyUa – 15:37 UTC – 4 Mars 2025

Je voudrais réitérer l’engagement de l’Ukraine pour la paix.

Aucun d’entre nous ne souhaite une guerre sans fin. L’Ukraine est prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible afin de se rapprocher d’une paix durable. Personne ne souhaite plus la paix que les Ukrainiens. Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous le leadership fort du président Trump pour obtenir une paix durable.

Zelenski reconnaît la primauté de Trump dans leur relation.

Puis Zelenski introduit ensuite une « nouvelle » idée dans les pourparlers sur le « cessez-le-feu » :

Nous sommes prêts à travailler rapidement pour mettre fin à la guerre, et les premières étapes pourraient être la libération des prisonniers et une trêve dans le ciel – interdiction des missiles, des drones à longue portée, des bombes sur le réseau d’énergie et autres infrastructures civiles – et une trêve en mer immédiatement, si la Russie fait de même. Nous voulons ensuite passer très rapidement à toutes les étapes suivantes et travailler avec les États-Unis pour parvenir à un accord final solide.

Il s’agit d’une tentative de retarder les étapes suivantes.

Il s’agit également d’une réorganisation de l’idée de « trêve dans le ciel » que le président Macron avait introduite dans les discussions au cours du dernier week-end :

Dans une interview accordée au journal Le Figaro, il a proposé une trêve de quatre semaines « dans les airs, en mer et sur les infrastructures énergétiques ». Elle ne couvrirait pas les combats au sol le long de la ligne de front à l’est.

Dans une interview séparée, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré : « Une telle trêve aérienne, maritime et sur les infrastructures énergétiques nous permettrait de déterminer si le président russe Vladimir Poutine est de bonne foi lorsqu’il s’engage à respecter une trêve. Et c’est à ce moment-là que de véritables négociations de paix pourraient commencer ».

La Grande-Bretagne a toutefois immédiatement rejeté la proposition.

L’idée de Macron n’est pas nouvelle. Plusieurs accords ont été conclus entre la Russie et l’Ukraine pour mettre fin aux attaques de grande envergure contre les infrastructures de l’autre partie. C’est l’Ukraine qui a bloqué ou violé (archivé) ces accords à chaque fois.

Comme l’a rapporté le FT à la fin du mois d’octobre :

L’Ukraine et la Russie ont entamé des discussions préliminaires sur l’arrêt des attaques contre leurs infrastructures énergétiques respectives, selon des personnes au fait du dossier.

Kiev cherche à reprendre les négociations menées sous la médiation du Qatar, qui étaient proches d’un accord en août avant d’être interrompues par l’invasion de Koursk par l’Ukraine, ont déclaré ces personnes, parmi lesquelles figurent des hauts fonctionnaires ukrainiens.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a déclaré ce mois-ci qu’un accord visant à protéger les installations énergétiques pourrait être le signe d’une volonté russe de s’engager dans des pourparlers de paix plus larges.

Kiev et Moscou ont déjà admis que l’arrêt des attaques contre le réseau électrique ukrainien et la capacité de raffinage du pétrole russe était dans leur intérêt mutuel.

L’Ukraine prévoit néanmoins de continuer à frapper des cibles, y compris des raffineries de pétrole, afin de faire pression sur la Russie pour qu’elle s’engage dans les pourparlers, selon le haut fonctionnaire ukrainien.

Quatre fonctionnaires ukrainiens ont déclaré au Financial Times que Kiev et Moscou étaient parvenus à un « accord tacite » à l’automne dernier pour ne pas frapper les installations énergétiques de l’autre.

En conséquence, la Russie s’est abstenue cet hiver-là de mener le type d’attaques à grande échelle qu’elle avait menées contre l’infrastructure électrique de l’Ukraine en 2022-23, selon deux fonctionnaires ukrainiens et une personne à Washington au fait de la situation.

Cet accord était censé ouvrir la voie à un accord formel, selon ces personnes.

Toutefois, Kiev a relancé les attaques de drones contre les installations pétrolières russes en février et en mars de cette année, afin d’accroître la pression sur Moscou après l’échec de sa contre-offensive de 2023.

L’Ukraine n’a pas respecté l’accord de « trêve » en vigueur pendant l’hiver 2023/24. Elle a fait échouer l’accord d’août 2024 négocié par le Qatar en attaquant la région russe de Koursk. Les négociations d’octobre n’ont abouti à rien, car l’Ukraine a insisté pour poursuivre sa campagne de Koursk (qui échouait déjà).

Au début de cette année, l’Ukraine a interrompu tout transit de gaz de la Russie vers la Slovaquie et l’Autriche. La Russie a riposté en frappant les installations de production de gaz ukrainiennes qu’elle avait auparavant laissées intactes :

L’Ukraine a perdu 40 % de sa production de gaz après les frappes de missiles russes. C’est ce que rapporte Reuters en se référant à des sources.

Pour cette raison, Kiev prévoit d’importer jusqu’à 800 millions de mètres cubes de gaz d’Europe en février et mars.

Après l’invasion à grande échelle de 2022, la Russie avait déjà lancé de nombreuses attaques de missiles et de drones sur le secteur électrique ukrainien, mais ces dernières semaines, elle a intensifié ses attaques sur les gisements de gaz.

L’Ukraine ayant déjà rompu plusieurs accords de « trêve » concernant les attaques sur les infrastructures, il est peu probable que la Russie en accepte un autre.

Alors que Zelenski, par son tweet, tente de se montrer aimable avec Trump, il ne présente pas d’excuses pour son comportement dans le bureau ovale. Pour lui, ce n’était que « regrettable » :

Notre rencontre à Washington, à la Maison Blanche, vendredi, ne s’est pas déroulée comme prévu. Il est regrettable que cela se soit passé ainsi. Il est temps d’arranger les choses. Nous souhaitons que la coopération et la communication futures soient constructives.

Zelenski approuve l’« accord sur les minerais » mais insère des termes qui impliquent que l’accord est un pas vers des « garanties de sécurité » que Trump avait explicitement rejetées :

En ce qui concerne l’accord sur les minerais et la sécurité, l’Ukraine est prête à le signer à tout moment et sous n’importe quelle forme. Nous considérons cet accord comme un pas vers une plus grande sécurité et des garanties de sécurité solides, et j’espère vraiment qu’il fonctionnera efficacement.

Il est probable que la Maison Blanche rejette la tentative de Zelenski de se montrer aimable avec Trump. Elle voudra le « cuisiner » un peu plus longtemps.

Ne serait-ce que pour démontrer aux Européens et aux autres récalcitrants que toute résistance à Trump est vaine.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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