Par Moon of Alabama – Le 20 février 2025
Les discussions (pas encore des « négociations ») de mardi entre les ministres des affaires étrangères des États-Unis et de la Fédération de Russie se sont bien déroulées. D’autres suivront. Les comptes rendus et les interviews en provenance des États-Unis et de la Russie étaient tous positifs.
Les ambassades et les consulats des deux parties, fermés pour des raisons absurdes sous les administrations Obama et Biden, seront rouverts et dotés d’un nouveau personnel. Les relations diplomatiques normales vont reprendre. En soi, c’est un grand pas en avant.
Il n’y a pas encore eu de négociations sur la guerre en Ukraine. Des envoyés et des délégations seront nommés pour résoudre ce problème. Ce sera un défi. Le processus prendra du temps.
Entre-temps, les discussions sur d’autres questions reprendront et s’étendront. La Russie a tendu un appât. Elle a proposé une coopération dans des domaines économiques d’intérêt bilatéral. Les entreprises américaines pourraient être (ré)invitées à explorer les gisements de pétrole et de gaz russes, en particulier dans l’Arctique.
L’ancien président ukrainien Zelenski a rejeté une « offre » de chantage faite par Trump, qui proposait de récupérer 50 % de tous les revenus futurs de l’Ukraine provenant de ses ressources naturelles. (L’offre d’accès des États-Unis aux ressources ukrainiennes faisait partie du « plan de victoire » de Zelenski). Il a également adopté une position hostile à l’égard des pourparlers avec la Russie et a déclaré qu’il n’en accepterait pas les résultats.
Peu avant ces pourparlers, l’armée ukrainienne a attaqué les intérêts américains en Russie. Le ministre russe des affaires étrangères, M. Lavrov, a été interrogé à ce sujet :
Question : Juste avant les pourparlers, l’armée ukrainienne a attaqué la station de pompage de Kropotkinskaya dans le Kouban, qui pompe du pétrole appartenant à des sociétés américaines et européennes, entre autres. Zelensky essaie-t-il d’envoyer un « message de menace » au président Trump maintenant que les États-Unis ont établi un contact avec la Russie ?
Sergueï Lavrov : Ce coup d’éclat impliquant une attaque contre l’infrastructure énergétique de ce qui est, en fait, le Kazakhstan, peut avoir de nombreuses raisons derrière lui, et nous ne pouvons que spéculer sur les raisons pour lesquelles Kiev a donné cet ordre. Toutefois, cela ne devrait que renforcer l’opinion de chacun que cela ne peut pas continuer ainsi, et que cet individu et toute son équipe doivent être maîtrisés et interpellés à ce sujet.
La station pompe du pétrole, appartenant à des entreprises américaines, du Kazakhstan à la mer Noire. De plus, un drone français, probablement envoyé depuis l’Ukraine, a été retrouvé sur le territoire kazakh ! Le président Poutine a invité les compagnies pétrolières, dont Chevron, à envoyer le matériel nécessaire pour réparer la station.
À la suite de l’attaque, le président Trump s’est déchaîné contre Zelenski. En appelant à des élections en Ukraine, il souhaite clairement démettre ce triste clown de ses fonctions :
[Zelenski] se trouve dans une situation très difficile. Il est de plus en plus impopulaire alors que deux dirigeants ayant potentiellement accès à la force armée jouissent d’une plus grande popularité : l’ancien commandant des forces armées ukrainiennes, le général Valeriy Zaluzhniy, et le chef de l’administration du renseignement militaire, Kyryll Budanov. Ni les démocrates, ni les néofascistes, ni les modérés ne soutiennent Zelensky. Ces derniers sont plus enclins à soutenir Zaluzhniy ou l’ancien président ukrainien Petro Poroshenko. Et Zelenski a peu d’opportunités pour renforcer ses chances de succès électoral.
Il y a un danger à agir de la sorte :
Avec l’effondrement de la ligne de front et la dissolution imminente de l’armée, le régime post-Maidan de Zelensky est profondément divisé et risque de se dissoudre, ce qui pourrait entraîner l’effondrement de l’État, des guerres intestines et un chaos généralisé.
La défaillance de plusieurs organes de l’État ukrainien pourrait rendre impossible la conclusion d’un accord de paix :
Une armée, un régime et un État ukrainiens dysfonctionnels empêcheront Kiev de conclure tout processus de paix et tout traité que le président américain Donald Trump ou d’autres pourraient élaborer. En fait, l’effort de paix auquel Trump commence à associer le président russe Vladimir Poutine sera presque certainement contrecarré par une cascade de deux ou plus des quatre dysfonctionnements, effondrements et crises majeurs qui semblent attendre l’Ukraine ; à moins que la guerre ne prenne fin ou qu’un changement radical ne se produise dans la corrélation des forces russes et otano-ukrainiennes. Les deux premiers effondrements, celui du front et de l’armée, se produiront certainement cette année. Les deux autres – du régime de Maïdan et de l’État ukrainien – pourraient être reportés à l’année prochaine.
Le coup d’État américain contre le président du Sud-Vietnam, Ngo Dinh Diệm, pourrait servir de leçon :
En apprenant l’éviction et l’assassinat de Diệm, Hồ Chí Minh aurait déclaré : « J’ai du mal à croire que les Américains soient aussi stupides ». Le Politburo nord-vietnamien a été plus explicite :
Les conséquences du coup d’État du 1er novembre seront contraires aux calculs des impérialistes américains […].
Après l’assassinat de Diệm, le Sud-Vietnam n’a pas été en mesure d’établir un gouvernement stable et plusieurs coups d’État ont eu lieu.
Après s’être rendue inutile, l’Europe est en plein désarroi. Elle n’a aucune stratégie. Humiliée, il est temps pour elle de faire l’impensable : Renoncer à l’OTAN, faire la paix avec la Russie et chercher à conclure un accord stratégique avec la Chine.
Malheureusement, un changement de cap aussi radical, mais nécessaire, nécessitera une nouvelle génération de dirigeants européens (en particulier allemands), qui est encore hors de vue.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone