Un peu avant la Grande récession, des montagnes d’invendus s’accumulaient dans les entrepôts aux USA… Et voilà que ça recommence.


Par Michael Snyder – Le 27 mars 2019 – Source The Economic Collapse

Quand les conditions économiques commencent à ralentir, au début les entreprises continuent à commander des marchandises comme elles le font d’habitude, mais ces marchandises ne se vendent plus aussi rapidement qu’auparavant. Par conséquent, les niveaux de stocks se mettent à grimper, et c’est précisément ce qui nous arrive en ce moment. En fait, le ratio stock/vente a brutalement grimpé aux États-Unis pendant cinq mois d’affilée.

C’est l’exact reflet de ce à quoi nous avons assisté juste avant la crise financière de 2008, et ce à quoi nous devrions nous attendre si une nouvelle récession était sur le point de commencer.

Dans les dernières semaines, j‘ai partagé statistique sur statistique. Toutes indiquent qu’un brutal ralentissement économique est tout près de nous, et beaucoup pensent que ce qui s’approche sera finalement encore plus violent que ce que nous avons vécu en 2008.

Or, même si j’écris quotidiennement là-dessus, j’ai été troublé par la rapidité à laquelle les niveaux de stock ont grimpé ces derniers temps. Les statistiques suivantes proviennent du site internet de Peter Schiff :

[…] Cela succède à la plus forte augmentation des stocks de grossistes sur plus de cinq ans en décembre.

Les stocks ont grimpé de 7,7% par rapport à janvier 2018. Dans le même temps, les ventes ont seulement progressé de 2,7%. Pris globalement, les stocks se chiffraient à 669,9 milliards de dollars à la fin de janvier, en hausse de 1,2% par rapport au niveau révisé de décembre.

L’accroissement des stocks de biens durables en gros a même été encore plus brutal. Ces stocks dépassaient ceux de janvier 2018 de 11,7%, et de 17% ceux de janvier 2017. Ils atteignent 415 milliards de dollars, un niveau jamais atteint.

Les entreprises n’aiment pas avoir trop de stock, parce que l’excès de stock coûte cher et diminue les profits. C’est pourquoi elles essaient de gérer leurs stocks avec efficacité. Mais si l’économie ralentit de manière inattendue, elles peuvent être prises au dépourvu :

Il existe peu d’indicateurs de ralentissement économique aussi fiables qu’une croissance des stocks indésirable, or c’est apparemment ce qui se passe en ce moment dans le secteur du marché de gros.

Quand les stocks atteignent un certain niveau, les entreprises commencent souvent par réduire les commandes de biens intermédiaires aux fournisseurs.

C’est pourquoi nous devrions logiquement nous attendre que les statistiques de la production manufacturière soient en baisse, or c’est précisément ce que nous avons observé ces derniers mois

En février, la production manufacturière américaine a chuté pour le deuxième mois d’affilée et l’activité industrielle dans l’État de New York a presque connu son plus bas depuis deux ans, fournissant ainsi des preuves supplémentaires d’un ralentissement brutal de la croissance économique au premier trimestre.

Si les producteurs fabriquent et expédient moins de biens aux entreprises, et si les entreprises vendent moins de biens à leurs clients, nous devrions logiquement nous attendre à ce que moins de biens transitent par camion, rail ou avion à travers les États-Unis.

Et devinez… c’est également ce que nous montrent les statistiques. Celles-ci proviennent de Wolf Richter :

À propos du circuit économique des biens, troisième mois d’affilée, le clignotant rouge devient de plus en plus visible et de plus en plus difficile à ignorer : aux États-Unis le volume d’expédition de fret par tous les moyens de transports (route, rail, air et eau) a chuté de 2,1% en un an depuis février 2018, selon l’Index Cass du Fret dont on a pris connaissance aujourd’hui. Les trois mois consécutifs de baisse d’une année à l’autre montrent les premiers signes de déclin depuis la récession des transports en 2015 et 2016. Et maintenant vous saisissez : qui que ce soit qui prétendra que l’économie américaine est « en plein essor » manque singulièrement de précision.

Et si vous ajoutez le fait que nous venons d’assister à un des pires désastres agricoles de toute l’histoire des États-Unis, vous pouvez facilement comprendre pourquoi les perspectives pour la suite de 2019 sont plutôt sombres. Une firme agroalimentaire vient d’annoncer qu’elle connaîtra « un impact négatif sur le bénéfice d’exploitation avant impôt de 50 à 60 millions de dollars sur le premier trimestre » à cause de toutes ces inondations…

Les agriculteurs aux abois souffraient déjà du prix bas des récoltes et de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, ils viennent juste de recevoir de la part de Dame Nature une nouvelle gifle. Cette année, les cultivateurs du Centre ont connu des bouffées de froid polaire, ont été recouverts par la neige et, la semaine dernière ont été submergés par des inondations. Archer-Daniels-Midland Co., une des plus grandes entreprises agroalimentaires du monde a annoncé lundi qu’elle s’attend à ce que les accidents météorologiques aient un impact négatif sur le bénéfice d’exploitation avant impôt de 50 à 60 millions de dollars sur le premier trimestre.

Korth dit qu’il craint le pire pour les petits agriculteurs et cite le cas d’un ami qui a perdu 85 vaches dans les inondations et qu’un autre qui vend des semences, connaît déjà des annulations de commandes.

« Ça va mettre beaucoup de gens en faillite, explique Korth. Le problème est terriblement grave. »

Pour ne rien arranger, les inondations dans le centre du pays ne sont qu’un début. D’après le National Weather Service (météorologie nationale), nous risquons d’assister à de nouvelles pluies catastrophiques dans les deux prochains mois.

Vous pouvez donc constater que les ingrédients d’un « mélange parfait » sont maintenant réunis, et j’encourage chacun à se préparer à des temps difficiles.

Mais beaucoup de personnes ne se sentent pas concernées par une nouvelle crise, parce qu’elles se rappellent que les banques centrales ont pu nous sauver de l’incendie la dernière fois.

Il se peut hélas qu’elles ne soient pas en mesure de la faire cette fois-ci. Écoutez bien les paroles du directeur adjoint du FMI.

Les grandes institutions financières pourraient être impuissantes à empêcher le prochain ralentissement économique mondial de se transformer en une récession certaine, a prévenu le Fonds monétaire international.

Dans un discours sur l’avenir de l’Eurozone, le directeur adjoint du FMI, David Lipton, a mis en garde contre l’épuisement des banques centrales et des gouvernements pour combattre un autre choc économique.

« Les outils utilisés pour affronter la crise financière mondiale pourraient ne plus être disponibles ou avoir perdu de leur puissance la prochaine fois », a-t-il conclu.

Je suis certain que les banques centrales mondiales essaieront tout de même de rapiécer une fois de plus le système, et à certains moments il se pourrait même que cela fonctionne en apparence.

Toutefois, elles ne pourront pas empêcher la « bulle pour en finir avec toutes les bulles » d’éclater définitivement.

Il a fallu des décennies de décisions invraisemblablement stupides pour en arriver là, et il n’y a tout simplement aucun moyen d’éviter le jour de l’apocalypse qui arrive.

Michael Snyder

Traduit par Michel pour le Saker Francophone

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