Un parallèle sans parallèle


Le 24 février 2013 – Source Peter Turchin

 

Le conflit entre la Chambre contrôlée par les Démocrates et le président Trump est entré dans une nouvelle phase, lorsque la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a empêché Donald Trump de prononcer le discours sur l’état de l’Union devant la Chambre des Représentants. Trump a reculé et reporté son discours, mais ce n’est sûrement qu’une escarmouche dans le déroulement de cette guerre. Et il n’y a pas de fin en vue pour le shutdown du gouvernement.


Au fur et à mesure que les passions s’exacerbent de part et d’autre, je ne peux m’empêcher de penser à un autre conflit entre un chef d’État et une législature, qui a eu lieu il y a des siècles.

En 1642, le roi d’Angleterre Charles Ier entra au Parlement, accompagné de gardes armés, pour tenter d’arrêter cinq membres du commun pour haute trahison.

Cette escalade dans un conflit, qui bouillonnait depuis des années à ce moment-là, a été un déclencheur qui a mené directement à la guerre civile anglaise.

Charles a perdu la guerre, a été jugé et exécuté.

 

Ce que l’on sait moins, c’est qu’après la restauration de la monarchie en 1660, le Parlement a condamné à mort plusieurs dizaines de personnes responsables de l’exécution de Charles Ier (dont les 59 juges qui ont signé l’arrêt de mort). Un certain nombre d’entre eux a été pendu et coupé en quatre (ce qui est une façon particulièrement horrible de les exécuter). Certains de ceux qui ont fui en Europe ou en Nouvelle-Angleterre, ont été traqués et exécutés.

Y a-t-il une leçon à tirer de cette histoire ? Bien sûr, la situation est différente aujourd’hui. Trump n’a pas poursuivi l’escalade, mais a reculé. En tout cas, Trump n’est pas Charles Ier (après tout, Charles Ier était le chef des élites établies, tandis que Trump est une contre-élite, en utilisant le jargon de la théorie démographique structuraliste). Et on espère qu’aujourd’hui nous sommes plus civilisés (bien que je ne parierai pas là-dessus). S’il y a une leçon à tirer, c’est une leçon générale : l’escalade dans un conflit peut entraîner une conflagration dans laquelle il n’y a pas de gagnant.

Peter Turchin

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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