Par Alexandre Mercouris – Le 7 juillet 2015 – Source Russia Insider
Le prochain sommet des BRICS et de l’OSC à Ufa en Russie souligne l’écart qui se dessine entre l’Est et l’Ouest ; tandis que l’Ouest se querelle sur la Grèce pour une poignée de dollars, dans la ville russe de Ufa un monde nouveau est en gestation.
Cette semaine, la ville russe de Ufa sera témoin de ce qui sera, de loin, le sommet le plus important de 2015.
Ce sommet est en théorie un sommet conjoint de deux organisations différentes – l’Organisation de coopération de Shanghai et les BRICS.
Il sera également le sommet informel d’une troisième organisation – l’Union eurasienne.
La raison de ces arrangements est curieuse car certains États dont les dirigeants seront présents au sommet sont membres de l’une de ces organisations, mais pas des autres.
Par exemple, le Brésil et l’Afrique du Sud sont membres des BRICS, mais ne sont pas membres de l’Organisation de coopération de Shanghai ou de l’Union eurasienne.
L’Ouzbékistan est un membre de l’Organisation de coopération de Shanghai, mais ne fait pas partie de l’Union eurasienne ou des BRICS.
Le porte-parole russe a également clairement fait savoir qu’un autre pays qui n’est membre d’aucune de ces organisations – l’Iran – sera prochainement invité à se joindre à eux.
Un seul pays – la Russie – est membre des trois organisations qui sont réunies à Ufa. Cela fait d’elle la charnière de l’ensemble du groupe, bien que l’État le plus puissant représenté à Ufa et celui qui est occupé à forger les nouveaux liens économiques via les BRICS et les initiatives de la Route de la Soie, qui sous-tendront l’ensemble du système en gestation, est la Chine.
Ce que nous voyons à Ufa est la coalescence du nouveau centre de pouvoir qui défie l’hégémonie historique des États-Unis et les États européens.
À sa base est l’alliance (ou partenariat stratégique) de la Chine et de la Russie, qui sont maintenant occupées à établir une relation couvrant tous les aspects de leurs relations : politique, diplomatique, économique et militaire.
Se regroupant autour de ce noyau il y a les États d’Eurasie (y compris le Bélarus et l’Iran) qui sont en cours d’élaboration d’un système eurasien qui les intégrera politiquement, militairement et économiquement avec le noyau. Ceux-ci, avec le noyau russo-chinois, formeront le cœur eurasien.
Au-delà du cœur il y a un groupe d’autres États liés à ce cœur par un réseau de liens politiques, économiques et de sécurité. Parmi ceux-ci les géants sont l’Inde, le Pakistan et le Brésil.
L’organisation de la sécurité est le but de l’Organisation de coopération de Shanghai. L’organisation économique est le but des BRICS, maintenant soutenus par les nouvelles institutions financières forgées par la Chine. Le groupement politique intérieur sera l’Union eurasienne, dont la Chine – via son alliance avec la Russie – est un partenaire pas si secret. Les liens économiques et commerciaux qui lient ensemble au cœur eurasien sont l’Union eurasienne et la Route de la Soie.
Alors que l’Occident semble incapable de résoudre une crise dans la petite Grèce, à Ufa un monde nouveau émerge.
Alexandre Mercouris
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone